Trois ouvrages sortent sur Genève. Le premier nostalgique d'une Genève qui craint de croître trop vite, le deuxième ambitieux pour une Genève régionale, une capitale de la haute vallée du Rhône, comme Lyon l'est de la moyenne vallée de ce fleuve et Marseille de son delta. Le troisième analytique est une oeuvre collectvie qui s'interroge sur l'avenir de ce qui fait la richesse aujourd'hui.
Le premier émane de Charles Beer, l'ancien syndicaliste devenu ministre de l'Education nationale genevois - au sens de la République de Fazy et de son think tank, l'Institut national genevois et le penchant de cette République, à peine plus grande que le Vatican, de se sentir et de se dire unique au monde. Un ministre de l'Education sortant, qui n'aura pas eu l'audace d'un Obama. En trois ans, le président aura lancé plusieurs réformes de la gouvernance de l'école de son pays, dont les écoles autonomes, financées par l'Etat, et une portion variable du salaire des profs liée aux résultats des élèves (The Economist en tire un bilan saisissant cette semaine)...
Le deuxième est signé par Guy Mettan, l'ancien rédacteur en chef de la Tribune, directeur du Club suisse de la presse, et qu'un PDC trop rural, trop communal, encore mal à l'aise avec la petite Genève protestante, vient bêtement d'évincer de la course au Conseil d'Etat. Le Valaisan Mettan, dont le carnet d'adresses est aussi long dans mondial Genève que dans le Grand Genève est pourtant la quintescence de ces nouveaux habitants, dont les racines sont ailleurs et les intérêts mondialisés, digne représentant d'une cité dont l'une des principales caractéristiques est que la majorité de ses habitants pousse hors sol, propriétaires ailleurs, locataires à Genève.
Le troisième ouvrage, en fait le premier d'une collection de cinq ou six, est préfacé et financé par Ivan Pictet, le banquier genevois. Un humaniste, un mécène qui souffre sans doute, en silence, à la vue de cette plus petite des grandes villes du monde dont les élus se chamaillent sans perspective et sans fin pour un budget énorme, suintant le clientélisme de tout côté, qui se recroqueville dans ses frontières sans même attendre un Fazy capabe de présider à l'éclosion d'une région de dimension européenne, qui s'effraye de sa croissance dont elle tire pourtant les salaires de ses habitants, leurs rentes et leur confort. Le banquier et les insitutions universitaires qu'il a réuni autour de son projet s'intéressent à l'un des moteurs de cette richesse que les autres capitales nous envient et voudraient bien nous chiper: le cluster quasi unique au monde des organisations internationales gouvernementales et non gouvernementales et ce qui gravite autour.
Commentaires
S'il est vrai que le CE actuel et les candidats pour le suivant sont frileux à évoquer le Grand Genève c'est pour des raisons évidentes.
Même si la Suisse est plutôt épargnée par la crise économique, Genève ne voit pas son taux de chômage baisser et la libre circulation des personnes a provoqué un afflux conséquent de travailleurs frontaliers qui viennent de bien plus loin que la zone franche.
Les partis populistes surfent donc sur la vague de la priorité nationale et il faudrait être particulièrement inconscient ou suicidaire de se profiler contre cette tendance momentanée.
Par ailleurs, les brimades, les inégalités de traitements et les préjugés culturels bien ancrés ne favorisent pas le rapprochement.
Et enfin, en ce qui concerne nos voisins, les décisions se prennent à Paris qui a d'autres chats à fouetter que s'occuper des particularismes de ses régions frontalières.
Ceux qui promeuvent le développement de la métropole lémanique sont donc des visionnaires, forcément en décalage avec la perception de la population.
Le processus sera long pour raboter nos divergences mais à la vitesse ou se développe la démographie mondiale, il ne fait pas l'ombre d'un doute que les centres urbains deviendront de plus en plus importants.
Puissent les visionnaires anticiper et promouvoir un urbanisme qui favorise la proximité et limite les déplacements inutiles en créant des éco-quartiers semi-autonomes au sein desquels se retrouveraient l'ensemble des activités humaines professionnelles ou récréatives.
période pré-électorale ne les concernant plus vraiment
alors ces messieurs nous pondent un bouquin
en guise de vote sur leur gégé alias Grand Genève
dure sortie de route
Pour faire court, bien que ces trois thèmes nécessitent des développements de fond, il faut reconnaître à ces trois personnalités des caractéristiques propres qui peuvent de prime abord leur faire perdre l'objectivité indispensable à l'exercice.
Sans connaître chacun de ses ouvrages, il faut d'abord saluer les auteurs d'aller au contact de chacun de nous.
Si le premier n'a jamais su quitter son habit de syndicaliste et le second est trop étheré pour se voir confier le destin de la Cité malgré son agenda odamesque, le troisième est lui un vrai mécène. Un de ceux qui ont fait de Genève ce qu'elle est.
De la préoccupation du troisième dépend largement l'avenir de Genève en général et de son rayonnement en particulier.Chez lui, rien n'est hasard ou supposition, tout est faits, réalités et humanisme. Il en ressort forcément une préoccupation fondée sur l'avenir de Genève comme centre mondial de la paix. Il ne suffit pas d'être président de la bannière blanche à croix rouge pour pouvoir prétendre être un descendant de Dunant, encore faut-il en avoir le charisme, la volonté et les moyens d'action.
Merci à ces trois personnalités de confronter leurs idées à l'opinion publique sur le thème difficile du développement de Genève déchirée, depuis César, entre son positionnement au carrefour de l'Europe et sa vocation mondiale depuis les années 20 et un certain président Wilson. Deux personnages historiques qui, parmi tant d'autres, prouvent que Genève n'est pas toujours le maître de son destin hors normes.
Même si j'en retiens que la moitié, ça sera déjà de quoi faire un grand pas en avant pour un débutant comme moi!
C'est la première fois que j'ai passé sur votre article mais je dois vous avouer que c'est vraiment top quoi! merci beaucoup
Pourquoi rester seulement en écriture sur le blog alors que vous pourriez écrire des livres sur le sujet ? Pensez-y. Vous êtes très bon dans ce que vous faites.
Merci pour cet article. Pour être tout à fait honnête, je ne l'ai pas véritablement lu toutefois je me permet d'de laisser cette explication pour avoir un rétrolien pour mon siteWeb. A très bientôt