La biture tient-elle de la nature? La réponse est forcément oui! Sans remonter aux libations dyonisiaques, au vin de messe ou aux torgnoles carnavalesques, l'alcool a toujours accompagné l'homme, moins souvent la femme, dans sa quête de l'au-delà (de soi). On ne compte plus les chansons à boire et les mille et une façons de bouillir le fruit et le grain. Qu'on l'appelle donc beuverie géante ou bottellon, le fait est là.
Faire péter les bouchons, quoi de plus naturel dans une société qui se sent de plus en plus emprisonnée par les règles du politiquement correct, la performance à tout prix et la traque électronique généralisée. Genève a pris la bonne décision. Pour ce vendredi soir.
De tout temps, les sociétés ont tenté d'encadrer les débordements qui les effrayent. Longtemps les rituels ont fait leur office sacré. Aujourd'hui dans une société sans Dieu, mais pas sans dieux - les Eglises, sans doute encore en vacances, sont muettes à propos de la grand messe des Bastions - le botellon est un(e) mode comme un(e) autre d'entrer en religion. Barbare certes, mais qui a dit que la civilisation était acquise pour toujours. C'est pour avoir oublié cette fragilité ontologique, que notre société se disloque.
Un mot encore sur Genève, la libérale, n'en déplaise à Christian Luscher, anti-lucifer hier soir sur Forum face à la très tendre Sarah cheffe de groupe des Verts de la Ville. Lorsque j'étudiais à Zurich, j'étais toujours frappé par une chose banale: les bordures en granit des trottoirs de la capitale économique de la Suisse. Affutés, tranchants ils étaient ces trottoirs zurichois, histoire sans doute d'abimer les pneus des automobilistes qui auraient eu l'audace d'y garer leur auto. La punition intégrée, c'était assez fort. A Genève, j'ai toujours vu des trottoirs aux bords émoussés.
Quand Lôzane bougeait et que ça castagnait dur à Zurich, au début des années 80, Genève était restée assez calme, presque provençale. J'en avais déduis que les trottoirs étaient aussi dans les têtes des habitants de ces cités qui aujourd'hui interdisent le botellon. Les gauchistes de Zurich et de Lausanne étaient plus carrés, plus tranchants. Les patriciens de ces villes aussi étaient moins tolérants, plus policiers. A Genève, les bourgeois sont moins cassants, plus tolérants et leurs enfants moins ultras. Démonstration du contraire demain soir aux Bastions, entre la cité du savoir (l'université) et la cité de Dieu (le mur des Réformateurs)?
Commentaires
Bonjour !
Même les fourmis se biturent !
Elles élèvent même des pucerons rien que pour ça.
:o)
Moi, je n'ai jamais pense a cette question mais en tout cas merci pour votre article. Je pense que vous trouverez ceux-ce qui s'interesseront a ce sujet et pourront partager la discussion.
J'aime votre idee et je partage completement votre opinion sur cette question. J'espère beaucoup que vous continuez à écrire pour ce sujet, j'attendrai de nouveaux messages.
Bonjour à toutes et à tous,
Bonjour Jean-François,
l'expérience m'aura démontré qu'il suffit de fermer un oeil.
A un oeil, la vie est plus simple...
Bien à vous,
Stéphane