La pub Migros, Coop, Denner et autres Lidl et Aldi est incontournable sur notre RTS (243 millions de publicité par an, un petit quart de son budget) et dans la presse.
Tous ces grands détaillants nous convainquent à longueur de spots qu'ils sont les défenseurs de l'agriculture de proximité, de la région. Grâce à eux, les poules ont le sourire aux lèvres (une formule qui dans la bouche de ma grand-mère voulait signifier une utopie), les carottes poussent avec amour et sont transportées à bicyclette, les bœufs broutent dans les prairies fleuries et ne trépassent jamais. Bref, grâce à MiCoDi, les consommateurs font coup double: ils mangent sain et les paysans vivent bien.
L'envers du décor, on le découvre au détour d'un article publié dans le dernier Agri, l'hebdomadaire des paysans romands.
La Migros a financé, de conserve avec Nestlé, EconomieSuisse et la Communauté d'intérêt pour le secteur agroalimentaire (CISA), une étude de la Haute école des sciences agronomiques, forestière et alimentaire de Zollikofen, qui démontre que si la Suisse adhérait au TTIP, l'accord de partenariat, en négociation, entre l'Europe et les Etats-Unis, l'agriculture suisse n'en mourrait pas (en langage technocratique, les conséquences ne seraient pas existentielles pour l'agriculture suisse).
Bref, la Migros diffuse des spots mensongers genre "Martine à la ferme" (toute pub est mensongère par omission) et, par derrière, elle milite pour l'ouverture des marchės qui tuera bon nombre de paysans.
Notez que, perso, je suis plutôt pour l'ouverture des marchés, je trouve seulement que Migros et consorts devraient jouer franc jeu.
Selon Migros, la protection de l'agriculture coûte 1000 francs d'impôt et 700 francs de renchérissement des aliments à charge des consommateurs, dus aux restrictions douanières et normatives.
L'adhésion réduirait la facture des consommateurs de 2,2 milliards ( une petite marge pour affronter les primes maladie) et coûterait 600 millions aux paysans et un peu plus en taxes douanières à la Confederation. Bref, la Suisse y gagnerait exactement 823 millions par an.
Commentaires
Que vous soyez pour l'ouverture des marchés et la réduction de la facture des consommateurs soit. Mais que évoquiez incidemment les conséquences du TTIP sur l'agriculture suisse avec une telle désinvolture est préoccupant.
Et je ne parle pas des autres aspects de ces accords transatlantiques qui prévoient la primauté du droit privé international sur les instances nationales et qui promet la fin de la séparation des pouvoirs.
A quand un billet qui creuse le sujet ?