Dans ce temps présent, où la peur de mourir des effets asphyxiants d'un virus est revenue déranger nos jours et nos nuits, il ne semble pas déranger grand monde qu'on s'excuse d'une caricature parue dans une Lettre d'information du Monde alors que les mêmes censeurs ont chanté l'absolue liberté d'expression à propos des caricatures de Mahomet ou du Christ. On dira que ce n'est pas la même chose. Pourtant, c'est la même chose.
Toujours dans ce temps, qui file au rythme antique des rotations quotidiennes et des navigations écliptiques et annuelles de notre planète, la France se donne une Charte sur l'islam de France. Un document qui ne fait pas l'unanimité mais qui mérite d'être lu. Il tente de réaffirmer, ici et maintenant, les valeurs du vivre ensemble dans notre voisine République, lequel exclut tout séparatisme des lois de la République, viendrait-il de Dieu mais surtout de ses lieutenants, salafistes ou autres Frères musulmans, qu'on dit hérauts du primat de la loi divine sur la loi des hommes.
Ce primat de la loi divine fut, il n'y a pas si longtemps, la pensée des réformateurs et des papes jusqu'à Vatican II. C'est encore un fait en Chine où la vulgate communiste s'impose tel un credo. Et chez nous aussi où la liberté du commerce règne en principe immanent.
A noter que La Croix consacre ces dix prochains jours une série à l'Islam: L'islam, pourquoi c'est compliqué. A suivre, alors que les Suisses sont appelés une fois encore à tomber dans le piège de l'identité. Le 7 mars nous votons sur l'interdiction de la burqa sous prétexte d'interdire les masques. Et l'anonymat, va-t-on aussi le proscrire?
A lire le blog de mon estimé confrère Jean-Noël Cuénod, qui fut président de la commission de préparation à la loi sur la laïcité à Genève: Islam : la Charte sur un toit brûlant
L'inceste est un crime condamné dans la Bible déjà, rappelle Maurice-Ruben Hayoun dans son blog. Et dans toutes les lois. Mais qui se soucie encore de la Bible dans notre société laïque avancée? La loi, c'est la coercition. Il est interdit d'interdire a proclamé la génération de Mai 68. C'est aussi le procès de cette utopie que fait "La familia grande", analyse Jean-Michel Olivier dans son blog. Le temps de la moraline est venu. Le temps est à la dénonciation des crimes anciens: colonies, esclavage, exploitation des pauvres, des femmes, des enfants, des bêtes, de la nature, du climat. Il n'est pas fini le procès de l'homme blanc. On efface tout et on recommence! Cancel culture.
La mémoire a pourtant cette faculté d'occulter les mauvais souvenirs et de raviver les petits bonheurs des temps passés. C'est sans doute la raison qui nourrit la nostalgie des autrefois chéris, dont on a gommé les vicissitudes, à tort ou à raison. Il y a bien sûr des exceptions. Un cri soudain peut libérer et guérir de douleurs enfouies et indicibles.