Le père Cramer aurait fait un bon jésuite (22/04/2009)

Robert Cramer a-t-il manqué sa vocation?

"Vous êtes un excellent prédicateur" lui a lancé Jean Pierre Mockry hier sur le coup d'une heure de l'après-midi. Le curé de l'église catholique chrétienne de Saint-Germain résumait d'un mot le sentiment de la petite assemblée qui venait d'entendre le commentaire de l'Evangile de Mahtieu 6 prononcé par le ministre du territoire et conseiller aux Etats. En la chaire de l'austère temple de la rue des Granges, première église où fut prêchée la Réforme, le père Robert avait tout l'air d'un pasteur. Ce n'est pas la première fois qu'un ministre s'essaie à cet exercice. L'an dernier, Charles Beer avait choisi de discourir sur la Tour de Babel.

 

Robert Cramer est catholique. Il ne pratique pas, mais a failli entrer au petit séminaire avant de bifurquer vers la politique. "Durant mon année de présidence, confesse-t-il à l'issue de sa causerie donnée dans le cadre des Midis lumineux de St Germain, je n'ai prononcé pas un seul discours sans y glisser le mot amour." Amour et responsabilité et solidarité aussi furent sans surprise les mots charpentiers de son sermon. Un propos qu'il n'a pas hésité à enrichir de citations puisées dans le Livre qu'il feuilletait avec un rien de sensualité, sans doute amusé par le glissement soyeux du papier bible.

Un propos un peu fade à mon goût, un peu retenu. A l'heure où Genève fait figure de citadelle laïque dans un monde battu par le retour des fondamentalismes, à l'heure où la cité commémore le 500e anniversaire de la naissance de son réformateur qui fut aussi son premier constitutionnaliste, j'attendais du ministre vert un peu plus d'audace.

Le texte choisi est un paradoxe, explique l'homme politique. Dans sa première partie, il semble frappé d'un certain fatalisme dans le sillage duquel se sont plus tard inscrits les Saint Augustin et autres Calvin, que Robert Cramer ne cite pas. C'est la célèbre formule "Aime et fais ce qu'il te plaît". Le reste te sera donné de surcroît. A s'en tenir à cette première approche, l'homme ne paraît guère responsable de la création. Ce n'est évidemment pas l'avis du ministre de l'environnement, des transports et des communes: la seconde partie du texte nous invite, dit-il, clairement à mesurer nos actions et à être responsables de nos actes.

- Auriez-vous pu prononcer ce discours dans une école, ai-je demandé à l'homme politique, dont c'était la première intevention dans une église?

- Non, m'a-t-il répondu, je n'aurais pas tenu ces propos dans cette forme, laïcité de l'école oblige.

- Mais est-il donc interdit de lire la bible ou le coran à l'école?

- Non, mais il conviendrait clairement d'indiquer dans quel but pédagogique on évoquerait ces livres.

Le sujet est délicat et le moment guère propice à approfondir la réflexion. On notera cependant que l'école genevoise qui commande la visite obligatoire de l'exposition du zizi sexuel a encore du chemin à faire pour aborder la spiritualité des élèves.

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