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Des tomates pour Doris

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1040687674.jpg Hier c'était la journée de la terre et des luttes paysannes. Doris Leurthard, ministre de l'économie et donc de l'agriculture, est venue au cœur du Pays romand, c'est à dire en terre vaudoise, défendre son projet d'Accord de libre échange agricole avec l'Europe. Quelque quatre cents paysans - jeunes, femmes et retraités compris - ont écouté poliment notre Donna Quichotta. Mais la fronde sourdait grave sous la pluie de Moudon. «On aurait dû prendre des tomates» murmuraient les céréaliers les plus remontés, rapporte Romain Clivaz ce matin dans la Tribune. Des tomates contre un ministre ? Du jamais vu en Suisse? Que nenni, ça m’a rappelé des souvenirs d’enfance.

1992563984.pngMon père, avant de devenir leader des paysans genevois, fut membre de l’Union des producteurs suisses, devenue Uniterre, section suisse de Via Campesina (tendance Fernand Cuche). Fin des années 50, début des années 60, on était en pleine révolution verte.

L’azote minéral, les nouvelles variétés, la sélection animale faisaient doubler les rendements. De réguliers surplus agricoles engorgeaient les greniers de la Confédération, l’obligeant à de coûteuses mises en valeur des denrées excédentaires. Seule solution pour tempérer la fièvre productive qui s’était emparée des campagnes, baisser les prix.

«Produisez, Berne s’occupe du reste» était alors le slogan en vogue. Reçu cinq sur cinq. Les paysans produisaient et n’entendaient pas être les dindons de la farce et se voir privés des bénéfices des progrès de la science.

Le monde des campagne, dont le poids politique était considérable, s’échauffa au point de se rassembler un jour devant la Palais fédéral et d’y balancer les tomates qui n’étaient pas parties au Rhône. Mon père était à la tête des manifestants. Il écopa avec quelques compères de plusieurs jours de prison avec sursis. Mais les prix agricoles ne baissèrent pas aussi vite que le commandait une saine gestion économique. Les paysans vécurent heureux durant 30 ans, jusqu’à la chute du mur de Berlin. Les contribuables et les consommateurs payèrent chers l’élimination des montagnes de beurre et des tonnes de tomates inutiles.

A sa prochaine apparition publique, Leuthard doit-elle redouter un entomatage ? Certainement. Le monde paysan se bat aujourd’hui pour sa survie. Et est plus que jamais dépendant de la Confédération.

Lenjeu est simple. L’accord de libre échange que vise Doris Leuthard et que réclament les autres milieux économiques (sans accepter pour autant le même traitement) doit faire baisser les prix agricoles de 25%. L’objectif est que cet argent profite aux consommateurs qui aujourd’hui dépensent environ 4 milliards de francs de trop par rapport aux consommateurs européens.

Le hic, disent les paysans méfiants, c’est qu’entre eux et les consommateurs il y a en Suisse un duopole commercial qui s’appelle Migros et Coop. Ce sont les grands distributeurs, dénoncent-ils, qui vont s’approprier le magot. Chers clients, quand vous allez dans votre magasin favori, demandez-vous en effet à quel prix nos géants oranges achètent la tomate ou la salade qui, hors saison, n’est «de la région» que sur leur pub.

Commentaires

  • Bonjour à toutes et à tous,

    Bonjour Jean - François,

    eh bien, hier soir, en regardant les news sur ARTE, un sujet traitait précisèment des paysans européens, notamment allemands qui en ont ras-le-bol de l'Europe.

    L'Europe de Bruxelles, où tout se décide de manière théorique, sur des chiffres, par des notes administratives et des décisions contraire au bon sens, ne m'inspire en rien confiance.

    Au moment où notre très charmante Conseillère Fédérale, Doris, s'exprimait sur un accord avec l'Europe, les paysans allemands manifestaient à Berlin...

    Un accord de libre échange avec l'Europe sur les questions agricoles signifierait purement et simplement la mort de la paysannerie suisse car notre agriculture ne peut pas rivaliser en terme de coût à la production. Les Conseillers et Conseillères doivent arrêter de nous mentir sur des pseudos bien-faits d'un éventuel accord.

    Bien à vous,

    Stéphane

  • Bonjour à tous,

    Effectivement, je suis complètement de votre avis, les distributeurs seuls bénéficieraient de ce changement.

    J'ajouterai qu'en pleine période de hausse de prix des matières premières agricoles, il est urgent de se poser les bonnes questions. L'ultra libéralisme (et en l'occurence l'ouverture sur un marché commun faussé par la PAC) est-il une solution sachant que les prix des denrées alimentaires risquent de rester chères durablement ?

    Est-ce compatible avec le respect environnemental d'importer des fraises d'Espagne au mois de février ?

    Je ne crois pas en la "vertu nationaliste" des distributeurs suisses que sont Coop et la Migros ni en leur volonté de pratiquer des prix bas.

    J'encourage en ce sens le monde paysan et particulièrement les petits producteurs à se rapprocher des consommateurs pour créer des circuits courts de vente directe.

    Meilleures salutations

  • De toute manière, l'Union Européenne est vouée au même destin que l'Union soviétique.
    Tôt au tard, elle va imploser.
    La manifestation de Berlin, n'est pas la seule, ni la dernière.

    En cas d'adhésion, il faudra payer la contribution au budget de l'Union et aussi y envoyer des députés européens, ce qui vas augmenter nos impôts.

    La pression fiscale européenne ainsi que les contraintes, vont conduire de plus en plus de citoyens européens à vouloir abolir cette union.

  • Depuis toujours coop-migros ont été un déséquilibre économique pour le commerce
    de détail en suisse. Personne n'a rien fait les paysans en premier pour endiguer ce mal. Une seule action d'envergure il y a environ 3-4 ans. Les coopératives laitières ont fait le jeu aux 2 grands distr. d'aujourd'hui. Ils
    reçoivent la bénediction de la berne fédérale pour tout ce qui leurs conviennent.
    Nous devons garder notre qualité uniquement celà, sortir de nos frontières
    s'il on veut survivre.Sans quoi notre agriculture rencontrera des problèmes
    plus graves que d'accepter ce que la ministre propose.Ce dont je suis persuadé.

  • Messieurs les paysans Suisses, et les autres aussi .....
    Vous vous battez pour sauver vos acquis, mais à quel prix, les PME de ce pays, n'ont pas la même chance que vous ! pas d'allocations familliales pour les petits patrons, et les membres de nos familles qui travaillent avec nous sont soumis à l'AVS ! Le prix des transports augmente et bien soit, aucun subside fédéral en vue il faut faire avec... Vous vivez dans de magnifiques propriétés, avec villa tout confort, souvent la piscine, vous roulez dans des grosses cylindrées, diesel si possible, comme ça vous pouvez vous servir à la pompe des tracteurs, c'est interdit, tant pis vous le faites quand même.... je le sais, mon père est un des votres !
    Vous ne faites que pleurer sur votre sort ... Vous n'êtes que des fondtionnaires finalement, je propose que l'état deviennent propriétaires de vos terres, et que vous soyez salariés, comme ça au moins vous n'aurez plus le beurre et l'argent du beurre comme aujourd'hui.
    Vous hurlez que vous n'avez pas les mêmes avantages que vous confrères européens, mais si je me souviens bien, votre conseiller fédéral de l'époque, Monsieur Jean-Pascal Delamuraz, était fort peu entouré par votre confrérie, vous vous êtes battus pour la non adhésion à la CEE, le 6 décembre vous avez dansé ... et bien pleurez maintenant. Vous vous êtes mis tous seuls dans cette situation, et vous voudriez que l'entier de notre population paie ! Mais moi franchement j'en ai rien à faire, votre viande est dégueulasse de vos légumes pleins de saloperies, et vous avez rendu nos vaches folles, nos poulets malades, vous n'avez aucune compassion pour votre personnel, qui le plus souvent est sous payé, mal logé et traité sans égard aucun, vous ne méritez aucune compassion des autres confédérés. Nous avons simplement la société que nous méritons, c'est triste, mais pourquoi seriez vous encore des privilégiés, IL EST TEMPS QUE VOUS SOYEZ TRAITE COMME TOUTES LES AUTRES ENTREPRISES DE CE PAYS. CELA S'APPELLE LA SOLIDARITE.

  • Comme ledit sans trop de recherche de vocabulaire le mail d'avant lem monde paysan n'est pas au courant des changements qui interviennent dans les autres domaines économique et ne veulent que préserver leur acquis, qui coûte fort cher à l'ensemble de la population, a croire qu'ils sont bientôt des fonctionnaires de la confédération...

    Après 50 ans de pleurs il conviendrait peut être de se remettre en question et d'évoluer avec son temps. A force de rester figé sur ses positions la facture sera plus difficile à payer.

  • M. Mabut, vous avez noté que dans "Le Messager", il y a quelque temps, les paysans savoyards se plaignaient plus ou moins de ne pas pouvoir écouler leurs produits à Genève. Or, sur le plan théorique, si les légumes venaient de la Haute-Savoie et les salariés de Genève du canton de Genève même, bien des problèmes de l'agglomération transfrontalière seraient résolus. Mais chacun a sa propre histoire, ses références intimes. Or, la politique exige souvent des sacrifices. Mais on espère toujours que les autres auront la bonne idée d'être les premiers à vouloir en faire.

  • Si les agriculteurs européens se sont laissés "marcher dessus", pourquoi faudrait-il qu'il en soit de même pour les suisses ?

    Vous, les suisses, vous critiquez votre agriculture à cause des prix. Mais c'est le prix "extérieur" à la Suisse qui est faux, ne vous y trompez pas. Lisez le rapport de l'IAASTD concernant l'agriculture mondiale et vous verrez qu'il ne faut pas aller dans le sens de l'agro-industrie. Faits une recherche Google "agriculture industrielle" et vous trouverez...

    Mesurez bien votre chance d'avoir une agriculture de qualité et dont les normes sont très élevées. Allez voir un peu ailleurs avant de critiquer.

    Quand aux "nouveaux marchés" soi-disant gagnés par une ouverture j'aimerais savoir lesquels seraient vraiment nouveaux...

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