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Un réd en chef passe du côté de la "force obscure"

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dynamic group.jpg«Le journalisme est un métier noble, mais ce n’est pas le seul». Etrange citation, qui laisse donc entendre qu'il y a une hiérarchie dans la noblesse des métiers, comme si l'éboueur ou le plombier n'était pas aussi nécessaire à la société. Cette citation est devenue un titre dans 24 Heures, hier sur le site web, aujourd'hui dans sa version imprimée. Elle annonce que le patron de la rédaction va quitter le navire à la fin de l'année. Pour rejoindre le "côté obscur de la force". Tout un programme.

Thierry Meyer a bien raison de changer d'air. Il fait mieux que les deux mammouth du Conseil d'Etat du plus gros canton de Suisse romande, Broulis et Maillard, qui ont rempilé pour cinq ans, tous deux convaincus qu'ils sont indispensables à la liberté et à la patrie. Réélus par acclamations par un peuple vaudois fidèle, le doigt sur la couture. Les rédacteurs en chef, eux ne sont pas élus. Ils sont nommés par un propriétaire, lequel, dit-on, a été surpris de la défection surprise de sa tour lausannoise.

meyer.jpgQuelle est donc cette force obscure, où tant de journalistes ont recherché et parfois trouvé un rebond? Dans le cas de Thierry Meyer, elle s'appelle Dynamics Group, une agence de relations publiques, sise à Zurich, Berne et Genève, dont je ne connaissais pas l'existence jusqu'à ce jour.

On ne doute pas du professionnalisme des communicants et le fait même, comme me le rappelle un maître en la matière, qu'ils ont un code de déontologie. Tout comme les journalistes. Ce qui sans doute permet d'accrocher le label "noble" à ce métier.

La preuve selon, le futur ex-réd en chef de 3600 minutes himself: "Le journalisme est un métier noble, mais ce n’est pas le seul, et il n’a le monopole ni de la vérité ni de l’éthique." Et pour bien taper sur le clou. TM ajoute: "Il n’y a pas d’un côté les bons et de l’autre les méchants. Je rejoins un domaine où l’on se fait l’avocat de projets, et j’entends le faire avec toute ma conscience professionnelle."

D'où on peut déduire que le journaliste ne peut être l'avocat d'un projet et qu'il n'est pas le seul à détenir la vérité. Qu'est-ce que la vérité, serait-on tenté d'ajouter...

Or TM, comme la plupart des réd en chef et bons nombre de journalistes, sont toujours, qu'ils le veuillent ou non (moi y compris), au service d'un projet. L'éditorial est évidemment le media roi pour dire au peuple ce qu'il est bon de penser et, à l'occasion, de voter. Mais les choix quotidiens des sujets traités ou tus, de la dimension donnée aux articles, de l'angle d'attaque, sont aussi au service d'un projet.

Pour ne prendre qu'un exemple, les actions syndicales sont rarement relatées en page Economie. En raison de cette idée reçue, qu'un conflit social, comme son nom l'indique, relève de la politique, non de la gestion d'entreprise. Leur image, les entreprises se la forge bien sûr au travers de leurs produits et de leurs services, forcément exceptionnels et indispensables, ce que prouve en vérité la pub et la com pour toi et pour moi, et des nobles actions solidaires et environnementales, de la région même, très en vogue, qui lavent plus blanc et peignent les fumées en vert. Tout le reste n'est que garniture et doit rester cacher sous le voile.

Combien d'articles sont-ils publiés sur les cartels et les ententes, petits et grands, qui pullulent en Suisse (y compris dans le secteur public)? Acheter en France voisine est condamnable (pourtant les pommes de Chevrier, au pied du Vuache, sont plus locales pour les Genevois que celles de la Côte vaudoise). Acheter le dimanche sur le marché américain via les réseaux sociaux est branché. Que la Genève internationale tourne un peu à vide ne suscite guère l'intérêt des lecteurs et l'on ne va évidemment pas critiquer ce qui reste une des bonnes vaches à lait du bout du lac ni la qualité des clients qui ont les moyens de s'offrir les garde temps de nos si chers horlogers.

 

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