La nouvelle est passée presque inaperçue chez nous. Elle fait l'objet de l'éditorial du Monde daté de dimanche et lundi: le foot français est désormais totalement privatisé.
Non content de payer sa place dans les gradins, les fans devront, dès la saison 2008-2009, payer pour voir les matches de foot de la première division française et même les résumés. La Ligue de football professionnelle a en effet vendu, au plus offrant - pour 668 millions d'euros - et pour les quatre prochaines saisons, les droits de retransmission exclusifs à Canal +, mais aussi, et c'est nouveau, à Orange, la filiale de téléphonie mobile de France Telecom. France 2, qui va perdre le gâteau publicitaire à la suite de la décision présidentielle, abandonne son magazine dominical. Le foot ne fait plus partie de l'info générale.
Evolution inéluctable direz-vous d'un sport spectacle, dont le succès est directement lié à la fortune des clubs et au nombre de vedettes du ballon rond qu'ils peuvent engager. De l'autre côté de la Manche, le même contrat s'est négocié pour 1,3 milliard de francs, note le quotidien français. Qui tente un dernier baroud d'honneur. Et rappelle que la plupart des clubs jouent sur le continent dans des stades largement subventionnés par les deniers publics.
A l'heure où les Suisses sont invités à supprimer la soit-disant double taxation des bénéfices et des dividendes des SA, le fan de foot est invité à passer deux voire trois fois à la caisse: comme contribuable, comme spectateur et comme téléspectateur.
A noter aussi que le contrat avec Orange est une belle illustration d'une antienne maintes fois entendue la semaine dernière à Genève où se tenait la Conférence Lift08 (le site de la TSR nouvo.ch en diffuse les principaux moments):
De nombreux intervenants ont démontré qu'il y avait beaucoup plus d'argent à faire avec l'univers du mobile qu'avec l'internet. Il y a 3,5 milliards de téléphones mobiles dans le monde contre seulement 2 milliards de connexions internet. Le monde du mobile est payant, l'internet est gratuit. Le mobile est bon marché, l'internet exige un ordinateur. Le mobile est à la portée des illettrés par l'internet. Toutes les entreprises ont compris l'équation et investissent ce marché faramineux.
Commentaires
Et oui, après la collectivisation des coûts (construction des stades et infrastructures), on privatise les bénéfices! C'est la marche du monde... inéluctable selon certains...
Pourquoi donc les collectivités marchent-elles dans ce jeux de dupes ? Pourquoi les institutions communales et étatiques investissent-elles autant d'argent dans un sport qui n'en est plus un et qui est devenu une pompe à fric, piloté par un système mafieux , où règnent les escrocs et les marchands d'esclaves ? Où est la cohérence éthique, étatique et comptable ? Où est le conscience de nos politiques ?