Petit, grand, mondial Genève: Beer, Mettan, Pictet (20/03/2013)

Trois ouvrages sortent sur Genève. Le premier nostalgique d'une Genève qui craint de croître trop vite, le deuxième ambitieux pour une Genève régionale, une capitale de la haute vallée du Rhône, comme Lyon l'est de la moyenne vallée de ce fleuve et Marseille de son delta. Le troisième analytique est une oeuvre collectvie qui s'interroge sur l'avenir de ce qui fait la richesse aujourd'hui.

Le premier émane de Charles Beer, l'ancien syndicaliste devenu ministre de l'Education nationale genevois - au sens de la République de Fazy et de son think tank, l'Institut national genevois et le penchant de cette République, à peine plus grande que le Vatican, de se sentir et de se dire unique au monde. Un ministre de l'Education sortant, qui n'aura pas eu l'audace d'un Obama. En trois ans, le président aura lancé plusieurs réformes de la gouvernance de l'école de son pays, dont les écoles autonomes, financées par l'Etat, et une portion variable du salaire des profs liée aux résultats des élèves (The Economist en tire un bilan saisissant cette semaine)...

Le deuxième est signé par Guy Mettan, l'ancien rédacteur en chef de la Tribune, directeur du Club suisse de la presse, et qu'un PDC trop rural, trop communal, encore mal à l'aise avec la petite Genève protestante, vient bêtement d'évincer de la course au Conseil d'Etat. Le Valaisan Mettan, dont le carnet d'adresses est aussi long dans mondial Genève que dans le Grand Genève est pourtant la quintescence de ces nouveaux habitants, dont les racines sont ailleurs et les intérêts mondialisés, digne représentant d'une cité dont l'une des principales caractéristiques est que la majorité de ses habitants pousse hors sol, propriétaires ailleurs, locataires à Genève.

Le troisième ouvrage, en fait le premier d'une collection de cinq ou six, est préfacé et financé par Ivan Pictet, le banquier genevois. Un humaniste, un mécène qui souffre sans doute, en silence, à la vue de cette plus petite des grandes villes du monde dont les élus se chamaillent sans perspective et sans fin pour un budget énorme, suintant le clientélisme de tout côté, qui se recroqueville dans ses frontières sans même attendre un Fazy capabe de présider à l'éclosion d'une région de dimension européenne, qui s'effraye de sa croissance dont elle tire pourtant les salaires de ses habitants, leurs rentes et leur confort. Le banquier et les insitutions universitaires qu'il a réuni autour de son projet s'intéressent à l'un des moteurs de cette richesse que les autres capitales nous envient et voudraient bien nous chiper: le cluster quasi unique au monde des organisations internationales gouvernementales et non gouvernementales et ce qui gravite autour.

08:21 | Lien permanent | Commentaires (7)