C'est aujourd'hui le 8e et dernier jour de Pessa'h, la Pâque juive qui commémore la libération manifestée notamment par l'ouverture de la Mer rouge devant le peuple d'Israël et sa libération du joug de Pharaon, dont les armées furent englouties dans les flots furieux. L'image est restée gravée dans l'iconographie populaire des histoires saintes qu'on dessinait naguère après l'école. Cette histoire est, chez les catholiques, toujours une des lectures de la messe de Pâques.
Ce n'est pas de cette histoire que je veux vous entretenir aujourd'hui, mais d'une conversation que j'ai eue récemment avec un des ces leaders religieux face auxquels Mireille Vallette commande une légitime défiance. Juifs, chrétiens et musulmans sont nés de la même souche. Mais chacun s'est arrangé dans son histoire sainte et tragique pour expliquer que l'autre est un sarment bon à jeter au feu, un arbre sans fruits, une terre desséchée, bref un infidèle.
A noter que le principe d'exclusion réciproque s'applique aussi à l'intérieur de chaque tradition: chiites et sunnites sont des frères ennemis, tout comme les juifs libéraux et les juif orthodoxe, les protestants et les catholiques. Et que ce principe d'exclusion n'a de cesse de diviser encore chaque confession en chapelles. Notez encore que le principe d'exclusion est universel et qu'il s'observe tout autant en politique, en économie, en art et dans bien d'autres situations. Jusqu'à l'humain lui-même, qui ne sait jamais s'il est homme ou femme, un peu plus de l'un ou de l'autre. Ying et yang quoi!
Dites-moi, me demande mon hôte, ne pensez-vous pas que dans un couple l'homme est naturellement le maître, que le femme est le reflet de l'homme, comme la lune l'est du soleil. Les féministes m'en voudront peut-être d'entrer en discussion sur ce genre de sujet. Mais il me permet d'illustrer deux choses qui, je crois, forgent notre quotidien. Les horloges de nos civilisations ne tournent pas à la même vitesse et le meilleur diplomate est celui qui sait se faire entendre.
Il faut certes dénoncer l'injustice et protéger les droits des gens - Durban II nous le rappellera dès lundi prochain, mais le dialogue des civilisations n'est pas qu'une affaire de droit, c'est aussi une affaire de culture et de vision du monde. Sur ce plan, les institutions telles l'ONU sont sans voix. Il ne sert à rien de brandir la Déclaration des droits des humains pour que la Charia ou la Bible ou tout autre texte identitaire ou sacré s'incline comme par miracle devant l'immanence parfaite. C'est plutôt le contraire que l'on observe.
J'ai donc modestement tenté d'expliquer mon point de vue. Le Coran est la parole de Dieu, croient les musulmans, on ne saurait donc en effacer ou en rajouter aucun signe, ni même le contester sans rompre le fil du dialogue. Le fait qu'il a fallu du temps pour arrêter le texte canonique - celui du Coran comme celui de la Bible - est un détail qui ne déstabilise pas nos docteurs de la loi, ce tâtonnement originel est forcément dû à l'inattention humaine plutôt qu'à un radotage divin. Mais le grain de sable qui grippe la mécanique, c'est que, tout divin qu'il soit, le Coran est tombé du ciel en un temps historique particulier. Un temps où le soleil éclairait certes déjà la lune, mais surtout tournait autour de la terre. Dans la tête des hommes en tous cas.
Depuis Galilée, récemment réhabilité par Rome, a démontré que la terre tournait autour du soleil. Plus tard, la physique céleste nous apprit que le soleil n'était pas le maître, mais qu'il était soumis comme toutes les étoiles à la force de la gravitation et à quelques autres sans doute trop fines pour qu'on puisse les détecter. ça n'est que tout récemment au regard de l'histoire du monde qu'on commence à pénétrer les mystère de la physique quantique, sans parvenir encore à marier tout à fait les règles qui font tomber les pommes et celles qui gouvernent l'atome.
Bref dans un tel état d'inconnaissance, il est urgent de relire le Coran à la lumière de nos connaissances. L'interprétation du Coran est donc un devoir à moins d'interrompre l'horloge du temps, ce qu'imposent les conservateurs et les rentiers de tout poil.
Encore faut-il trouver les mots qui soient entendus. Mais n'est-ce pas là la seule raison d'être des docteurs de la Loi?
Commentaires
Comme Obélix (quelle référence), elle est tombée dans la marmite religieuse, à sa naissance. Comme tous les enfants, elle a crié lorsque l'eau du baptême pénétra dans ses yeux.
Les fabuleuses péripéthies de Notre-Dame de Lourdes, de Fatima, aux leçons de cathéchisme données par le curé de la paroisse ont bercé toute son enfance.
Et comme tous les adolescents, son coeur a vibré au rythme des histoires de Jésus et Marie.
Sa route humaine était toute tracée. Elle suivait à la lettre les commandements de Dieu ainsi que les règles de l'Eglise. De quoi se plaindrait-elle! La Religion lui promettait le Paradis si elle mangeait du poisson le vendredi, et la vie éternelle, si elle était fidèle.
Et, à la droite du Père, elle s'assiéra, libérée de douleurs, de souffrances, de peur, de froid.
Mais, elle n'a pas voulu mourir idiote.
Elle apprit l'existence de milliers de Dieux, sous toutes les formes, humaines, animales, hybrides. Elle chercha leur bonté. Elle ne trouva que des Dieux vengeurs, manipulateurs. Elle entendit les cris terribles des enfants et des vierges sacrifiés.
Alors, elle entra en rébellion contre les religieux et leurs pratiques plus que douteuses. Tout d'abord, pour calmer ses doutes, elle intercéda auprès de son Dieu.
Dieu est apparu à Abraham pour lui dicter son chemin. Mais de prières en vains appels, Dieu ne montra aucun signe à sa créature Etait-ce par ce qu'elle était femme!)
Alors, elle s'adressa à Marie, mais la Vierge palestinienne resta aux abonnés absents. Logique, elle ne communiquait pas en langue française.
Après réflexion, elle pensa à une époque moins lointaine, à Mahomet, mais ce dernier était trop occupé à rétablir la vérité sur les femmes lapidées.
Epuisée par le va et vient incessant de ces Dieux absents et avides de sang et des Religieux appâtés par l'argent, elle s'interrogea.
Tant de subtiles manipulations de la part des savants de toutes les théologies n'ont pas eu raison de son intelligence. Elle se tiendra droite dans ses bottes avec sa liberté de penser et de douter.