J'ai reçu hier mon décompte Cumulus. Dans l'enveloppe, il y avait deux petites ristournes et plein de promotions colorées, m'incitant à profiter des actions du plus gros détaillants de Suisse. Il y avait aussi cette promotion (cliquez sur l'image pour l'agrandir). Une carte de crédit gratuite. En sus 3000 points cumulus. Décidément notre coopérative est généreuse.
Mais je me demande: avec sa carte de crédit à 0 franc et à bonus, Migros ne nous prépare-t-elle pas une bonne crise à la Grec?
Migros nous incite à nous endetter, comme le font toutes les banques, dont le métier est de générer des paiements, de capter les revenus des quidams que nous sommes, de nous mettre un fil à la patte, qui parfois se transforme en un véritable boulet. La dette. Après les crédits hypothécaires, la faillite des Etats pompiers des banques, la troisième crise pourrait bien être celle des détenteurs de cartes de crédit.
Le métier de banquier est aussi de placer l'argent au mieux de leurs intérêts mais aussi au mieux de notre intérêt. Car nous ne sommes pas que des consommateurs dont les yeux sont plus grand que le ventre et qui adorons les cartes de crédit, nous sommes aussi des épargnants plus ou moins contraints.
L'argent que prête les banques est aussi en partie l'argent de nos futures pensions de retraite. Chaque mois des milliards tombent dans les caisses des gérants de fortune distraits de nos salaires. Où va cet argent? Et bien, dans la pierre jugée le placement le plus sûr, mais aussi dans la dette publique ( mexicaine, argentine, japonaise, américaine, portugaise, espagnole, française, genevoise etc. biffez ce qui ne convient pas).
Comme épargnants et futurs retraités, nous n'avons pas trop envie de voir nos économies partir en fumée. Et nous exigeons de nos gérants et des banquiers des rendements qui nous protègent au moins de l'inflation voire améliorerons l'ordinaire de nos retraites. La perspective que la Grèce ne puisse jamais rembourser l'argent que nous lui avons prêté par nos caisses de pension interposées inquiète nos gérants à qui nous allons demander des comptes. Nous sommes donc là aussi comme épargnants cause de la misère des Grecs, avant d'en être peut-être les victimes.
La Grèce pourrait sortir de l'euro, entend-on dire. Le remède ne changerait pas grand chose pour les Grecs. Le retour de la drachme et sa forte dévaluation entraînerait la ruine des rentiers grecs et la nôtre peut-être si les dettes qu'Athène et les Grecs ont contractées sur le marché international en euros étaient elles aussi exprimées en drachmes. Ce qui est peu probable. On voit mal les rentiers suisses et les autres créanciers accepter que leurs capitaux et rentes futures leur soient payées en monnaie dévaluée.
Et pourtant c'est bien ce qui pourrait sauver la Grèce. Certes le pays et les Grecs ont fauté en s'endettant plus que de raison, mais leur chute brutale ne sera pas conséquence pour nous quel que soit le cas de figure. L'économie est une horlogerie dont tous les rouages sont solidaires. Bloquer une petite roue dans un coin et c'est tout le système qui cogne.
Personne ne sait, ne peut même réguler parfaitement cette mécanique. Laquelle va sans doute trop vite alors que nos gendarmes de la bourse et de la finance ne sont que des îlotiers sans pouvoir.
Ne rions pas des Grecs, la Migros et tous les prêteurs d'argent facile nous aident à devenir comme eux.
PS: Genève a récemment reçu une bonne note des évaluateurs de la finance internationale, les standard's & Poor et autres Moody's, ce dont l'ex-maoiste Hiler s'est félicité, lui qui accueille la fine fleur des spéculateurs dans sa bonne ville de Genève. La bonne note reflète notamment la gestion de la dette et son coût, c'est-à-dire le taux d'intérêt moyen payé par Genève. Il est très bas, car le marché déborde d'argent, mais aussi parce que l'Etat emprunte à court terme. Le court-termisme, le jour le jour, voilà peut-être le mal dont nous souffrons tous.