Stupéfiante la ressemblance, ne trouvez-vous pas?
«Je me promenais sur un sentier avec deux amis — le soleil se couchait — tout d'un coup le ciel devint rouge sang — je m'arrêtais, fatigué, et m'appuyais sur une clôture — il y avait du sang et des langues de feu au-dessus du fjord bleu-noir et la ville — mes amis continuèrent, et j'y restais, tremblant d'anxiété — je sentais un cri infini qui se passait à travers l'univers.»
Les Suisses n'en sont certainement pas à cette extrémité qu'évoque l'artiste norvégien Edvard Munch pour expliquer son célèbre tableau Le cri.
Nos sommes restés plutôt sans voix hier soir. J'étais à Compesières, où l'ambiance champêtre était du tonnerre devant les écrans dressés par l'association CDL-Organisation sous le hangar de la ferme. Jusqu'à cette fatale 92e minute. Soudain terrassés par la malchance. Et puis un peu honteux de ce manque de niaque qui caractérise l'équipe de Suisse. Honteux aussi de se voir en ce miroir, fidèle reflet de cette Suisse besogneuse, mais frileuse, un peu trouillonne, terrée dans ses frontières, tandis que l'Europe se construit à nos portes et que l'Irlande, hier terre d'émigration comme la nôtre, tient aujourd'hui dans le vote de ses trois millions d'électeurs le sort politique du continent.
A ce train, la Turquie entrera dans l'Union avant la Suisse.
En image pourtant, les Suisses ne cessent de m'étonner. A voir ici http://vogelsango.blog.tdg.ch/