Einstein a formulé la théorie de la relativité générale en 1915, un petit siècle seulement. Formidable découverte qui nous a permis de comprendre un peu mieux comme marche l'univers. Quant au monde et à ses habitants, ils restent un mystère.
Voyez les deux événements qui défrayent la chroniques locales genevoises ces jours: des vandales salissent la ville et pillent quelques commerces, sans mettre en péril la vie des citoyens, des supporters de hockey caillassent un bus du GE/Servette et risquent d'en blesser plusieurs sérieusement.
Tous les journaux ont largement évoqués le premier événement. Les réseaux sociaux ont bourdonné de la stupeur des uns et des explications empruntées des autres. Douze heures après le caillassage du bus de Ge/Servette, seule la Tribune en parle sur son site internet (et 24 heures qui a copié l'article et dont c'est l'article le plus lu). Pourquoi? Parce qu'un journaliste était dans le bus. Les autres médias sont allés se coucher.
Quel est l'incident le plus grave? Celui provoqué par les vandales de Genève, immergés dans la manif lancée de renversé.ch, ou celui perpétré par les vandales vaudois, dont on ignore aussi l'identité?
Dans le premier cas, les milieux artistiques se sont rapidement distanciés des casseurs. Ils ont même eux l'outrecuidance de dénoncer la non intervention de la police qui aurait dû, tel les patrouilles de Minority Report, anticiper la casse et neutraliser les casseurs avant qu'ils ne passent à l'action. Chacun en rajoute. Le ministre de la Culture qui dénonce l'agressivité de la majorité de droite, l'extrême de cette majorité qui veut créer une commission d'enquête.
Dans le deuxième cas, les milieux sportifs déclarent: «Ce sont des actes intolérables mais qui n’ont, à notre sens rien à voir avec le sport, déclare Christophe Stucki, directeur général de Ge/Servette à la Tribune de Genève. Évidemment.
Chacun sait pourtant que la culture alternative genevoise ne porte dans son cœur ni les commerçants, étranges travailleurs dont l'ouvrage dure souvent bien plus de 42 heures par semaine, ni le Grand Théâtre, symbole d'une culture bourgeoise, qu'ils font œuvre (d'art) de détester. De même, le hooliganisme n'est évidemment pas un comportement sportif. Pourtant, combien d'arbitres, combien même de joueurs sont pris à partie dans les lignes inférieures où les journalistes sont généralement absents?
Certains ne manqueront pas d'aller chercher les racines de ces violences urbaines ou sportives dans l'inégalité intrinsèque de nos société, dans la violence du système dominant (capitaliste), qui privilégie quelques puissants et rejettent les faibles. Pour bon nombre de gens, le sport est justement une représentation symbolique de la guerre et de la compétition. Pas étonnant donc que quelques écervelés s'expriment avec des pavés, faute d'arguments en bouche.
C'est là qu'on revient à Einstein. Les jugements que chacun porte exprime son échelle de valeurs. Le monde comme l'univers n'est pas isomorphe, l'espace social comme l'espace tout court est modifié par des trous noirs. On ne les voit pas, mais ils infléchissent nos modes de pensée comme ils dévient le cours de la lumière.
PS: Que dire de la réaction des habitants du village de Lully à l'ouverture de la PC pour les réfugiés? Leurs réactions est celles sans doute de la grande majorité des Occidentaux qui se scandalisent des murs dressés sur leur route, mais ont grand peine à transformer leur élan de générosité quand ils arrivent chez nous.