Qu'est-ce que le courage en politique? Rendre l'impossible possible en luttant par exemple pour des retraites égales pour tous ou déclarer qu'il va falloir travailler plus longtemps pour des pensions à la baisse? Les deux sans doute selon le bord politique auquel on appartient.
Ainsi l'extrême gauche travaille-t-elle toujours au lancement d'une initiative pour des retraites populaires tandis que le président du Parti libéral radical suisse, boudé par les électeurs, annonce au début de ces vacances d'été qu'il faudrait baisser le salaire des vieux travailleurs. Une idée qui vaut bien celle de Couchepin quand l'ancien conseiller fédéral lançait la retraite à 67 ans.
Les patrons applaudissent et la gauche s'insurge. Chacun est dans son rôle. Qui va l'emporter? Force est de constater que la gauche peine à résoudre l'équation du financement des retraites. Chaque retraité en connaît parfaitement les termes. Il lui suffit de multiplier sa rente mensuelle par le nombre de mois depuis sa cessation d'activité et le temps de vie que l'espérance de vie lui promet pour calculer le capital qu'il va consommer et qu'il est donc censé avoir accumuler via ses cotisations et celles de l'entreprise.
Sauf à augmenter ce capital par des versements tiers, taxe sur les plus riches ou hausse de la TVA, l'évidente vérité surgit. Il faut accumuler un sacré capital pour bien vivre ses vieux jours. Fourmi ou cigale, chacun réagit différemment sa vie durant, laquelle ne se prive pas de traiter les gens inégalement... Constatons que nous sommes volontiers plus cigale que fourmi. Même si le régime minimal légal que les Suisse se sont donnés en la matière est le même pour tous et plutôt du genre fourmi ou écureuil.
Le fait est que pour payer les rentes, il faut débiter le capital accumulé en tranches régulières, c'est le travail des caisses de pension. Théoriquement, il faudra donc vendre tous les biens, bâtiments et titres achetés via les caisses grâce aux cotisations, pour payer toutes les retraites dues jusqu'à la disparition du derniers rentiers. Qui les achètera au prix où ils sont inscrits dans les livres? Les jeunes cotisants au 2ème pilier bien sûr. Ouf le système est sauf. Avec 40 ans de décalage, le 2ème pilier fonctionne comme l'AVS. La vertu du système de retraite suisse est de forcer les jeunes à être des fourmis pour permettre à ceux que la nature permet de vieillir de jouer les cigales, modestes souvent les cigales, mais cigales tout de même.
Le patron du PLR propose de baisser le salaire des jeunes vieux - les quinquagénaires, parce qu'ils coûtent trop cher aux entreprises en cotisations retraite et ne sont plus autant performants que naguère, dépassés par des jeunes plus lestes et sans doute plus corvéables. Le débat n'est pas tout à fait nouveau, mais il prend désormais une tournure politique.