Dans le cas de la CEP, des députés ont reconnu en séance plénière que la tâche avait dépassé les capacités du parlement. Péché avoué est à moitié pardonné, mais le parlement nouveau sorti des urnes le 15 avril va-t-il en tirer des leçons? Qu'est-ce qui a dysfonctionné?
Dans le cas de la loi sur la laïcité, les dysfonctionnements - durée de l'examen en commission, longueur du débat en plénière pour aboutir au vote d'une quinzaine d'articles - tiennent plus à des options politiques et à des conceptions du vivre ensemble qui étaient difficilement conciliables. Mais c'est le cas de la plupart des objets soumis au jeu parlementaire. La politique est forcément affaire de compromis, sinon des robots pourraient tout à fait régler les comportements comme les feux de circulation le font très bien aux carrefours.
Demeurent les questions:
- Pourquoi faut-il autant de temps et de palabres aux députés genevois pour accoucher d'un rapport, d'une loi?
- La faute tient-elle uniquement à l'absence de majorité, à la présence de quelques tribuns plus soucieux de paraître que d'être, au combat politique?
- Y a-t-il dans la boîte à outils démocratiques des façons de faire qui permettraient d'augmenter la performance du pouvoir législatif?
- Est-ce une affaire de formation des députés, une question de culture qui serait ici moins consensuelle, davantage portée à la querelle?
- Que font notre Université, nos HES, les états majeurs de l'Etat pour apporter leur science dans la résolution de ces problèmes?
Partout ailleurs, les consommateurs en veulent pour leur argent. C'est détestable mais c'est ainsi. Ils sont prêts et n'hésitent pas à tester et à changer de fournisseurs dès lors qu'ils estiment pouvoir trouver - juste à côté ou sur l'Internet - de meilleures prestations meilleure marché. Ou/et, s'ils restent de fidèles clients et s'en vantent, ils font savoir d'une manière ou d'une autre qu'ils pourraient changer. Leurs fournisseurs comprennent très bien qu'ils ont tout intérêt à aligner leurs prix et leurs niveaux de service à la concurrence.
Rien de tel au niveau des institutions politiques et étatiques. On a les gouvernants qu'on mérite, dit-on. Et si vous n'êtes pas content, vous pouvez toujours voter avec les pieds!
Peu le font évidemment ce qui préserve l'Etat, ses institutions et ses serviteurs d'être sensible à leur performance personnelle et collective.
Je pose donc cette question aux nouveaux élus: quel est le potentiel d'économie, d'efficacité, de performance, niché au coeur de l'entreprise Canton de Genève (cantons et communes comprises évidemment)?
J'offre un bon repas à celle ou celui qui m'enverra la meilleure proposition.
NB: Qui voudrait survoler l'activité du Grand Conseil peut toujours de tenter une évaluation via ses rapports d'activités. Bonne chances d'y trouver la moindre mesure un tant soit peu objective. Celui sur l'année 2017 est sorti cette semaine.
Etude de la composition du Grand Conseil du canton de Genève et des conditions dans lesquelles les député-e-s exercent leur mandat par Pascal Sciarini, 2003. Une étude qui a gardé une bonne part de sa pertinence et mériterait d'être mise à jour.
Mon activité de responsable des pages Opinions, Courrier des lecteurs et du forum des blogs - à 70% depuis un an - ne me laisse guère de temps pour rédiger. Cette semaine fait exception puisque j'ai publié une perspective et un article sans prétention. J'en parle parce que la perspective m'a valu quelques commentaires positifs et même une interview sur le sujet - la performance du Grand Conseil genevois - par Radio Cité.
Le mot performance a été mis en question par les députés que j'ai contactés. On peut certes en discuter mais l'autre mot que l'on utilise plus généralement - l'efficacité - renvoie à la même obligation, celle de définir les critères de rendement et de l'économie parlementaire.
Qu'est-ce qu'une bonne loi? Combien de temps faut-il pour voter, modifier un texte légal? Comment fait-on pour évaluer la pertinence, l'efficience d'une loi? Qu'est-ce que le contrôle parlementaires? Comment doit-il s'exercer? Deux affaires récentes montrent combien le parlement genevois est loin d'être performant, efficace... La commission d'enquête parlementaire sur l'affaire Adeline et la loi sur la laïcité. Deux fiascos de première classe. Sans conséquence sur les jetons de présence des élus. Au contraire.