Avant, après 14, le monde (25/08/2014)

Quand je me contemple je me contente, quand je me compare je m'effraie. Cette version de la maxime de Talleyrand, qu'écrivait à ses parents un mercenaires suisses, n'a pas perdu de son actualité. Durant ce long été 14, qui n'en finit pas d'être arrosé et frais, la vieille Europe a pu revisiter son histoire moderne - la grande guerre de 14 - et mesurer combien l'Etat islamique - qu'on appellerait le diable, si on y croyait - n'est pas exceptionnel dans l'ordre de la mort et de l'horreur. D'autres conflits - la Deuxième guerre mondiale, le Vietnam et d'autres encore - ont multiplié les victimes, que les conflits du tiers-monde (un concept en vogue dans la deuxième moitié du siècle dernier) ou les bombes terroriste contemporaines n'ont pas dépassé en intensité et en destruction.

Cependant le monde change. Et l'Occident, champion des champs de bataille, des villes bombardées et des victimes par dizaines de millions, est devenu porteur des droits de l'homme et des échanges mondialisés. Aujourd'hui, les conflits sont locaux, de basse intensité, les victimes se comptent en milliers. Les opérations de maintien de la paix mobilisent plus de troupes que les conflits ouverts.

Un rien peut mettre le feu aux poudres, entend-on ici et là. Vraiment? Croit-on sérieusement que l'OTAN déclarerait la guerre à la Russie si le conflit ukrainien devait s'envenimer? Nous ne sommes sans doute pas à jamais à l'abri des folies qui ont entraîné le monde dans la guerre en 14 et inauguré un siècle barbare, cependant les antagonismes s'affrontent et s'apaisent désormais par d'autres moyens.

La technologie, le commerce forgent des entreprises plus puissantes que les États. L'esprit citoyen enfermé dans les nations du XIXe et du XXe siècle est battu en brèche par le contrat nécessaire qui attache le travailleur à son entreprise, elle-même confrontée à la concurrence internationale, et par la consommation qui brise les frontières nationales. Dans cette logique, le local n'est que le cache sexe du global.

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