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Cacatière

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Excusez ce mot en ce dimanche matin, mais il me vient à la lecture du dernier billet publié par notre ministre fédéral de l'environnement. Dans son blog, l'excellent homme de mots qu'est Moritz Leuenberger revient sur Slumdog Millionaire qui a raflé huit oscars la semaine dernière. Le ministre comme beaucoup relaie la polémique qui court en Inde: le film ne serait qu'une caricature, une belle histoire certes, mais qui enfile les clichés comme des perles sur un collier. Caricature donc serait la séquence forte du gamin qui plonge dans le tas d'excréments pour sortir des toilettes dont la porte est bloquée et courir dans l'habit qu'on imagine quérir l'autographe d'une vedette de Bollywood qu'un hélicoptère dépose dans la poussière.

"C’est seulement, écrit le ministre, lorsqu’on nous informe que de tels tas d’excréments n’existent tout simplement pas que nous prenons conscience de l’affront que cette scène peut provoquer. « La situation s’est beaucoup améliorée chez nous », soulignent les assistants sociaux travaillant dans les bidonvilles indiens." Et Moritz de conclure:

"De toute évidence, beaucoup d’Indiens préfèrent régler eux-mêmes les graves problèmes du pays que de les voir tourner en dérision devant le monde entier. Et soyons francs: ils ne sont pas les seuls."

C'est vrai que nous sommes présentement dans la m.

Mais dire que les cacatières n'existent pas en Inde, c'est comme dire que les banques n'existent pas en Suisse. Cela dit, les latrines n'existent peut-être pas comme le film nous les montre. Tout comme les banques suisses ne sont pas la caricature qu'en font les médias actuellement. N'empêche que les latrines comme les banques sont nécessaires à la société. Il fut même un temps pas si ancien, où l'on s'émerveillait du recyclage par les Chinois mis aux champs des fosses d'aisance dans la culture des haricots. Et il n'est pas si vieux non plus le temps où, dans nos campagnes, les toilettes étaient au milieu du jardin, couvertes d'une baraque et d'un trou percé.

Autre temps autres moeurs. A Genève, le nec plus ultra est de réinventer la roue et de s'émerveiller des toilettes sèches sur le trône desquelles des Genevois hype assoieront leur séant *. Ce sera bientôt le cas à Cressy, et c'est même une première historique si l'on en croit la Tribune du 24 février. Et, dans nos civilisation occidentales avancées, on cherche encore la solution idoine pour que nos compagnons à quatre pattes ne se soulagent plus où bon leur semble.

Bonne journée

Et pour votre peine, je vous livre ce texte, découvert par les hasards googleliques, intitulé "Et si l'on parlait le français de Pers-Jussy" Où l'on retrouvera une cacatière en fâcheux état qui n'sentait pas la rose...

* Il n'y a pas si longtemps, certains particuliers ont bataillé ferme contre les services cantonaux qui refusaient le principe de la fosse sceptique et contraignaient à de coûteux travaux pour raccorder des maisons isolées aux égoûts.

Commentaires

  • Le Bobo Moritz a perdu là une belle occasion de se taire.
    J'ai adapté en français un documentaire de mon excellent ami tessinois Gianni Padlina sur les "Dalits", catégorie d'intouchables qui en Inde sont plus spécialement chargés du nettoyage des latrines. On y voit non pas des enfants tomber dedans par mégarde, mais des adultes chargés d'évacuer sur leurs têtes, dans des paniers d'osier, donc percés, les excréments des castes plus nobles. Et lorsqu'il pleut, le jus immonde qui en résulte leur dégouline sur le figure.
    Alors oui, l'Inde fait des efforts et la loi interdit - encore très théoriquement - les discriminations.
    Quelques Dalits ont pu faire des études et sont devenus de brillants avocats. Regroupés en collectif, ils sont parmi les meilleurs du pays. Au point que des brahmanes viennent leur demander de les défendre. Mais pour devenir leurs clients, ils doivent d'abord accepter de leur serrer la main. Nombreux sont encore ceux qui refusent.
    La morale de cette histoire, cela pourrait être qu'entre le métier de M. Caca et celui d'avocat, il n'y a... que quelques années d'études et une poignée de mains. Comme le disait le beatnick Allen Guinsberg : "Le monde est un immense tas de M. Pour le changer il faut oser la prendre à pleines mains..."

  • >Aujourd'hui d'ailleurs le nec plus ultra est de réinventer la roue et de
    >s'émerveiller des toilettes sèches sur le trône desquelles des Genevois
    >hype asséront leur séant.

    Je ne vois pas bien le sens de cette phrase. En quoi les toilettes sèches seraient-elles "hype"? En quoi méritent-elles qu'on les tourne en dérision alors que ce qui est aberrant et ridicule c'est précisément de chier dans l'eau comme on le fait tous les jours?

  • J'ai vécu quelques années dans une villa au bord du lac qui malheureusement fonctionnait sur fosse sceptique comme toutes celles alentour... Et quelques semaines en Martinique, il y à fort longtemps, dans une case où les toilettes se composaient d'une tranchée dans le sol recouverte d'un rideau de bambou, que l'on déplaçait au fur et à mesure que la tranchée se remplissait.
    Des expériences existentielles passionnantes qui m'incitent à me poser la question de l'odeur au sujet de ces toilettes sèches ? Et que se passe-t-il si comme je pense l'avoir compris, des habitants négligents oublient de faire le nécessaire une fois par semaine ? Mais si marche, effectivement, économiser l'eau me parait une idée essentielle.

  • Les toilettes sèches actuelles n'ont pas grand chose à voir avec ce que vous décrivez, Philippe Souaille. Si vous allez au bistrot "La Barje" en été (au milieu Rhône, vers le bâtiment des forces motrices) vous aurez l'occasion de vous rendre compte que les copeaux de bois qu'on verse sont très efficaces pour détruire les odeurs, et pour des toilettes publiques, elles sont infiniment moins odorantes que les horreurs en sous-sol qu'on connaît (ou qu'on a connu) en certains endroits de notre canton.

    Bien entendu, si des habitants oublient de faire le nécessaire, ça pue! Tout comme ça pue si vous oubliez de sortir les poubelles ou le compost en été... Mais doit-on se mettre à jeter nos déchets dans l'eau des toilettes pour autant?

  • Si jamais :

    http://www.dailymotion.com/video/x3go9d_toilettes-seches-dvd

  • Petite correction linguistique: les fosses destinées à traiter les eaux de nos toilettes sont des fosses septiques. Qu'elles puissent être sceptiques me laisse pantois...

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