Serge Dal Busco sera le prochain président du Conseil d'Etat. La décision définitive dépendra bien sûr du résultat des élections le 6 mai prochain. Cependant, nous avons surpris une conversation hier sur le marché de Carouge où quatre des cinq candidats de l'Entente genevoise harponnaient gentiment les chalands de ce lieu... un brin d'herbe bobo.
Luc, qui s'est fait une gueule de sénateur à la suite de sa dernière diète (il a perdu 14 kg tout de même), Nathalie, qui ne détonait pas du côté des acheteurs, Alexandre, une allure de Harry Potter monté en graine qui avait oublié son cabas, et Serge qu'on a trouvé plus serein et souriant que d'ordinaire (c'est dire). Manquait Maudet. Comme d'hab. Celui qui n'a pas besoin de faire campagne snobe le macadam. La petite troupe était venue de Plainpalais à pied. Elle passait presqu'inaperçue; heureusement que le député Forni avait revêtu son ciré orange,
Bref, voici la nouvelle: Si les PLR retrouvent leur lustre d'antan et placent leurs trois candidats au Conseil d'Etat, ce qu'ils espèrent (et pour autant que la justice retoque les recours pour bulletins préremplis - il paraît que Longchamp s'est dit prêt à rempiler pour trois ou six mois au cas où...), ils redoutent néanmoins de devoir assumer toutes les cacades de la prochaines législature, si, en plus, il assume la présidence. Or, Maudet, l'absent, ne se voit pas second. Second président durable s'entend. Il ne peut être que premier. Et puis il a les yeux désormais braqués sur Berne. Il est perçu aussi comme trop cassant, trop solitaire, trop dominant, en un mot l'exact contraire du président Longchamp...
Rebref, le PLR donc pour atteindre son but doit expulser un sortant du collège gouvernemental. Forcément. Poggia paraît inexpugnable. Hodgers construit pas mal au grand dam des Verts, Dal Busco bénéficie du large crédit que l'on accorde au ministre des Finances (j'en sais quelque chose). Restent Barthassat et Emery-Torracinta.
Barthassat est un allié. Difficile de le dégommer directement. Emery Torracinta n'avait pas démérité mais voilà qu'elle vient de glisser deux fois sur deux peaux de banane. L'occasion est trop tentante, d'autant que les socialistes eux-mêmes ne cessent de casser du bois sur le dos de l'ex-prof devenue ministre de l'Instruction publique. Haro donc sur Anne.
Cependant l'équilibre du futur gouvernement perdrait à ne pas compter un.e socialiste. Tout se décidera donc dans les urnes. Mais, m'a-t-on donc glisser à l'oreille au marché de Carouge, si d'aventure, Luc devait faire les frais d'un désamour électoral et que trois PLR devaient être élus, la conclusion s'impose:
Serge Dal Busco deviendrait le deuxième président durable de la République et Canton de Genève.
L'homme maîtrise parfaitement les trois langues nationales. Il a même, pour cette raison notamment, réussi à chiper la vedette à Pascal Broulis de l'autre côté de la Sarine. En tant que président, il conservera un oeil sur les Finances dont il connaît maintenant les arcanes. En tant qu'ancien président des communes genevoises, Dal Busco est tout désigné pour gérer les affaires intérieures, les communes où tout reste à faire, et relancer le Grand Genève.
Sandrine Salerno devrait reprendre le département des Finances et l'Office des bâtiments de l'Etat - son compagnon est un bon PLR dont on attend qu'il la recentre. Et puis, seule une socialiste peut régler le financement de la caisse de retraite des fonctionnaires, rénover le statut de la fonction publique et démontrer que la gauche peut être aussi bonne gestionnaire que la droite. Au besoin, on se fait fort à droite de lui couper les vivres.
Pierre Maudet devrait quitter la police où il n'a pas que des amis. On lui a concocté un ministère à sa dimension. Il sera chef de l'Economie, de l'Emploi et des Robots, de la Fiscalité (qui sort du département des finances) et de l'Université, un ministère cohérent dont dépendra la prospérité de Genève et donnera au plus jeune membre du gouvernement toutes les raisons de courir le monde et l’Helvétie.
Antonio Hodgers garde l'Aménagement, le Logement et l'Energie.
Mauro Poggia conserve la Santé, dont la politique se fait à Berne, et les Affaires sociales. On y ajoute le ministère des Aînés qui ont bien le droit d'avoir un marocain pour eux.
Nathalie Fontanet prend l'Instruction publique sans l'Université, les Sports et la Culture.
Quant à Alexandre de Senarclens, il hériterait de la Sécurité et des Transports.
A suivre
Commentaires
Très intéressant pronostic. Au-delà des ambitions personnelles des candidats - qui sont rarement en phase avec les attentes de la population - la séparation de la Présidence et de la fiscalité mais avec une vision commune et utile à tous me semble intéressante.
Si vous voyez juste je vote des dix doigts SDB Président et PM responsables de la fiscalité.
Reste à voir comment gérer ceci avec Sandrine Salerno : comment le DF pourrait fonctionner sans la fiscalité ?