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Rechercher : Laïcité

  • Genève impose le voile patriotique aux écoliers du canton

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    C'est le député Verts Jean-Michel Bugnion qui s'en lamente dans son blog "Un candide en politique". L'ancien directeur du CO des Voirets s'interroge sur la pertinence "d’apprendre le Cantique suisse à une classe composée d’une majorité d’élèves allophones, issus d’autres cultures, d’autres religions". Il a raison. Imposer le Cantique suisse n'aurait de sens que si tous les élèves devenaient automatiquement suisses à l'issue de leur scolarité obligatoire. On en est loin.

    Je ne connais pas le détail du vote des députés. Le site internet du Grand Conseil ne donne hélas pas (pas encore?) cette information, alors qu'il s'apprête à nouveau à diffuser les débats en direct. Le chroniqueur de la Tribune règle la question en un paragraphe. On suppose que l'UDC a obtenu le soutien sans surprise du MCG. La gauche et les Verts ont dû être contre. Qu'ont voté le PLR et le PDC?

    Le Cantique suisse, que le concours CHymne lancé l'an dernier par la société suisse d'utilité publique veut réformer le 12 septembre 2015, a certes le mérite de n'être point sanglant comme la Marseillaise. C'est une prière patriotique, très ancrée dans le XIXe siècle, et à forte connotation religieuse. Comment des PLR si attachés à la laïcité de l'Etat ont-il pu voter pour ce voile patriotique?

    Au moins auraient-ils pu exiger, dans un souci de cohésion nationale, un apprentissage par cœur dans les quatre langues nationales. Chacun aurait pu mesurer ainsi les subtiles mais non anodises différences qu'impose la traduction des vers. 

    Pour mettre tout le monde d'accord, je ne vois qu'une solution: apprendre l'hymne européen, l'Ode à la joie, ce qui présente l'intéressant défi de l'interpréter à la voix mais sans parole, puisqu'il n'en a toujours pas officiellement (les paroles non officielles qu'on peut lire sur wikipedia me conviennent parfaitement). La Suisse est membre du Conseil de l'Europe (depuis 1963). Il est vrai que l'UDC voudrait s'en retirer.

    drapeau suisse sur geneve.pngL'UDC du Valais veut dénuder la tête des élèves en classe. L'initiative des nationalistes ne surprend pas même si elle est désolante. La députée socialiste Fehlmann Rielle critique, elle, la Tribune dans son blog d'avoir largement répercuté l'affaire (et donc d'en avoir fait la promotion), alors que le quotidien a passé sous silence le vote négatif des députés genevois sur le même sujet il y a quelque temps.

    La députée ne s'émeut pas d'un autre vote, intervenu vendredi soir, celui de la motion UDC M2156, dont la Tribune n'a pas fait non plus ses gros titres samedi. Et qui pourtant impose à tous les écoliers genevoise de porter en chœur le voile patriotique du Cantique suisse. 

  • L'unité des chrétiens: c'est un djihad?

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    Cette Bonne Nouvelle a été recueillie et propagée par les quatre évangélistes Mathieu, Jacques, Luc et Jean, issus de la tradition juive et de quelques textes fondateurs notamment les lettres de Pierre et de Paul. Et des milliers d'autres docteurs, saints et simples quidams depuis.

    Bref, c'est dans les coins les plus reculés du monde qu'il faut évangéliser. Et, évidemment, continuer à  se l'enseigner à soi-même et à ses enfants et à le mettre en pratique (là le pape parle d'expérience forgé qu'il est à la pratique des exercices spirituels d'Ignace de Loyola, fondateur des jésuites, et son parcours parmi les pauvres de Bueno Aires). Et là, on se heurte à quelques problèmes que la grand messe de Palexpo a comme gommé dans une grande illusion. 

    Le premier et le plus important est que l'évangélisation cale dans les pays de culture chrétienne (voir le graphique ci-dessous publié récemment pas La Croix), la transmission grippe que ce soit en parole mais aussi en acte. A Genève, une laïcité que certains érigent en Kulturkampf tend à bannir tout signe et manifestation religieux de la sphère public. Proposer des Bibles dans la rue est mal vu voire interdit, tandis que la liberté d'expression autorise toutes les feuilles antireligieuses.

    Le deuxième problème est que l'évangélisation et l'action missionnaire, qui a accompagné, parfois précédé la colonisation de l'Occident sur le monde entier ou presque, se heurte aujourd'hui à la résistance identitaire de civilisations longtemps dominées voire niées et exterminées par les colonisateurs. Le prosélytisme chrétien est condamné dans de nombreux pays, tout comme ici nous interdisons les minarets. C'est donc au péril de sa vie que la mission s'opère dans plusieurs régions du monde.

    Unis donc dans l'évangélisation, tel est le mot d'ordre de François. Rien à dire sauf que ce commandement sent fort le djihad selon son mode de mise en oeuvre. Là comme ailleurs, c'est le ton qui fait la chanson, tout comme c'est la dose qui fait le poison. 

    Point de contrainte donc en religion! * Ce qui veut dire que chacun doit être libre d'adhérer ou de ne pas adhérer à la Bonne Nouvelle ou à toute autre croyance, philosophie ou science.

     

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    " Ce verset du Coran fait l'objet d'innombrables débats et controverses de la part des non moins innombrables docteurs de la loi islamique, les uns le considérant comme caduc et abrogé, les autres au contraire comme abrogeant les fameux versets contre les mécréants (voir notamment ici)

    tg 24H Pape.jpgLe pape François a donc recadré hier le COE qui, à son avis et à celui de beaucoup d'autres, s'occupe un peu trop de questions sociales et sociétales (entendez d'intégration en tous genres) plutôt que de se focaliser sur sa mission première: l'évangélisation, en bon français l'annonce de la Bonne Nouvelle, une mission commune à tous les baptisés.

    Cette Bonne Nouvelle est évidemment celle de l'homme qui a inversé les valeurs: les premiers seront les derniers, les pauvres ont plus de chance d'entrer dans le royaume que les riches, la femme a plus valeur que le prêtre qui se félicite d'observer la loi, l'amour du prochain englobe l'amour de son ennemi etc. Accessoirement, l'homme en question a vaincu la mort qui nous interpelle ou/et nous effraye tant ...

     

  • Et maintenant le Discours de Saint-Pierre

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    A quelques minutes de la clôture du scrutin du second tour de l'élection de six des sept membres du Collège gouvernental, la question demeure évidemment ouverte, même si tout le monde pense que Pierre Maudet, dont la tête dépasse volontiers, sera le prochain coupeur de rubans de la République. Encore qu'une configuration 3 - 3- 1 donnant à Mauro Poggia un rôle de pivot au sein du gouvernement laisse toutes les hypothèses ouvertes. 

    La Constituante n'a pas seulement décidé, à l'article 105, de rendre permanente la fonction présidentielle, elle a aussi fait, à l'article 107, du Discours de Saint Pierre, le brouillon du programme de législature qui devra être présenté au Grand Conseil avant la fin de l'année, lequel doit se déterminer dans un délai de 2 mois. 

    La relecture du discours de 2013 est un exercice de modestie. Qui trop embrasse mal étreint. L'auteur du discours 2018 devra s'en souvenir. 

    Françoois Longchamp terminait son allocution par ces mots: 

    "Cela fait exactement 704 ans que le gouvernement de Genève prête serment ici même, sous la tutelle protectrice des mêmes pierres, sous les élans des mêmes voûtes. La sacralité du lieu nous rappelle que l'exercice du pouvoir est un acte grave. Sa grandeur et sa permanence nous invitent à l'humilité, car ce pouvoir ne nous appartient pas, mais nous est délégué l'espace d'un temps, comme un patrimoine que nous devons enrichir pour le bien de tous. Au-delà de ce qui nous distingue, nous le ferons dans la conscience de nos responsabilités"

    Au fait, la loi sur la laïcité permet-elle que le Conseil d'Etat prête serment devant une Bible ouverte?

     

    * On se souvient du gouvernement monocolore dont l'élan fut coupé net six mois après son élections avec le rejet des projets d'autonomisation du Service des autos et de la clinique de Montana. La dernière législature a pareillement été stoppée avec la mise en péril des accords bilatéraux avec l'Europe le 9 févreir 2014 et sur le plan local avec le refus des Genevois de cofinancer à hauteur de 3,5 millions quelques parkings d'échange en France voisine.

    131210_Prestation_Serment_38.jpg"Il y a 200 ans, Genève a choisi la Suisse... Mais Genève n'a pas choisi sa frontière. La vraie frontière de Genève, celle que la nature avait dessinée avant que la politique ne se mêle de géographie, c'est le Salève et le Jura." Ainsi commençait le discours de Saint-Pierre prononcé le 10 décembre 2013 par François Longchamp, premier président du gouvernement durable de la République et Canton de Genève. Ainsi qu'en avaient décidé les 80 constituants, pensant donner aux institutions une sinon une figure tutélaire du moins un homme à la barre.

    C'était oublier que la démocratie directe qui caractérise la gouvernance en Suisse et à Genève coupe vite la tête des Exécutifs. Une forme de révolution permanente, pourrait-on remarquer en ce 200e anniversaire de la naissance de Marx, gage d'une politique mesurée, équilibrée, mais aussi un peu frustrante*. 

    Que sera le Discours de Saint-Pierre du 31 mai 2018? Et qui le prononcera?