Le problème des Genevois, c'est qu'ils ont de tout temps réclamer le beurre et l'argent du beurre. Ils veulent pouvoir vivre dans une ville sans circulation, généreusement arborée, tout en jouissant d'un bon niveau de confort, de revenus et de rentes qui sont parmi les plus élevés du monde, de centres de soins et de culture dignes de capitales, d'un niveau élevé de liberté, de leurs droits de citoyens.
Certes Genève n'est pas la meilleure ville du monde (10e derrière Zurich, Vienne, Copenhague, Luxembourg, Helsinki, Taipei, Oslo, Ottawa, Kiel, dit l'index picsa (prospérité et inclusion sociale) dévoilé jeudi à Bilbao). Peu faire mieux donc. Encore qu'à l'exception de Luxembourg, Genève compte au minimum trois fois moins d'habitants que les autres capitales qui la précède.
Les Genevois font figure - en comparaison - un peu des enfants gâtés. Evidemment, il y a aussi des pauvres chez nous. Mais moins qu'ailleurs. La plupart sont encadrés et soutenus bien plus qu'ailleurs.
Gérer la croissance est le défi quotidien de la plupart des villes. Beaucoup n'y parviennent pas. Grâce à sa position très particulière qui en fait une péninsule entourée par la France, Genève est la seule agglomération qui rechigne à s'étendre ou à construire en hauteur. La croissance urbaine saute par dessus la sacro-sainte zone agricole locale et bourgeonne à 10, 15, 20 kilomètres du centre ville. Le CEVA va mettre Thonon, Evian, Bonneville, La Roche-sur-Foron à une petite demi-heure de Geneva downtown (le coeur du PAV autour de la gare Pont-Rouge).
Au fond cet urbanisme, formé d'un alternance de cercle bâti non bâti, n'est pas mauvais. Encore faut-il réussir à organiser un jeu gagnant gagnant avec la France voisine. Le dernier blog d'Antoine Vielliard, maire de Saint-Julien, permet d'en douter.
Les Genevois devraient accepter de grandir et avec eux les immeubles qui les logent et les font travailler. Pari sans doute difficile en démocratie où hélas seul un citoyen sur trois sacrifie à son devoir. Mais pari auquel il ne faut pas renoncer.
PS: René Longet dans son blog du jour pose de bien pertinentes questions. Cependant on attend d'un politicien chevronné qu'il offre des solutions et des modes d'emploi pour les concrétiser.
Rupestre, le mot naguère accolé à la ville de Lausanne par un co-maire de Genève vert avait quelque peu tendu les relations entre les deux bourgades sœurs ennemies lémaniques (on ne saurait parler de métropole en regard des gigavilles qui attirent désormais plus d'un terrien sur deux).
Le sobriquet va-t-il s'appliquer à Genève? Les votations de ce dimanche sonne, entend-on, comme un coup de semonce à l'endroit de ceux qui n'ont que le mot croissance dans la bouche et veulent construire la ville en ville.
Genève ne va pas s'arrêter de croître. Ni son aéroport, placé désormais devant le défi d'être une plate-forme inventive et pionnière aux avions électriques.