Genève impose le voile patriotique aux écoliers du canton (22/02/2015)

drapeau suisse sur geneve.pngL'UDC du Valais veut dénuder la tête des élèves en classe. L'initiative des nationalistes ne surprend pas même si elle est désolante. La députée socialiste Fehlmann Rielle critique, elle, la Tribune dans son blog d'avoir largement répercuté l'affaire (et donc d'en avoir fait la promotion), alors que le quotidien a passé sous silence le vote négatif des députés genevois sur le même sujet il y a quelque temps.

La députée ne s'émeut pas d'un autre vote, intervenu vendredi soir, celui de la motion UDC M2156, dont la Tribune n'a pas fait non plus ses gros titres samedi. Et qui pourtant impose à tous les écoliers genevoise de porter en chœur le voile patriotique du Cantique suisse. 

C'est le député Verts Jean-Michel Bugnion qui s'en lamente dans son blog "Un candide en politique". L'ancien directeur du CO des Voirets s'interroge sur la pertinence "d’apprendre le Cantique suisse à une classe composée d’une majorité d’élèves allophones, issus d’autres cultures, d’autres religions". Il a raison. Imposer le Cantique suisse n'aurait de sens que si tous les élèves devenaient automatiquement suisses à l'issue de leur scolarité obligatoire. On en est loin.

Je ne connais pas le détail du vote des députés. Le site internet du Grand Conseil ne donne hélas pas (pas encore?) cette information, alors qu'il s'apprête à nouveau à diffuser les débats en direct. Le chroniqueur de la Tribune règle la question en un paragraphe. On suppose que l'UDC a obtenu le soutien sans surprise du MCG. La gauche et les Verts ont dû être contre. Qu'ont voté le PLR et le PDC?

Le Cantique suisse, que le concours CHymne lancé l'an dernier par la société suisse d'utilité publique veut réformer le 12 septembre 2015, a certes le mérite de n'être point sanglant comme la Marseillaise. C'est une prière patriotique, très ancrée dans le XIXe siècle, et à forte connotation religieuse. Comment des PLR si attachés à la laïcité de l'Etat ont-il pu voter pour ce voile patriotique?

Au moins auraient-ils pu exiger, dans un souci de cohésion nationale, un apprentissage par cœur dans les quatre langues nationales. Chacun aurait pu mesurer ainsi les subtiles mais non anodises différences qu'impose la traduction des vers. 

Pour mettre tout le monde d'accord, je ne vois qu'une solution: apprendre l'hymne européen, l'Ode à la joie, ce qui présente l'intéressant défi de l'interpréter à la voix mais sans parole, puisqu'il n'en a toujours pas officiellement (les paroles non officielles qu'on peut lire sur wikipedia me conviennent parfaitement). La Suisse est membre du Conseil de l'Europe (depuis 1963). Il est vrai que l'UDC voudrait s'en retirer.

22:26 | Lien permanent | Commentaires (4)