Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : ceva

  • Pourquoi le PLR et le PDC ont perdu la majorité et ne sont pas près de la retrouver

    Imprimer

    partis grand conseil ocstat.jpgCertes, plusieurs partis flirtent avec le quorum de 7%, au-dessous duquel un parti se voit privé de sièges au Grand Conseil. Lesquels? Ensemble à gauche, l'UDC, le PDC, les Verts, GEM. Les radicaux qui ont forgé la République de 1848 à 1961 ont préféré sortir de la zone dangereuse de la relégation en fusionnant avec les libéraux.

    Certains se plaignent de ce couperet. Heureusement qu'il existe. Vous imaginez un Grand Conseil formé de 15 partis politiques?

    Le parti le plus menacé est Ensemble à gauche. Le puzzle des forces de la gauche de la gauche est revenu au Grand Conseil en 2013, après 12 ans d'absence, grâce à une fédération opportune mais pas durable de toutes ses tendances (ou presque). Cette fois, deux députés, dissidents ou expulsés selon les points de vue, le duo Orsini-Gauthier, tentent leur chance seuls. Les autres partis espèrent fortement que la Liste pour Genève capte suffisamment de suffrages dans l'électorat d'EàG pour faire trébucher l'ensemble et se répartir ses 8 sièges. Je fais le pari - risqué - que ça n'arrivera pas. 

    La liste Femmes devraient grappiller quelques voix un peu partout. De ce fait,elle ne devrait pas modifier fortement la répartition des forces.

    Au centre et à droite, ce n'est pas mieux. Les évanégilques ont certes compris que pour faire élire un des leurs il fallait s'intégrer dans un parti au pouvoir. C'est le cas de l'agricultrice Bidaux-Rodriguez qui a de bonnes chances d'être élues au PDC (et mériterait de l'être). En revanche, les Verts libéraux et le PBD feront une fois de plus de la figuration privant leur famille naturelle, le PLR-PDC pour les premiers, et l'UDC pour le second, de quelques voix.

    Restent GEM et la question pourquoi le PLR et le PDC ont-ils perdu la majorité au Grand Conseil? 

    GEM veut la peau du MCG. Il ne devrait pas l'avoir. L'argent ne fait pas le bonheur en politique, du moins sous nos cieux (enfin, on l'espère). Le MCG a accumulé, lui, un trésor de guerre et n'a pas perdu l'art de faire campagne et de mobiliser ses troupes. Le parti antifrontalier laissera sans doute quelques plumes dans l'aventure et devrait faire jeu égal avec le parti socialiste. 

    Le mariage de raison entre les radicaux et les libéraux est-il consommé? Pas sûr. Le PLR devrait gagner un ou deux sièges (plus si EàG est relégué sous la barre des 7%) mais ne reconstituera vraisemblablement pas la force qui était la sienne avant la fusion. Quant aux PDC, le cour erratique que lui a donné récemment son appliqué président, le bon dr Buchs, (voir l'affaire du glyphosate) et les figures sympathiques mais controversées de ses deux conseillers d'Etat ne devraient pas déboucher sur un changement significatif de sa représentation au Grand Conseil.

    C'est que le PLR et le PDC sont minés en leur sein même. Ils sont indéniablement les porteurs de la prospérité de Genève, du Grand Genève et de la libre circulation des travailleurs de l'UE, même si l'initiateur du projet d'agglo franco-valdo-genevois fut le Vert Cramer, qui y forgea surtout l'accord nécessaire à la construction, grâce aux deniers fédéraux, des trams et du CEVA, deux modes de transports du XIXe siècle, coûteux et structurant, alors que le XXIe parie sur la flexibilité et la gratuité (mai là n'est pas le sujet). 

    Encore que, il est frappant de constater que le Grand Genève a subi un coup de frein sévère à la suite du fameux niet au cofinancement - modeste -des parkings d'échange en France voisine. La traversée du lac, autre projet routier emblématique, ne fait pas l'unanimité à droite (les communes riches et PLR-PDC de la rive gauche sont contre). 

    Quant à la croissance économique et à la libre circulation, elle ne font pas (plus) non plus l'unanimité au centre droit. Le bricolage fédéral pour se sortir de l'ornière du vote du 9 février 2014, l'application d'une forme de préférence sociale (dénomination genevoise de la préférence cantonale), la concurrence accrue que les entreprises locales peinent à conter - et pas seulement dans le bâtiment - que ce soit au niveau des appels d'offres ou des contrats de gré à gré, la fin du secret bancaire, l'irruption effrénée de nouvelles entreprises mondialisées (et américaines) dopées aux nouvelles technologies des données et de l'information et aux premiers algorithme auto-apprenant, la peur de s'empoisonner, le vieillissement de la population, tout cela, arrosé d'une culture éclatée qui ne sait plus trop à quel saint se vouer, génère une forte angoisse.

    Les partis à la marge y puisent leur fond de commerce dénonciateur et revendicateur. Mais sans solution sérieuse.

    Le PLR et le PDC restent, eux, sans voix ou presque. Ces deux partis manquent terriblement d'empathie et d'écoute, malgré leurs efforts. Voilà pourquoi ils ne retrouveront pas la majorité dimanche.

    armoirie drapeau geneve.jpgLa législature qui s'achève a été particulièrement frustrante. Quelques modestes succès, beaucoup d'échecs. La faute, non pas aux députés qui, pris individuellement sont tous des personnalités respectables à quelques exceptions près. la faute au Grand Conseil tout de même, dont la division en trois blocs de force presque égale n'a pas permis d'assurer une majorité solide au gouvernement. Un gouvernement qui était paradoxalement composé de personnalités exceptionnellement proches politiquement les unes des autres. On était loin du temps où des Grobet, des Segond, des Ziegler, des Calmy-Rey, des Brunschwig Graf, des Cramer pour n'évoquer que les derniers temps, pesaient de tout le poids sur le collège.

    Que le Grand Conseil soit privé d'une majorité est une première dans l'histoire genevoise. Le MCG a fait la balance. Partout et nulle part, ce parti de rouspéteurs a fini d'ailleurs par éclater. Son aile droite constitué par le duo Stauffer Zacharias est devenue GEM (que je n'aime pas). Le reste des troupes courtise les fonctionnaires, comme le parti socialiste, au détriment de l'intérêt général. Et ce n'est pas dénigrer les agents de la fonction publique que de dire cela. Tout lobby qui devient trop puissant est détestable.

    Cette division du Grand Conseil reflète la division de l'électorat du canton. Il n'y a pas de raison de penser que cela change beaucoup ce dimanche 15 avril.

  • Deneys - Halpérin: le choc de l'Athénée

    Imprimer

    Il n'y a pas lieu de se demander si l'impôt est moral ou pas, poursuit l'avocat en substance. L'impôt est défini par la loi,  laquelle est votée par une assemblée démocratique. L'Etat de droit est fondé sur l'idée que la loi définit le bien commun.

    "Lorsque le peuple baisse les impôts. il n'est pas moins moral que lorsqu'il accepte de les augmenter", lance Michel Halpérin à Roger Deneys qui estime que "la baisse d'impôt n'est pas acceptable tant qu'il y a des pauvres dans la cité et des gens qui meurent de faim sur terre". Le socialiste dénonce cet esprit libéral qui envahit la société et transforme le citoyen en un consommateur d'Etat. On en veut pour notre argent. On oublie la solidarité.

    A la question de savoir si la concurrence fiscale est morale? Le libéral répond à la stupéfaction du socialiste: "S 'évader d'une prison n'est pas une infraction en droit suisse, c'est un peu le même principe qui s'applique à l'évasion fiscale."

    Pas du tout, elle est parfaitement morale, continue Michel Halpérin: "Un Etat, comme une entreprise, doit s'adapter à son environnement."

    athénée grand_salon2.jpgMercredi, le Conseil des Etats a refusé par 26 voix contre 12 d'accorder aux autorités fiscales des cantons suisses les mêmes droits que ceux que la Confédération a accordés aux fiscs étrangers à propos de l'évasion fiscale, s'il n'est pas amoral de vouloir baisser les impôts par la voie parlementaire, n'est pas amorale de cherche à y échapper à titre individuel?

    Pour le socialiste Deneys, la réponse est évidente. L'évasion fiscale est une fraude contre la société, elle doit être sanctionnée. Lorsqu'un riche dispose de dix millions de revenu, l'imposer à 90% lui laisse encore un million pour vivre.

    Pour le libéral Halpérin, la Suisse, sous la pression internationale, a cédé des droits de regard excessifs aux autorités fiscales étrangères. La conception suisse qui fait la distinction entre l'oubli et la production de faux pour échapper au fisc est tout à fait acceptable. Voulez-vous emprisonner la serveuse de bistrot qui ne déclare pas l'intégralité des pourboires ou cet homme qui tond le gazon d'une personne âgée voisine? Je connaiss des situations où 120% des revenus sont prélevés par le fisc.

    L'idée d'une amnistie fiscale qui revient régulièrement dans l'actualité n'est-elle pas la preuve que la moralité fiscale n'est plus ce qu'elle était?

    Deneys comme Halpérin n'est pas enthousiasmé par ce projet. L'un parce qu'il blanchit des fraudeurs qu'il faut poursuivre, l'autre parce qu'il n'y en aurait pas tant que ça. "D'ailleurs le peu d'avidité des autorités fiscales est le meilleur garant de la morale citoyenne", tranche Michel Halpérin. Mais nous sommes sans doute d'accord sur le principe d'une telle mesure.

    Il se fait tard. Les deux débataires échappent au débat.

    Roger Deneys n'entre pas volontiers sur le terrain de l'efficacité de l'Etat. Il est convaincu que moins d'impôt, c'est moins d'Etat, moins de solidarité. Et de donner un exemple saisissant: la baisse d'impôt de 500 millions que se sont votés les Genevois en septembre c'est le prix du CEVA en trois ans.

    Michel Halpérin fait semblant d'ignorer que les pauvres exitent et s'insurge contre cette tendance qui fait que l'on attend tout de l'Etat. C'est aux parents d'être responsables de leurs enfants et de subvenir à leurs besoins et même aux besoins de leurs prorpres parents âgés.

    Un propos qui fait bondir le socialiste. La classe moyenne ne parvient pas nouer les deux bouts. Nous étions d'accord de baisser les recettes fiscales de 200 millions pour alléger la charge des familles. Mais nous avons refusé le cadeau fait aux plus riches.

    PS: grand merci aux sept internautes qui ont bien voulu commenté mon billet précédent. Vos contributions me sont précieuses, même si elles sont rédigées sous le sceau de l'anonymat. J'invite tous les lecteurs de ce billet à en prendre connaissance

    DENEYS_55_-JPEG.jpghalpérin.jpgPénétrer dans les salons du Palais de l'Athénée, juste à côté de la Mairie de Genève, c'est pénétrer dans l'histoire de Genève. Hier soir, la passe d'armes verbale qui a opposé le député socialiste Roger Deneys au président du parti libéral Michel Halpérin sur le thème "Vouloir payer moins d'impôt, est-ce moral?" a eu lieu dans le grand salon tiré d'un tissu pourpre rehaussé de portraits d'illustres genevois, où fut signé l'acte de fondation de la Croix-Rouge.

    La joute verbale était organisée par la classe de l'industrie de la Société des arts. Elle n'a pas fait couler le sang, même si le ton était vif et les propos parfois mordants. Roger Deneys n'hésite pas à qualifier un grand industriel de délinquant fiscal lorsque celui-ci décide après avoir vendu son entreprise de s'installer à Gstaad, villégiature où la fiscalité est plus douce. La concurrence fiscale que se livrent les communes et les cantons est-elle morale, s'interroge ce patron d'une PME membre de l'association des patrons progressistes?

    Michel Halpérin s'insurge. "Dites-moi où commence la justice fiscal, à  quel taux?" Et l'avocat de brosser à grands traits l'histoire de l'impôt. Au début, c'est par la rapine et le butin de guerre que le prince remplissait ses caisses. Vient le temps des fermiers généraux, puis celui de l'impôt proportionnel et enfin de l'impôt progressif. "L'argent est au bout du fusil", clame l'avocat qui tempère un peu plus tard ses propos en jurant qu'il n'est pas contre l'Etat social moderne.

  • 500 mètres de ville en plus: trop tôt, trop tard!

    Imprimer

    Dans son "Projet pour une métropole transfrontalière" qu'il rend public ce 28 janvier, 500mdv+ tamtame deux autres des ses dadas: la ville linéaire et le transfert de la gare centrale de Genève à la Praille.

    L'ouvrage de 165 pages, réalisé par d'anciens maîtres et directeurs de l'aménagement officiel, apparaît désormais comme un point d'orgue d'une lutte perdue, celle de casser la logique de l'amibe. L'amibe et ses pseudopodes, c'est la forme du développement urbain de Genève qui s'opère le long des voies romaines qui rayonnent de la cité, un modèle que Cramer et ses urbanistes ont poussé à l'extrême dans le cadre de ce qui est devenu le Grand Genève, prolongeant les bras de l'unicellulaire jusqu'aux bourgades françaises et vaudoise de Nyon, de Ferney-Voltaire, de Saint-Genis, de Saint-Julien, de Reigner, de Bonneville, de Thonon.

    500mdv+ plaide pour des alignements urbains longilignes, le long de la ligne de chemin de fer abandonnée du Pays de Gex, le long des rives du lac, le long du pied du Salève. Comme les bras de l'amibe, la ville linéaire n'a pas de centre, donc pas d'âme. Elle sort du cerveau d'urbaniste qui veulent imprimer leur marque dans le territoire contre le développement des bourgades qui ont un coeur, une identité, des rêves d'indépendance, des autorités propres. La ville amibienne comme la ville longiligne ne sont qu'alignements communistes de barres anonymes, dont on trouve les traces brutales dans les travaux de l'architecte genevois Braillard.

    500mdv+ plaide aussi pour une gare centrale à La Praille, qu'il situe entre la mairie de Lancy, l'ancienne ferme Pictet, où un aïeul des banquiers actuels avait contribué avec son élevage ovin à acclimater en Europe le mouton mérinos..., et la route des Jeunes, construite par les chômeurs des années 30.

    Le bon point de ce projet c'est de dire la vérité sur Cornavin, une gare trop petite pour accueillir le développement du trafic ferroviaire grandes lignes et RER, qu'une étrange coalition peut agrandir à des coûts pharaoniques et sans aucune perspective d'avenir.

    Le mauvais point c'est de faire croire que le flux des voyageurs ira au-delà du Bachet de Pesay. Le CEVA réalise certes une connexion planifié dès la fin du XIXe siècle mais sans issue. Jamais le Mont-Blanc ne sera percé d'un tunnel et il est très peu probable que la France rétablisse la voie du Tonkin en direction du Valais.

    Personnellement, je penche franchement pour le projet de Charles Pictet, pas le banquier, l'architecte, qui défend le développement ferroviaire sur l'axe du plateau suisse et de la France suivant la ligne existante et promeut le transfert progressif de la gare de la Praille à Colovrex ou le transfert modal route rail air est idéal et offre des perspectives à long terme, comme la construction d'une ligne ferroviaire sur le côté Jura de la piste de l'aéroport pour relier la zone industrielle de Meyrin Satigny, offrant au Pays de Gex un raccordement ferroviaire. Cela implique de dédoubler la gare de Cornavin en faisant arriver les grandes lignes à l'aéroport d'abord avant d'arriver à Cornavin ou de rejoindre Annemasse. Ce schéma libérera des voies à Cornavin en attendant qu'un pont sur le lac établisse une connexion entre l'aéroport et la vallée de l'Arve puis Annecy. Mais ce n'est pas l'option de 500 mdv+.

    Ce billet n'a pas la prétention d'épuiser les éléments contenus dans le Projet pour une métropole transfrontalière. Nous y reviendrons donc. L'ouvrage a au moins la vertu de montrer qu'un autre développement est possible. Ce n'est pas le moindre de ses mérites.

    Reste encore à faire œuvre didactique, comme l'a fait Studio Basel qui inspire nos aménagistes retraités. Créer une BD qui tente l'impossible mission d'expliquer au commun des mortels ce qu'est l'urbanisme. Peut-être qu'on trouve dans le monde fabuleux des ordijeux quelque chose, genre simcity, qui pourrait aider à faire avancer le chmilblik.

    Sur l'urbanisme on trouvera d'autres billets ici.

    On peut relire aussi le blog Metropole Genève

    500 mètres de ville en plus s'invite - maladroitement - dans le débat du 9 février sur la densification des zones de développement, ces zones que les urbanistes des années 30 à 50 ont dessinées autour de la vile de Genève et de quelques villages, prévoyant d'un avenir et d'une croissance qu'on ne craignait pas alors.

    500 mètres de ville en plus a toujours milité pour un pont routier et ferroviaire au-dessus de la rade, un projet très actuel. Il pourrait devenir un contre-projet à l'initiative UDC qui elle veut un tunnel entre le quai Wilson et le Port-Noir. Il s'inscrit un peu en amont de cet axe, bien plus près de la Ville que la traversée du lac entre le Vengeron et Collonge-Bellerive, que le TCS soutient désormais, lui qui a longtemps milité pour le tunnel ressuscité par l'UDC. Le Grand Conseil genevois doit décider s'il lui oppose un contreprojet auquel cas la commission aura encore un an pour en définir les contours.

    Pas sûr que le pont de fer de 500mdv+ contribue à la sérénité des débats... Une fois encore, la coalition des non, des décroissants, des muséophiles va l'emporter, au grand bonheur de tous les mikados qui peuplent notre parlement et qui ne représentent plus que 60% des habitants de Genève - les autres sont privés des droits civiques - et moins de 50% de ceux qui y travaillent...