"Il faut changer l’ordre des valeurs. Il faut une nouvelle réforme. Moins de gaspillage, moins de compétition, moins d’accaparement, d’avantage de sobriété, de respect, de solidarité!" Philippe Roch a présenté son credo ce jeudi aux Midis de la Fusterie. Citant l’idéal d’une tribu d’Indiens amazoniens, il a écrit le premier et seul article de la nouvelle constitution: «Le but de la vie, c’est la paix et l’harmonie.»
Premier printemps. Avril tire à sa fin. Le soleil surprend les chalands de la Fusterie. Sur les marches du temple, des travailleurs pressés, hommes et femmes, mâchonnent leur sandwich. Le marché des artisans donne un air de Provence à ces Rues basses sans âmes et sans terrasses. En face, un Roumain joue de l’accordéon. Quelques curieux pénètrent dans la maison de Dieu. L’accueil y est discret. Les bancs se remplissent pas le fond. Une petite cinquantaine d’auditeurs de tous âges attendent la demi de midi.
Philippe Roch est descendu de sa retraite de Russin à l’invitation du physicien Roland Benz devenu pasteur et désormais animateur des Midis de la Fusterie, offerte à la ville tous les midis par l’Eglise protestante.
Deux citations, une de Jean Paul II, une autre d’Hildegard von Bingen ouvrent son credo : Dieu se révèle dans la nature, nous devons apprendre à y lire des règles de vie accomplie.
Ses racines sont catholiques, il ne les renie pas. Mais il a pris ses distances avec les églises. « Chaque religion brandit un livre sacré, les Upanisads, la Bible, les Evangiles, le Coran. Tous sont œuvres des hommes et d’un temps. Combien d’hommes sont morts au nom de ces ouvrages! J’ai recherché le livre que Dieu a écrit lui-même. J’en ai trouvé deux : la nature et l’être humain.»
Le mal est dans la nature. Le renard suit sa nature, des espèces ont disparus. Mais la nature ne s’acharne pas, ne torture pas, ne tue pas pour rien. La nature donne à foison mais ne gaspille pas. Voyez la forêt pluviale, l’eau qui s’en écoule est pure et totalement minéralisée. Pas un élément organique qui ne soit recyclé transformé par la machine biologique. Dans une ruche le nombre d’abeilles est multiplié par vint entre l’hiver et l’été. La nature produit à profusion mais ne croît pas.
La croissance débridée, la consommation boulimique, la mobilité déraisonnable, voilà ce qui effraie un Philippe Roch un brin malthusien, un brin stoïcien: l’humanité comptait 500 millions d’êtres humains en 1800, trois milliards en 1960. Nous sommes 6,5 milliards aujourd’hui. Ne croyez pas ceux qui vous disent que l’humanité s’en est toujours sortie. Des civilisations sont tombées en ruine faute d’avoir su maîtriser leur croissance.
Il faut donc changer l’ordre des valeurs. Il faut une nouvelle réforme. Quand affichera-t-il tel un Luther du XXe siècle ses d’un développement durable. Quels princes des temps modernes, banquiers ou industriels sauront trouver dans ce credo des temps modernes l’opportunité d’échapper à l’emprise du dollar tout puissant ? La réforme de Luther ne lui aurait pas survécu si les princes allemands et les bourgeois de quelques cités n’y avaient pas trouvé leur intérêt.
Moins de gaspillage, moins de compétition, moins d’accaparement, d’avantage de sobriété, de respect, de solidarité ! Et Philippe Roch citant l’idéal d’une tribu d’Indiens amazoniens d’écrire le premier et seul article de la nouvelle constitution : «Le but de la vie, c’est la paix et l’harmonie.»
Militant, puis haut fonctionnaire idéalise pendant des années, Philippe Roch a renoncé à la politique. Il a découvert et pratique la méditation dont il a donné le mode d'emploi durant sa conférence: "Je ressens le pouls de l'univers. mes peurs deviennent des espoirs, mes douleurs délivrance." (cliquez ci-dessus sur la flèche pour enclencher la vidéo). Mais tel un Al Gore "glocal", il croit en la vertu du verbe qui agit depuis le commencement a écrit la nature et s’est fait chair.
Sera-t-il le réformateur du XXIe siècle ? Il n’ose en rêve mais s’interroge. Luther n’a-t-il pas bouleversé le monde et jeté les fondements de la démocratie ?
Un espoir. Charles Beer désire proposer à tous les élèves du canton des cours de développement durable. Il a demandé conseil à l’ancien directeur du WWF suisse devenu Directeur de l’Office fédéral de l’environnement. Qui a répondu enthousiaste. Un premier pas vers une éducation à la spiritualité de l’environnement, selon le bienheureux Philippe ?
Roland Benz brandit le dernier numéro de la Vie protestante dans lequel sa rédactrice en chef, Aline Bachofner, a publié une interview controversée de Philippe Roch.
Prochaine conférence de Midis de la Fusterie le 8 mai. A quoi servent les recherchent du CERN? par ugo Amaldi, physicien.