J'écoute de temps en temps "Vivre sa ville" sur France culture. Ce matin, l'émission matinale de Sylvie Andreu m'apprend un nouveau mot, un de ces accronymes dont les Français raffolent. Du genre SDF pour dire vagabond. Quand il est mineur, le vagabond s'appelle désormais MIE. Cruel paradoxe que d'appeler mie ceux qui manquent de pain.
Un MIE c'est un mineur isolé étranger. Le reportage raconte comment des Français tentent de remettre sur les rails des MIE brésiliens. Plongée passionnante et terrifiante dans la violence quotidienne et la débrouille ultime.
En point d'orgue de l'émission, Pierre Henry, président de France Terre d'Asile et auteur d'une "Lettre ouverte aux humanistes en général et aux socialistes en particulier" évoque les MIE de France: Les Afghans, qui transitent pour l'Angleterre, les Roms, les Africains, des durs avant l'âge que la République ne veut pas voir. Car ces gosses de 10 à 18 ans, envoyés par leur famille, fugueurs, aventuriers avant l'heure, esclaves de toute sorte de réseaux sont en principe protégés par les Conventions internationales qui obligent les Etats à les prendre en charge.Je me demande s'il y a de vrais MIE à Genève. Il y a certes des gosses de Roms, mais ils ne sont pas vraiment isolés. Je cherche donc un peu sur internet. Et découvre que la problématique n'est pas nouvelle (évidemment), qu'ici les MIE s'appellent MNA ou MENA, qu'ils sont plusieurs centaines en Suisse, plutôt bien encadrés, mais meurtris à jamais et rejettés aussi. Terre des Hommes dénonce une loi sur les étrangers qui ne donnent pas de droit particulier aux enfants, ce que l'Office fédéral des migrants dément bien sûr. Ce pays qui vieillit m'effraie et j'en suis.
Commentaires
Bonjour Ma Mie, amie lyrique.
C'est plus poétique que d'entendre parler du MIE, isolé, abandonné, livré à lui-même. L'isolement dans un pays étranger est encore plus insupportable que dans son environnement habituel (ex. les enfants de rue du Brésil, de l'Inde) et il serait souhaitable de voler au secours de ces enfants en premier lieu, avant l'émigration, par leur gouvernement. Comment devrait-on alors les appeler, des MII (mineurs indigènes isolés)?
Nos institutions caritatives Caritas, Terre des Hommes, divers ONG sont impuissantes devant l'ampleur de la tâche. Ils auront besoin de notre aide. Toutefois, avant de prendre position, il faudra connaître ces MIE, car le grand danger pourrait venir de la commercialisation des enfants par des passeurs, comme c'est déjà le cas pour beaucoup d'EE (émigrés étrangers). L'esclavage a été abandonné, mais le trafic subsiste.
Oui, notre monde est de plus en plus cruel, favorisé par le média, et on ne recule devant plus rien, dès qu'il s'agit de s'enrichir (otages etc.).