Voilà bientôt 50 ans que Genève n'a pas construit de cités satellites. Les Meyrin, Onex, Vernier, Le Lignon, c'était les années 50 et 60, des cités à la campagne, séparées des villages qui leur ont donné leur nom. Je parle évidemment du micro-territoire genevois, celui sur lequel nos très nombreux élus (plus de mille avec les municipaux pour un territoire plus petit que Paris) ont un peu de pouvoir. Au-delà de la frontières, nos voisins, français mais aussi vaudois, ont étendu les villages et les bourgades sans considération de la terre agricole.
De ce côté-ci, le syndrome du hérisson et de l'écureuil ont créé le concept des SDA, les surfaces d'assolement, des terres que la poignée de paysans encore en vie doit pouvoir labourer, ensemencer de blé et planter de patates, en cas de crise alimentaire.
Cet héritage du plan Wahlen (du nom de l'agronome qu fit labourer les parcs genevois, canaliser les rivières - qu'on renature à grands frais - et drainer les marais du pays - et de la plaine de l'Aire - pour nourrir la population durant la dernière guerre) fait aujourd'hui le beurre des nimby de tout poil et de toutes couleurs qui dressent la verdure et la villégiature (urbaine) contre le développement du canton.
Durant l'été, le Conseil d'Etat a refait l'inventaire des SDA. Il a annoncé avoir trouvé de quoi assurer l'urbanisation jusqu'en 2025 au mieux. Pour la suite, il entend convaincre Leuthard de desserrer son étreinte.
La pénurie de SDA n'empêche pas le gouvernement - dans un mouvement qu'on peine à comprendre autrement que comme La manifestation inquiétante de son incapacité à se réformer - de prévoir la construction d'une cité satellite à Bernex, en pleine zone agricole (site officiel du DALE et du projet villes et champs), une cité nouvelle à laquelle j'oppose une cité jardin sur le plan sud de la colline de Bernex Confignon et qui ne sacrifie que très peu de cette sacrée SDA.
Pourquoi ne pas agrandir les villages de Satigny et de La Plaine qui sont reliés au rail, en empiétant sur les vignes qui ne sont pas compris dans les surfaces d'assolement. On fait ainsi coup double en profitant en augmentant l'attractivité du RER et en préservant la SDA.
Dans la foulée, on déclasse aussi les vignes, qui sont le long de la route de Lully pour y implanter des maisons à destination des habitants des villas qui sont en ville, afin de libérer des terrains pour la construction d'un habitat urbain plus dense? On éviterait de créer des perles urbaines "hors sol" comme le sont toujours les cités satellites 50 ans après leur construction et on poursuit la construction de la ville selon un plan organique haussmannien qui nous vaut aujourd'hui les boulevards Fazy, Favon, les rue Chantepoulet, du Mont-Blanc.
Est-ce de la nostalgie que de bâtir la ville en rues contiguës, peuplées de commerçants et d'activités du rez au 1er, agrémentées de parcs et de jeux?
Dans la perspective de la traversée du lac, entre Arve et lac, il y a aussi des vignes qu'on peut déclasser pour y bâtir de nouveaux villages dans le même projet de relocalisation potentielle des habitants des villas sises proches du centre-ville.