278 millions, c'est l'écart calculé par David Hiler entre les quelque 8 milliards de dépenses et de recettes du canton de Geneve pour 2013, un écart de 3,4%. Pourquoi pas 178 millions de déficit ou 378 ou 0? L'annonce par un ministre des Finances d'une prévision de déficit relève plus de la com que de la gestion. Premièrement un grand argentier pèche toujours par pessimisme. David Hiler n'échappe pas à ce travers. Ses six derniers exercices ont tous bouclés sur des résultats meilleurs et parfois bien meilleurs que prévus. Et le septième, cette année 2012, risque de ne pas échapper à la règle si l'on met de côté le renflouement exceptionnel de la caisse de retraite des fonctionnaires qui va engloutir presque la totalité de la réserve conjoncturelle accumulée durant les années grasses. (Notez que l'Etat ne fait que rattraper des cotisations non payées car les fonctionnaires assurés de toucher une retraite calculée sur le dernier salaire ne prenaient pas de risque en laissant filer le taux de couverture à 50%.) Deuxièmement...
Deuxièmement, il vaut mieux annoncer un déficit qu'un bénéfice. Le déficit - qu'à droite on nomme excédent de dépenses et à gauche insuffisance de recettes - met le chef des Finances dans une situation confortable. À la droite, il explique qu'il faut accepter un petit dérapage en période de ralentissement conjoncturel, qu'à trop vouloir réduire le train de l'Etat, c'est toute l'économie qu'on met en péril car un fonctionnaire ça consomme et que les investissements, c'est du travail pour les entreprises. Discours tout aussi rodé à l'adresse des fonctionnaires et des subventionnés. Troisièmement, voilà dix ans que l'Etat n'a pas eu sérieusement à se serrer la ceinture. N'importe quel auditeur d'entreprises sait qu'en serrant un peu les boulons, on dégage 5 à 10% d'économies. C'est un peu plus compliqué au niveau du ménage publique, car il faut parfois réviser des règlements ou modifier des lois. Or les députés ne sont pas très efficaces dans cet exercice. Parmi les mesures un peu brutales et parfois injustes, mais la contrainte est souvent mère de solutions rationnelles, le fait de décaler de quelques mois l'embauche des employés quittant naturellement l'entreprise donne un volant de 2 ou 3%: c'est à peu près le montant du déficit 2013 du canton de Genève. Conclusion, il n'y a pas le feu au lac. À suivre