Trente-huit mille téléspectateurs ont regardé lundi soir le débat que la TSR a consacré aux élections genevoises. Ce chiffre d'audience est fourni par les services de la Tour télé, qui se refait une beauté au bord de l'Arve. Combien ont-il été, hier soir, à regarder La Bohème en banlieue interprétée superbement dans une barre HLM de la banlieue ouest de Berne? Quelques millions? On le saura cet après-midi peut-être.
Difficile certes de comparer un événement local - les élections genevoises - et une première artistique, un pari un peu fou de jouer un opéra populaire dans un quartier populaire: ah, ce bus rouge emportant Mimi dans la mort et Rodolfo frappant en vain sur la porte, effondré de chagrin! Sans doute les habitants du quartier monteront-ils différemment dans leur transport public ce matin.
Pourtant on se plaît à imaginer pareille mise en scène pour les élections populaire: des semaines de repérages, de contacts avec les habitants, de mise en scène, de répétitions pour enfin, en une grande soirée événement, en un rétuel républicain qui fait tant défaut à nos démoconsocratie, rassembler tous les Genevois devant leur petit écran, redonnant à la politique ce souffle, cette audace, ce respect qui lui manque tant aujourd'hui.
Certes, contrairement à l'opéra où l'oeuvre est écrite - parole et musique, où la mécanique s'enchaîne sans surprise, la politique est oeuvre créative par excellence, dans le débat public, dans les coulisses aussi. Contrairement à l'opéra, où le public et même les acteurs sont passifs, prisonniers même de leur rôle respectif, en politique, le public est un acteur clé, en Suisse surtout, même si les tribuns, élus ou non, jouent les premiers rôles.
N'empêche qu'hier soir regardant La Bohème en banlieue, repensant à l'exercice du débat électoral de la veille, imposé par la concession fait de la TSR une télévision publique, j'ai mesuré combien la télévision romande manque d'imagination et d'audace.
On peut lire mes commentaires politique sur le débat électorale de lundi dans les notes intitutlée Qui a ragardé le débat de TSR2 jusqu'au bout et Les questions qui fâchent et qui sont restées dans l'ombre publiées sur le blog L'année des hannetons, le blog qui suit la campagne électorale, le regard en coin mais l'esprit citoyen.