Et maintenant le Discours de Saint-Pierre (06/05/2018)

131210_Prestation_Serment_38.jpg"Il y a 200 ans, Genève a choisi la Suisse... Mais Genève n'a pas choisi sa frontière. La vraie frontière de Genève, celle que la nature avait dessinée avant que la politique ne se mêle de géographie, c'est le Salève et le Jura." Ainsi commençait le discours de Saint-Pierre prononcé le 10 décembre 2013 par François Longchamp, premier président du gouvernement durable de la République et Canton de Genève. Ainsi qu'en avaient décidé les 80 constituants, pensant donner aux institutions une sinon une figure tutélaire du moins un homme à la barre.

C'était oublier que la démocratie directe qui caractérise la gouvernance en Suisse et à Genève coupe vite la tête des Exécutifs. Une forme de révolution permanente, pourrait-on remarquer en ce 200e anniversaire de la naissance de Marx, gage d'une politique mesurée, équilibrée, mais aussi un peu frustrante*. 

Que sera le Discours de Saint-Pierre du 31 mai 2018? Et qui le prononcera?

A quelques minutes de la clôture du scrutin du second tour de l'élection de six des sept membres du Collège gouvernental, la question demeure évidemment ouverte, même si tout le monde pense que Pierre Maudet, dont la tête dépasse volontiers, sera le prochain coupeur de rubans de la République. Encore qu'une configuration 3 - 3- 1 donnant à Mauro Poggia un rôle de pivot au sein du gouvernement laisse toutes les hypothèses ouvertes. 

La Constituante n'a pas seulement décidé, à l'article 105, de rendre permanente la fonction présidentielle, elle a aussi fait, à l'article 107, du Discours de Saint Pierre, le brouillon du programme de législature qui devra être présenté au Grand Conseil avant la fin de l'année, lequel doit se déterminer dans un délai de 2 mois. 

La relecture du discours de 2013 est un exercice de modestie. Qui trop embrasse mal étreint. L'auteur du discours 2018 devra s'en souvenir. 

Françoois Longchamp terminait son allocution par ces mots: 

"Cela fait exactement 704 ans que le gouvernement de Genève prête serment ici même, sous la tutelle protectrice des mêmes pierres, sous les élans des mêmes voûtes. La sacralité du lieu nous rappelle que l'exercice du pouvoir est un acte grave. Sa grandeur et sa permanence nous invitent à l'humilité, car ce pouvoir ne nous appartient pas, mais nous est délégué l'espace d'un temps, comme un patrimoine que nous devons enrichir pour le bien de tous. Au-delà de ce qui nous distingue, nous le ferons dans la conscience de nos responsabilités"

Au fait, la loi sur la laïcité permet-elle que le Conseil d'Etat prête serment devant une Bible ouverte?

 

* On se souvient du gouvernement monocolore dont l'élan fut coupé net six mois après son élections avec le rejet des projets d'autonomisation du Service des autos et de la clinique de Montana. La dernière législature a pareillement été stoppée avec la mise en péril des accords bilatéraux avec l'Europe le 9 févreir 2014 et sur le plan local avec le refus des Genevois de cofinancer à hauteur de 3,5 millions quelques parkings d'échange en France voisine.

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