400 millions pour le canton, 120 pour la commune d'Anières sont tombés du ciel au détour d'une "transaction patrimoniale couverte par le secret fiscal". La nouvelle, connue d'un petit cercle d'initiés depuis quelque temps, est devenue publique tard vendredi soir. Elle éclaire soudain les déclarations récentes des initiés qui considèrent que le bénéfice 2014 qui ne sera annoncé officiellement qu'à la fin mars - pourquoi un délai si long? - devrait être consacré à rembourser la dette du canton et non à servir les multiples quémandeurs que cette soudaine manne ne va pas manquer de réveiller.
Remettons cet héritage ou cette donation d'un vieil oncle célibataire ou cette régularisation d'un banquer devenu anonyme (?) dans son contexte et en perspective.
400 millions, ça n'est jamais que la moitié du renflouement urgent de la caisse de retraite des fonctionnaires genevois que David Hiler a inscrit aux comptes d'Etat en 2013. Ça ne représente que cinq ans du solde du renflouement de cette même caisse de pension, qui compte encore a l'Etat quelque 170 millions de francs chaque année jusqu'en 2052... Une histoire qu'on ne lit pas sur le site de la CPEG. Amnésie, amnésie...
400 millions, c'est un peu plus de la moitié des investissements annuels du canton, un quart du prix du CEVA. C'est encore un petit cinquième du coût des casseroles de la banque cantonale (joliment appelé stratégie résurrectionnelle d'une banque), au remboursement partiel duquel son patron, M. Goetschin, ne veut pas contribuer à plus que les 3,6 millions convenus par année... Il faudra à ce rythme 611 millions d'années pour éteindre les dettes des folles années 80...
Pour Anières, 120 millions, c'est évidemment gigantesque puisque cette somme équivaut à 12 fois son budget annuel. Or la commune de la côte dorée genevoise - elle est une qui dépense le plus par habitant - est non seulement sans dette mais, faute d'avoir baissé les impôts, elle a accumulé une réserve égale à trois fois sa dépense annuelle. Même la donation du duc de Brunschwig à la Ville de Genève à la fin du XIXe siècle n"était pas aussi considérable. Qu'Anières touche le pactole est juste un scandale et la démonstration la marque d'un manque d'anticipation politique - mais le silence de Dal Busco ne permet pas de conclure définitivement.
Car l'autre question brûlante de cette affaire tient à son timing. Depuis quand le Conseil d'Etat savait? Une telle affaire ne se conclut pas en un jour. Le fait que le pactole soit inscrit aux comptes 2014 suggère que l'opération s'est conclue au cours de l'année dernière. Avant ou après le débat budgétaire qui a tenu en haleine la classe politique tout l'automne et nous vaudra cette année de voter sur quelques coupes dans les dépenses sociales?
Quand le Conseil d'Etat s'est trouvé en l'an 2000 devant l'obligation de renflouer la banque cantonale, le duo Grobet Calmy-Rey a concocté une législation, très favorable à la banque, frappée d'une clause d'urgence qui a empêché sa contestation par voie référendaire. Dans le cas d'espèce, il n'y a pas d'urgence. Mais sans doute le temps de modifier la législation pour empêcher qu'une commune bénéficie seule d'un pactole supérieur à la moitié de son budget annuel, dont elle n'a pas à l'évidence besoin, qui va bouleverser la péréquation financière des communes pendant plusieurs années et qu'elle touche sans avoir levé le petit doigt.
Commentaires
Et après ça on fait appel au sens civique des jeunes !
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