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Republik: est-ce Bon pour la Tête?

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IMG_3698.jpgJ'ai déjà eu l'occasion ici de dire ma perplexité après avoir lu les 50'000 mots d'un article publié par Republik, le nouveau média en ligne zurichois, qui veut, comme toutes les jeunes pousses médiatiques, réinventer le journalisme. Selon mon journal préféré, «Republik» relève le défi d’un média affranchi de la pub. Il a réussi à collecter plusieurs millions dans ce but au travers d'une souscription publique. (Bon pour la Tête n'a pas eu droit à la même couverture médiatique mais on peut se rattraper avec cette vidéo  mise en ligne en juin 2017)

"Et Bon pour la tête que faut-il en penser", m'a demandé un bon observateur de la scène médiatique? J'ai donc payé 96 francs pour contracter un abonnement d'un an. Et je me suis retrouvé Gros-Jean comme devant. 

Car, comment lire sans y passer des heures que je n'ai pas, les médias auxquels je suis abonné et que j'essaie de suivre régulièrement: La Tribune de Genève bien sûr, Le Temps, de temps en temps, Libération, le Tages Anzeiger, quelque fois, The Economist, toute les semaines (un prodigieux hebdomadaire), Sciences et Vie, Agri, l'hebdo des paysans romands, Persönlich.ch, le site d'information sur les médias et la pub et la com en Suisse. Et plein d'autres articles que je picore via Flipboard, notamment Nieman lab, ou plus récemment via Blendle.com. Et voilà que j'ai ajouté Republik et Bon pour la Tête...

Bon pour la Tête est un journal en ligne qui, comme Republik, n'offre que des articles souvent longs (ceux de BpT sont heureusement bien moins longs que ceux de Republik), sans aucun lien actif vers les sources mentionnées (c'était le cas du premier papier que j'ai lu sur Republik, quelques liens sont depuis apparus ici et là), quelques galeries photos, le tout alignés l'un sous l'autre, au gré semble-t-il, de la production des journalistes. Peu d'actualités suisses, moins encore d'actualités locales. Des choix éditoriaux dont on peine à trouver la logique ou l’existence même. Bref un gros bon blog collectif avec des articles de bonne facture qu'on pourrait trouver dans n'importe quel canard imprimé. (Un blog est un carnet de bord, souvent d'humeurs - l'humeur et le subjectif font la saveur des blogs)

Or un journal c'est d'abord une hiérarchie, un choix de sujets qu'une rédaction juge important et intéressant de traiter dans des dimensions variées et de publier ensemble à un moment précis (celui du bouclage de l'édition). Cette forme est absente de Republik comme de BpT. Et ce ne sont pas les Lettres d'information qui peuvent en tenir lieu. Republik et Bon pour la Tête fonctionnent un peu comme des agences de presse.

BpT a la prétention d'être un média indocile. Il est trop jeune sans doute pour le dire. En janvier, il a pris le parti d'aller à contre-courant sur le mode même pas peur. Ce n'est pas inintéressant, un peu inégal. Surtout, on ne comprend pas pourquoi tel sujet a été choisi plutôt que tel autre. Quel rapport entre ma peur bleue quand j'étais en reportage en 2002 à Kaboul et que j'avais pas mis ma burqa bleue et la peur que la micro-minorité des vegans inspirent aux carnassiers que nous sommes.

J'ai lu aussi avec intérêt car je n'avais pas passé la nouvelle, même pas sur Libé qui en a publier l'histoire cinq jours plus tôt, La provocante victoire d'Arthur Kermalvezen, héros de la lutte contre l’anonymat du don. L'avocat, qui avait besoin qu'on parle de sa croisade en France à la veille des Etats généraux de la bioéthique - un forum citoyen qui doit faire avancer la possibilité pour un enfant de lever l'anonymat de son géniteur-donneur (c'est le cas depuis 2001 en Suisse et depuis 1985 en Suède, précise l'auteure) - a donc raconté le 15 janvier dernier comment, grâce à un test ADN acheté illégalement aux Etats-Unis et à un peu de chance, il aurait retrouvé son géniteur à Paris et un frère à Londres.

Le récit d'Anna Lietti est bien écrit. Elle nous dit que Larry, le frère d'Arthur, est en fait une soeur, Laura, dont on voit la photo. Pour le reste, aucune preuve que cette histoire soit authentique. Tout repose sur la bonne foi de la source (l'absence ou l'unicité de la source sont les pires obstacles à la bonne information). Le géniteur devrait cependant bientôt se dévoiler.

Sur le Net, où l'on trouve plein d'articles sur le sujet, j'ai aussi dégoter dans The Conversation un article du 14 décembre 2017 de Valérie Depadt, maître de conférence en droit à l'Université Paris 13, sous le titre "Don de sperme anonyme : la Cour européenne des droits de l’homme va-t-elle bousculer la France ?" L'universitaire a mis à jour son papier le 16 janvier.

A suivre

PS du 5 février: Republik signe son premier scoop commun à une télévision allemande sur les fondeurs dopés et Bon pour la Tête chiffonne la dernière feuille blochérienne

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Commentaires

  • On pourra affirmer que "Bon pour la tête" est surtout bon pour la tête de ceux qui fabriquent ce média. Inutile et vain, il sert à gonfler les égos de journalistes en mal de publication. Le résultat est affligeant et ne mérite certainement pas le coût de l'abonnement. Je vous recommande "La Cité", qui est certainement meilleur pour la tête - et l'esprit - de ses lecteurs.

  • Le jour où nous sortirons de la logique financière de la rareté en réalisant que le monde offre l'abondance, nous découvrirons les véritables valeurs ajoutées des vies humaines qui pourront s'épanouir dans la gratuité du don et un équilibre naturel entre prendre et donner pour s'approcher de l'équité.
    Le fric nous a pourri, laissons le pourrir à son tour en accélérant la chute.

  • Mon pauvre Mabut, toi le journaliste de révérence, celui que les collègues de la Julie affublent du sobriquet de lèchebottski, tu critiques les journalistes courageux et qui on du talent. Toi l'embusqué de la rue de Rois qui attend la retraite en regardant tes copains partir pour Lausanne. Tu nas pas honte ? Vas annoner des pater et tes avé le nez dans ton bénitier pauvre cloche !

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