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Ecologie et spiritualité ou le culte de la frugalité

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ecologie spirituelle.pngOn connaissait l'écologie libérale - un de ses membres, le radical Thomas Buchi, a été élu à la Constituante - connaîtra-t-on l'écologie spirituelle? Elle tente de se forger une existence entre le matérialisme scientifique dominant et le créationnisme fondementaliste émergeant.

Le mouvement était cet après-midi le sujet d'un débat politiquement très correct organisé par la Plateforme interreligieuse de Genève. Une cinquantaine d'adeptes de la foi qui déplace les montages s'étaient rassemblés au bien nommé Cercle de l'Espérance du non moins bien nommé quartier des Eaux-Vive dans la non moins bien nommée cité de Calvin, où d'autres adeptes - les protestants - lançaient devant le Mur de réformateurs - les festivités du 500e anniversaire de la naissance du franco-genevois, à l'occasion du jour de la Réformation.

L'écologie spirituelle veut réveiller les églises, religions et autres écoles de pensées et de les convaincre qu'elles ont toutes une chose en commun: le culte de la frugalité et du respect de la création. Pour le WWF qui soutenait la réunion, il s'agit de faire des religions des alliées actives du développement durable. Comme d'autres mouvements politiques ont su faire des églises des moteurs des revendications sociales ou de l'intégration des étrangers. Un moyen aussi pour les églises en panne d'audience de se raccrocher au train vert. Bref la frugalité est à l'environnement ce que la charité est à l'économie: une éthique, mais aussi une question de vie ou de mort pour la planète "dont nous sommes tous responsables".
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Perrsonne n'a prononcé le mot gourmandise, l'un des sept péchés capitaux. Trop culpabilisant peut-être, trop connoté catho aussi. Pourtant c'est bien de cela dont il s'agit. La gourmandise, qui est élevé au grand d'une valeur marchande aujourd'hui, nuit au genre humain quand elle prive le prochain du nécessaire. En matière de chauffage, notre monde occidental est indubitablement gourmand. Nos grands-parents se contentaient d'une pièce chauffée et ne s'en portaient pas plus mal. En matière de circulation, les agro-carburants relèvent de la gourmandise aussi. Jusqu'au LHC que René Longet n'est pas loin de qualifier de gourmand. Les milliards du CERN seraient peut-être mieux investis ailleurs estime le président du parti socialiste genevois.

Arthur Dahl a rappelé les premières démarches de l'écologie spirituelle: le rassemblement d'Assise à l'initiative du wwf en 1986 et à Windsor en 1995, l'appel de Dimitrios I en 1989. Il faut résister au matérialisme scientifique sans tomber dans le créationnisme fondamentaliste, a déclaré le Californien Baha'i, ancien directeur du programme des nations unies pour l'environnement: "L'ennemi, c'est l'homme lui-même, piégé par la société de consommation - héritière par défaut de l'évangile productiviste (croissez et multipliez). L'homme enhardi par la faillite de la morale traditionnelle, libéré des freins des sanctions supranaturels. C'est ainsi que l'égoisme gouverne. Mais aussi que le mensonge, la paresse, la luxure, l'orgueil, même la violence, ont accédé dans notre mondeau rang des valeurs sociales et économiques."

Le constituant fraîchement élu Philippe Roch, récent docteur honoris causa en géoscience de l'université de Lausanne, cite Calvin lui aussi: "La nature est le miroir de Dieu" et Jean Paul II: "La nature devient un évangile qui nous parle de Dieu". L'ancien directeur de l'Office fédéral de l'Environnement sera le plus concret des quatre orateurs invités par Nicolas Junod, président de la Plateforme: "Il suffirait de réduire la vitesse des voituresà 60 km/h sur les routes et à 100 km/h sur les autoroutes pour entrer dans les critères de Kyoto. Hélas cette mesure qui ne présente que des avantages prendra encore du temps à voir le jour". La faute à qui? "La faute à la fracture entre l'homme et la nature."

Developpement_durable.svg.pngComment recoller les pots casser? Le quakers Edouard Dommen convoque Calvin. Pour l'ancien fonctionnaire à la Cnuced, le réformateur serait un pionnier du développement durablement. La preuve est dans la définition onusienne de ce slogan fédérateur qui est plus sociale qu'écologique. Comme Calvin, l'ONU dénonce l'accaparement des biens au détriment des pauvres ou des générations futures. "Vivre avec sobriété et tempérence" commande l'ayatollah de Genève. Dommen cite encore, dans le français du XVIe, qu'il affectionne, les propos du législateur: "Abondance est destinée à subvenir à la nécessité des soeurs et des frères". Ce que les protestants ont eu tôt fait de transposer en la vertu à s'enrichir pour autant qu'une part soit remise aux pauvres.

On retrouve là les racines du capitalisme, des sociétés philatrophiques et de l'impôt sur le revenu. Une dérive ou une fatalité dont Dommen a lavé Calvin comme d'autres lavent Marx des méfaits du communisme.

Commentaires

  • La prédation caracérise bien le règne humain. Le drame est que la spititualité n'aide en rien le cours des choses, surtout aux niveaux décisionnels. Les politiques de prédation en vigueur récupèrent les connaissances (scientifiques) non pas pour la vérité qu'elle recèlent mais bien à des fins utiles, tout en brandissant une morale à laquelle les citoyens du monde doivent s'astreindre. Les discours dominants fonctionnent ainsi en roue libre!
    Connaître, oui, mais dominer, surtout...

    Bien à vous!

  • M. Mabut, me revient une citation de François de Sales : "Considérez le malheur du monde (...) qui vit comme s'il croyait de n'être créé que pour bâtir des maisons, planter des arbres, assembler des richesses et faire des badineries". Plutôt style XVIIe.

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