Laurent Moutinot, président du Conseil d'Etat, n'a évidemment pas manqué de fêter le 405e anniversaire de l'Escalade avec la société des Vieux-Grenadiers.
On sait que le costume de la vénérable compagnie a pris quelques libertés avec l'histoire, mais qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse. Il en va de même de Genève aujourd'hui dont la majeure partie des habitants ne sont pas du cru.
Et il en allait de même déjà en 1602. Dans sa livraison du 13 décembre, l'hebdomadaire Le Messager de Thonon écrit: "L'étude des protagonistes de cette nuit de l'Escalade montre qu'iln'y avait que peu de "vrais" Genevois parmi les héros et que les assaillants savoyards ne l'étaient pas vraiment!" Et le journaliste Dominique Ernst de poursuivre:
"Du côté des Genevois, la mère Royaume était d'origine lyonnaise alors que Dame Piaget venait de Présilly. Huit des dix-huit 2morts pour Genève" venaient de Savoie voisine (Andilly, Viuz Saint-Jeoire) ou du Piémont et de l'Ain! quant à la troupes des "Savoyards", elle était essentiellement composée de soldats piémontais, napolitains et espagnols, auxquels s'étaient joints des anciens ligueurs français."
"Une chose est sûre, ajoute Le Messager, les population savoyardes limitophes de la ciét de Calvin ont fêté dans la joie la victoire des Genevois. On dit même qu'un grand feu de joi fut allumé à Saint Julien, où six mois plus tard, le 21 juillet 1603 fut signé la paix sous les auspices des puissances de l'époque.
Laurent Moutinot n'a rien dit de tout cela dans son discours. Il s'est contenté de ressassé le mythe de la cité injustement attaquée qui se délivre sans même qu'un chef ne dirige la milice bourgeoise. Que pensait Robert Cramer qui était à ses côté lui qui venait de signer le projet d'agglomération franco-valdo-genevos? N'est-il pas temps, Monsieur le président du Conseil d'Etat de changer de discours?
Commentaires
Bonjour,
Celà doit faire plaisir à M. Stauffer à savoir que déjà en 1602, il y a avait des frontaliers dans la cite de Calvin.
Oui, enfin, il ne faut pas trop rêver. Genève a eu des amis dans le nord du Genevois, et notamment parmi les protestants, assez nombreux, parce que le nord de la Haute-Savoie était, au XVIe siècle, sous protectorat bernois. Mais les Savoyards de Chambéry, par exemple, n'avaient sans doute aucune sympathie pour un mouvement venu de Zwingli qui ôtait à la Savoie toute sa patrie septentrionale, Genève comprise. Or, le centre de la Savoie, c'était bien Chambéry, et non Saint-Julien, rattachée à la Savoie en 1401, comme tout le Genevois.
Le Chablais était lui aussi presque tout conquis au protestantisme, en 1602. Mais le retour relativement fluide au catholicisme montre que le Chablais, vieille terre savoyarde, et très peu liée à Genève (contrairement au Genevois, par définition), se sentait sans doute dans des dispositions proches des Savoyards de Chambéry.
En fait, la question n'était pas ethnique. Les Savoyards étaient réellement attachés à leur prince, sauf pour certains qui se sentaient plus proches de l'esprit de Genève, fondé sur la Cité et les droits de la bourgeoisie. Mais les paysans savoyards ne savaient pas toujours très bien ce qu'ils gagnaient à devenir les sujets des Patriciens des cités libres. Beaucoup ont jusqu'au bout estimé qu'ils gagnaient plutôt à rester les sujets des princes héréditaires. De fait, les libertés communales, par définition, ce n'était pas forcément des libertés pour les paysans. Les magistrats du Prince, de leur côté, étaient fidèles au Prince, comme toujours les fonctionnaires.
En réalité, ce n'est pas cela qui compte. Le passé est le passé. On ne va pas le réécrire pour qu'il devienne plus sympathique aux contemporains, pour la bonne et simple raison que personne n'est réellement obligé de faire comme ses prédécesseurs. Il n'y a pas de forme de devoir historique à continuer à faire pareil qu'avant : pas du tout.
Pour ma part, M. Mabut, j'ai des doutes. François de Sales était né à Thorens, en plein coeur du Genevois (de l'ancien comté de Genève), et je n'ai pas remarqué que les Genevois s'intéressaient spécialement à lui. Et de fait, François de Sales était fidèle au duc de Savoie et au catholicisme. Les comtes de Sales étaient pourtant une des familles les plus anciennes du Genevois. Cela n'a pas grand sens.
Mais enfin, c'est comme j'ai dit : si on veut aplanir les différences, il ne faut pas inventer que les Savoyards avaient tous une ardente envie de devenir les sujets de la Cité de Genève, car en réalité, les opinions étaient assez partagées, à cet égard, et, comme je l'ai dit, beaucoup de paysans n'en avaient en fait aucune envie. Inversement, rien n'empêche les citoyens de Genève de s'intéresser à cette tradition savoyarde faite de seigneurs locaux et de leurs fidèles paysans : ce n'est pas honteux. L'important est de réunir ce qui a été désuni, n'est-ce pas, et non d'inventer que ce qui a été réellement désuni était en fait uni. On ne résout pas les problèmes en les niant. Les Savoyards n'ont pas besoin de renier François de Sales pour devenir respectables, à mon avis.
Je crois qu'il manque deux élélements indispensables à M.Moutinot pour changer quoique ce soit.
Le courage, et l'honnêteté.
Ce mgaistrat n'a aucun envergure car il n'a aucun courage et il est intellectuellement malhonnête. Mais comme il est en place grâce à une clique libérale du même acabit, rien de plus normal.
Vivement 2009 qu'il dégage.
Bravo, M. Canal, je partage totalement votre opinion au sujet de ce bouffon de Mou dans l'eau , non seulement il n''est pas courageux mais c'est un menteur - manipulateur ....
Aujourd'hui non plus, il n'y a point de chef qui dirige la milice ! Et à vrai dire, si on n'y regarde pas de trop près, elle fait bien son boulot.