Un peu plus de 700 millions en l'an 2000, plus d'un milliard de francs en 2015, 1'139,3 millions exactement, telle est la croissance des charges de la Ville de Genève en 15 ans. Faut-il s'en réjouir, s'en alarmer? Comment savoir? C'est la tâche ardue des élus. Vu que le budget émane d'une Municipalité de gauche, la gauche se réjouit et la droite se lamente. On n'a pas beaucoup avancé.
La gauche la joue consensuelle cette année. Elle ne veut pas donner d'arguments à ses adversaires car elle sait qu'elle pourrait bien perdre des plumes aux prochaines élections du printemps prochain, surtout les Verts déjà étrillés aux dernières élections cantonales et dont la gentille et souriante conseillère administrative peine à faire entendre sa différence.
La gauche accorde donc aux PDC Barazzone, plus vert que vert si l'on en juge par la jungle que ses services ont fait pousser au centre ville, aidé il est vrai par un été pluvieux, les policiers qu'elle avait compté au PLR Maudet devenu comme on sait ministre de la Sécurité cantonale et dont le nouveau joujou, la future prison des Dardelles, est contesté par... une étrange coalition Vert-PDC. Pour le reste saupoudrage, saupoudrage, telle est la recette d'un budget bien raisonné, jusqu'à et y compris ce mythique et merveilleux équilibre qui ravit les comptables et contente les juristes. Le tout sans changement apparent de la fiscalité. Que demandez de plus? Salerno est sûr de sa réélection.
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Presse, la fonte
Impressionnant ce reportage d'Esquire montrant la fonte du prestigieux The Philadelphia Inquirer, un des grands journaux américains, frappé comme tant d'autres par la crise des médias où les États-Unis jouent les précurseurs. Il est l'œuvre du fils d'un journaliste licencié. 5 ans durant Will Steacy a photographié les hommes, les locaux, les symboles, les signes d'une profession, trop diverse, trop multiple pour la contenir dans un seul terme.
Deadline, Bouclage, est publié sur Kickstarter un de ces nombreux sites de financements des œuvres, un des avenirs de la presse? Steacy réclamait 15'000 dollars, il en a récolté plus de 26'000.
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Avant, après 14, le monde
Quand je me contemple je me contente, quand je me compare je m'effraie. Cette version de la maxime de Talleyrand, qu'écrivait à ses parents un mercenaires suisses, n'a pas perdu de son actualité. Durant ce long été 14, qui n'en finit pas d'être arrosé et frais, la vieille Europe a pu revisiter son histoire moderne - la grande guerre de 14 - et mesurer combien l'Etat islamique - qu'on appellerait le diable, si on y croyait - n'est pas exceptionnel dans l'ordre de la mort et de l'horreur. D'autres conflits - la Deuxième guerre mondiale, le Vietnam et d'autres encore - ont multiplié les victimes, que les conflits du tiers-monde (un concept en vogue dans la deuxième moitié du siècle dernier) ou les bombes terroriste contemporaines n'ont pas dépassé en intensité et en destruction.
Cependant le monde change. Et l'Occident, champion des champs de bataille, des villes bombardées et des victimes par dizaines de millions, est devenu porteur des droits de l'homme et des échanges mondialisés. Aujourd'hui, les conflits sont locaux, de basse intensité, les victimes se comptent en milliers. Les opérations de maintien de la paix mobilisent plus de troupes que les conflits ouverts.
Un rien peut mettre le feu aux poudres, entend-on ici et là. Vraiment? Croit-on sérieusement que l'OTAN déclarerait la guerre à la Russie si le conflit ukrainien devait s'envenimer? Nous ne sommes sans doute pas à jamais à l'abri des folies qui ont entraîné le monde dans la guerre en 14 et inauguré un siècle barbare, cependant les antagonismes s'affrontent et s'apaisent désormais par d'autres moyens.