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L'impôt crée un sacré débat.

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fisc hydres.jpgEt bien, mon billet d'hier pour un impôt fédéral sur les successions déchaîne les passions et suscite d'excellents commentaires. Merci à tous ceux qui ont pris et prennent la peine de participer à ce débat important en publiant des points de vue souvent fort argumentés. Un coup de chapeau particulier à ceux qui signent leur propos de leur nom.

Je cite et commente ci-dessous les réactions de trois radicaux, qui ne partagent pas le même avis, ce qui démontre que ce parti est divers, ce qui et heureux. Olivier Fiumelli ne refuse pas l'idée d'un impôt fédéral sur les successions à condition qu'on supprime l'impôt fédéral direct. Philippe Souaille, qui publie également l'excellent blog La mondialisation humaniste, répond à Yves (hélas resté anonyme) soutenu par Murat Alder, qui se font les défenseurs des PME:

"Les impôts, écrit Yves, sur une fortune héritée ont déjà été payé, plutôt deux fois qu'une. Je gagne de l'argent, je paie sur le revenu, j'amasse un peu d'argent, je repaie sur la fortune, je ne vois pourquoi l'état prélèverai encore une troisième fois. Et quand je vois comment nos impôts sont dépensés, la Suisse n'est vraiment pas en manque d'argent."

Philippe Souaille

"Dans mon livre, l'Utopie Urgente, dans le cadre d'une remise à plat fondamentale de l'impôt (suppression de l'impôt sur le revenu, mise en place d'une tva progressive sur les produits de luxe et écologiquement nuisibles etc...) je suggère que les successions de plus d'un million par enfant soient lourdement taxées. Lorsqu'il s'agit d'entreprises, le capital serait revendu sur le marché (je résume, of course). L'état ne gèrerait pas les entreprises, il ne prélèverait que ce qui lui est nécessaire, budgeté démocratiquement.

Notez que les 13 milliards de déficit du canton représentent exactement la somme qu'a perçue un fan de régate bien connu pour la vente de son entreprise, créée par papa. Entreprise genevoise au demeurant, mais le M. étant domicilié dans le Canton de Vaud, c'est Pascal Broulis qui a touché, après négociation, 10 millions d'impôts sur cette vente, soit un millième seulement. Et encore, s'il avait exigé plus, cela aurait été rien du tout, le Monsieur déménageant dans un autre canton, voire à Londres... Un paradis fiscal méconnu mais très prisé sous certains angles.(...)"

Mon commentaire: Le tourisme fiscal donne toute la limite d'un impôt sur les successions. Le cas cité ci-dessus n'est pas le seul. On se souvient du banquier Safra mort à Monaco et de quelques autres. Les moyens pour échapper au fisc sont légions et nombre d'entreprises genevoises vivent de ce commerce. L'impôt fédéral n'est donc qu'un pis-aller. C'est un impôt mondial qu'il faudrait instaurer. Autant dire une utopie.

Olivier Fiumelli

Auteur (avec le groupe radical) d'une motion visant à atténuer très modestement la taxe professionnelle en ville de Genève (actuellement examinée en commission), j'avais déjà fait le constat qu'il est difficile, voir impossible de discuter rationnellement de fiscalité. On tombe systématiquement dans l'émotionnel et tout débat devient impossible. Pourtant, il existe des critères permettant de juger de la qualité d'un impôt : son caractère redistributif, sa neutralité sur les décisions des acteurs économiques, sa rentabilité (coût du prélèvement par rapport aux encaissements). Aucun impôt ne remplit tous ces critères, c'est pour cette raison qu'il y a plusieurs types d'impôt. L'impôt sur les successions n'est donc pas un mauvais impôt, il n'avait juste plus aucun sens au niveau cantonal et c'est pour ça que les radicaux ont obtenu sa suppression.

S'agissant d'un impôt fédéral sur les successions, c'est une idée qui pourrait faire son chemin, mais uniquement si cela permettait de rééquilibrer l'ensemble du système fiscal, par exemple en supprimant l'impôt fédéral direct. Ursula Wyss est-elle prête à mener un vrai débat sur la fiscalité ?

Mon commentaire: L'impôt fédéral sur les successions devrait remplacer l'impôt cantonal sur les successions que les Genevois ont sacrifié "grâce" aux radicaux. Il n'est pas question de supprimer l'IFD qui est un impôt redistributeur absolument nécessaire et juste. Du moins tant qu'on maintient le système actuel de cotisation maladie qui est un impôt antisocial de première grandeur.

Alain Hervé (extraits)

Les impôts représentent une solution de facilité dans laquelle tombent inexorablement ceux qui dépensent à tort et à travers, ils se situent généralement à gauche. Mais je connais des capitalistes de gauche pour réaliser leurs profits et de droite pour les conserver… et ils fréquentent généralement les milieux politiques pour se livrer à cette gymnastique. (...)

Le génie entrepreneurial existe, mais il est parfois le fruit de la chance et donc de l’illusion ou carrément de tricheries.  (...)

On ne peut pas nier que l’argent est un excellent stimulant. Mais aujourd’hui on oublie un peu vite, pour faciliter des ambitions mondialistes pas toujours très équitables, ni transparentes, que tout pays digne de ce nom se doit d’avoir une agriculture, une industrie et des services. Malheureusement on tend vers la monoculture et les méthodes de création de revenus sont souvent inadéquates : il y a trop de chercheurs et pas assez de trouveurs. Alors avant de vouloir taxer dans tous les sens, il serait bien de faire quelques grosses réformes qui épargnent à la population des extrémités de revenus trop scandaleuses, génératrices de corruption, d’appauvrissement et donc de diminution des revenus taxables.

Mon commentaire: Mieux gérer l'Etat est une obligation permanente. Ecrêté les fortunes et assurer un revenu minimal à tous est aussi une tâche publique. A Genève, la petitesse du territoire fait que nous accumulons une recette fiscale faramineuse pour un nombre de pauvres relativement faible, pour qui nous payons des subsides qui sont en fait des subventions aux propriétaires et aux systèmes de santé.

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Commentaires

  • Cher Jean-François, nos avis radicaux ne sont pas si radicalement opposés que cela, car en réalité ils ne concernent pas le même moment du film. Murat parle de l'instant présent, de l'état actuel de la fiscalité, Olivier, d'un futur proche et de réformes envisageables à court terme, et moi d'un futur éloigné, "Autant dire une utopie...". Qui cependant a pris sérieusement du poil de la bête depuis que les conclusions de Davos et et du Forum alternatif de Belem, le week-end dernier, coïncidaient sur un même point (et c'est bien la première fois!): il faut davantage de gouvernance mondiale.
    C'est le thème central de mon bouquin et ce jour du 1er février 2009 figurera sans doute dans les livres d'histoire, dans quelques décades.
    A part ça, merci pour le compliment. Je reviens justement sur cette histoire de fisc dans mon blog.
    Une anecdote encore, resté largement ignoré des gazettes: il y a quelques années, le détenteur d'une très grosse fortune vaudoise, bâtie notamment en fournissant du matériel objectivement militaire à toutes les forces en présence durant la seconde guerre mondiale, mort chez lui à Lausanne, a été transporté par son épouse, clandestinement et dans sa voiture, à l'état de cadavre donc, jusqu'à sa résidence de Monaco... Où son décès put être constaté. Que ne ferait-on pas pour grappiller quelques dizaines de millions au fisc ? Moi, j'en ferai volontiers un film...

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