Nécessité fait loi. La maxime semble s'appliquer aux travaux du dernier prix Nobel de médecine. La doctoresse chinoise Youyou Tu, 85 ans, a reçu le Nobel de médecine pour avoir extrait de la tchehrnobyl l'arteminisine, un tueur de malaria, qui, lis-je, dans The Economist qui consacre sa une au moustique, a réduit par deux le nombre des victimes tombés sous le coup de la multiplication d'un unicellulaire (Plasmodium) dans leur sang.
En français le mot russe tchehrnobyl signifie armoise, si! Une plante commune, qui doit son nom à la déesse Artemis car une des nombreuses vertus de ce végétal, parent de l'absinthe, est de calmer les douleurs des menstruations tardives.
Et que vient faire la guerre du Vietnam dans cette affaire? Retour à la malaria et à la nécessité qui fait loi.
Durant la guerre du Vietnam, les communistes du nord avaient creusé de nombreux tunnels pour échapper aux bombardements américains et pour se déplacer à couvert alors que les défoliants, qu'en Europe on utilisait comme désherbant, privaient la jungle de sa couverture verte, mettant à nu les déplacements des troupes. Ces trous souvent inondés faisaient le bonheur des moustiques et le malheur du Vietgong. The Economist écrit que la malaria a fait alors plus de morts que les bombes.
Désemparé par cet ennemi intérieur involontairement allié de l'impérialisme, le Vietnam alla toquer à la porte de la Chine. C'est là, raconte le magazine, que Youyou Tu, déjà spécialisée dans la modernisation de la médecine chinoise, entre en scène. La scientifique retourna ses vieux grimoires plein de poussière à la recherche d'un remède idoine. Dans l'un d'eux, édité un bon siècle avant notre ère, elle découvrit la recette d'une décoction d'armoise dans de l'eau froide. Recette qui s'avéra toujours en vigueur dans une région du sud de la Chine.
Je vous passe les détails de l'extraction du principe actif qui ralentit le développement mais ne tue pas forcément Plasmodium et la mise sur le marché pres de deux bonne décennies plus tard d'un des meilleurs médicaments antipaludéens, que l'OMS recommande d'utiliser conjointement avec d'autres remèdes de peur que l'unicellulaire tueur ne développe quelques variétés résistantes, ce qui est déjà le cas au Cambodge.
Malgré la malaria, le Vietgong avait tout de même réussi à chasser ignominieusement les Américains de Saigon et quelques millions de boats peuple avec eux. Mais, sans la guerre du Vietnam, Youyou Tu aurait-elle farfouiller dans ses vieux livres pour en extraire le premier médicament international issu de la médecine chinoise?
Cette question m'interpelle.
http://www.economist.com/news/leaders/21672213-viral-and-parasitic-diseases-are-not-only-worth-killing-they-are-also-increasingly