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  • Facebook et le Grand Conseil

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    A mon offre de chroniquer sa nouvelle aventure publique à la tête de l'Eglise protestante, Charlotte Kuffer me répond:

    "Persuadée qu’une partie importante de l’échange des idées et de la vie sociale passent par la toile (j’ai 3 filles jeunes adultes!), je pense cependant qu’actuellement je ne puis retenir votre offre.
    Au moins deux raisons à cela, la première est que, dans ma fonction, il n’est pas tant attendu de moi de m’exprimer ad personam que de relayer les réflexions et prises de parole de l’Eglise, construites, le plus souvent dans le cadre de notre parlement (le Consistoire) d’une part, ou en cellule médiatique pour l’actualité émergente immédiate. L’autre raison, moins centrale, est celle du temps qu’il faudrait y consacrer pour faire cela sérieusement et qui ne me paraît pas compatible avec les charges qui seront les miennes
    ."

    Et ma réponse

    Je comprends vos deux raisons, encore que, pour la première, il y a un double défi intéressant à relever. Comment dire votre actualité et être l’observateur de vos actes dans le fil des jours. J’imagine que votre fonction vous amène à écrire des textes ou à prononcer des discours en en public. Le blog est le bon moyen de les rassembler et dentrer en dialogue avec d'autres personnes. Ces textes officiels pourraient faire le fond du blog. Il suffit d'y ajouter un billet personnel par semaine à la mode du conseiller fédéral Moritz Leuenberger et le compte est bon.

    Quant au temps, c’est notre prison à tous, encore que chaque seconde a sa durée. Demain peut-être. En tant qu’ancien paysan, je sais qu’il faut être patient entre les semailles et la récolte.

    Quant aux candidats au Grand Conseil, quelques-uns ont ouvert un blog sur notre site. Mais la plupart se réfugient, pour l'heure, dans le communautarisme confortable de Facebook, où ils créent des groupes: tartampion au Grand Conseil genevois. FB, un outil plus ludique sans doute que le blog.

    FB offre surtout ce pouvoir indicible des empereurs qui d'un geste du pouce vous condamnent à la plèbe ou vous invite dans le cercle des vivants. FB permet de contrôler un peu sa coterie et exclure les importuns, de se forger sa petite République de copains. Ce n'est là qu'un avatar de démocratie et plutôt une nouvelle aristocratie où ne sont citoyens que les amis de mes amis.

    J'invite donc tous les candidats à affronter le gros temps de la démocratie, de la vraie celle où tous les habitants ont droit à la parole, même s'ils l'écorchent, même si parfois leurs coups de gueule dépassent les règles du débat citoyen. Oser ouvrir un blog c'est oser s'exposer un peu, c'est aussi apprendre les règles de la liberté d'expression et peut-être de les forger ensemble. Le blog est un outil pédagogique.

    Bonne semaine à toutes et à tous

     

    Mabut_Jean-Francois_Bassedef.jpgQue fais-tu à la Tribune? J'anime les blogs et j'en publie quatre ou cinq plus ou moins régulièrement: le mien Vu du Salève, la Gazette de la Constituante, Métropole Genève, un regard critique sur le projet d'agglomération franco-valdo-genevois, Webzine et, plus épisodiquement Macadam Genève? Ah bon! C'est un boulot de journaliste ça?

    Je crois que oui, dès lors qu'une des fonctions du journalisme est de susciter et de promouvoir le débat citoyen, par la pertinence et la qualité de l'information, par la neutralité du forum qu'est l'espace de débat rédactionnel (print ou net peu importe), par la police qu'il exerce (ou peut exercer) sur le forum.

    Il y a loin certes de la coupe aux lèvres: tous ce que les blogueurs publient ne relèvent pas du débat démocratique, les informations qu'ils publient sont souvent biaisées, non fondées, peu sourcées, voire fausses. Quant à la courtoisie qui devrait présider au débat, elle varie au gré des sujets et des auteurs. Mais, après plus de deux ans à la tête de la plateforme de blogs de la Tribune, je constate une certaine maturité.

    Deux obstacles dissuadent toujours nombre de blogueurs potentiels de se jeter à l'eau: le temps et le qu'en dira-t-on. Deux exemples: la nouvelle présidente de l'église protestante et le débarquement des candidats au Grand Conseil genevois sur Facebook.

  • CEVA: que se passera-t-il si c'est non!

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    Côté passion un très bon débat donc. Côté démocratie participative, le score est plus difficile à établir. Match nul? Retour sur un événement médiatique et perspective si le résultat devait être négatif dimanche prochain. Je parie pour ma part qu'il n'en sera rien et que le crédit sera adopté par 60% des citoyens. Moins ce serait un giffle à la classe politique genevoise.

    Les partisans et opposants du CEVA ont surtout répété leurs arguments en boucle.

    "Le tracé du CEVA est peut-être ancien, a déclaré Robert Borrel, mais le vôtre est vieux!" L'ancien maire d'Annemasse a tout de même concédé que le barreau sud n'a pas toujours été un projet sans avenir. Il fut un temps, à la fin du siècle dernier où le barreau sud était le projet phare des décideurs de Genève et de la région (voir à ce sujet l'analyse d'alp Rail datant de1998), qui espéraient relier non pas seulement la vallée de l'Arve à la Côte vaudoise ou Thonon à Nyon, mais avaient l'ambition de relier le plateau suisse à Grenoble (et surtout à la ligne TVG Lyon Turin), via une ligne moderne à construire entre Saint-Julien et Annecy.

    Dix ans plus tard, c'est une autoroute qu'une entreprise privée a bâtie et fait financer par un péage: un projet PPP comme on dit en Suisse. Un partenariat public privé qui a sonné le glas du barreau sud. En tant que ligne internationale. Pas forcément en tant que ligne RER. J'ai déjà eu l'occasion de citer l'étude de l'architecte Barthassat qui propose après le CEVA un RER La Praille Saint-Julien Bernex, Satigny Saint Geny Gex Divonne Nyon.

    Le barreau sud a donc encore de l'avenir. Tout comme une traversée du lac conjointe avec le bouclement est du périphérique genevois qui connectera bien mieux que le tracé du CEVA Cointrin à la vallée de l'Arve et à Annecy (pour autant que Réseau ferré de France veuille bien améliorer la ligne actuelle). Musique d'avenir donc.

    Si le 29 novembre le vote devait être négatif - ce que je ne crois pas - ce serait la marque d'un divorce grave entre la classe politique et les Genevois. Divorce durable, car l'on entend ici et là que le refus d'un crédit supplémentaire de 113 millions ne saurait remettre en question le crédit principal de 1,47 milliard de francs.

    Il était sur ce point très intéressant d'entendre jeudi soir à Uni Mail Mark Muller affirmer, à la suite de l'ancien maire d'Annemasse, que tous les chantiers publics connaissent des dépassements. Lors de la conférence de presse du séminaire mobilité organisé par le projet d'agglomération franco-valdo-genevois le 5 novembre dernier à St-Cergue, Robert Borrel a clairement répondu à un journaliste que "compte tenu de la dimension du budget global du CEVA, il ne devrait pas être difficile de trouver des économies à hauteur du crédit supplémentaire demandé."

     

    Freymond cantone souriante.jpgQuelle foire d'empoigne, jeudi à Uni Mail! Quel ramdam! Rarement débat genevois aura été aussi disputé. Fabienne Freymond Cantone, municipale chargée des Finances à Nyon, députée socialiste vaudois, a eu bien du mal en fin de soirée à se faire entendre. Chahutée elle aussi par les opposants au CEVA, de loin champions dans l'invectives des débataires. (Voir son interview vidéo ci-dessous et le fil du débat ici)

    Du côté des partisans, ce n'était pas mal non plus, mais ce sont plutôt des applaudissements qui ponctuaient les bons mots ou les tirades des quatre invités de la Tribune favorables à la liaison ferroviaire entre Cornavin et Annemasse, que Genève attend depuis 100 ans.

  • Un an de blogs à la Tribune

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    Une blogueuse genevoise en voyage en Thaïlande me demande: "Au fait que faites-vous à la Tribune?" Bonne question qui tombe bien. ça fera exactement un an le 21 mars que www.tdg.ch navigue dans la blogosphère.

     

    Je suis donc depuis un an animateur des blogs sur le site de la Tribune et producteur d'un blog perso (318 billets et 521 commentaires à ce jour), mais aussi sur http://constitution.blog.ch et http://metropolegeneve.blog.ch. deux blogs publics dont je voudrais qu'ils deviennent la gazette en ligne de la Constituante et un espace d'information et de débat du projet de l'agglomération franco-valdo-genevois.

     

    J’écris animateur car le mot responsable sous-entendrait que je serais responsable des blogs et de leur contenu, ce qui n’est pas tout à fait exacte, même si je supervise leur contenu et peux [et non "peut" comme écrit dans une première version fautive] effacer un billet ou un commentaire qui violerait la loi. Notre Charte des blogs précise en effet que les blogueurs sont responsables des messages et des commentaires publiés sur leur blog. Notez que cette question de la responsabilité éditoriale est régulièrement débattue. Et que les avis sont partagés. Cette semaine encore des poursuites vaines ont été intentées à des sites du web 2.0 (les sites qui accueillent et relayent les écrits et productions multimédia des internautes). Lire ici et ici.

     

     

    Malgré une plate-forme un peu spartiate et peu performante, nous avons attiré entre cent et deux cents blogueurs de l’arc lémanique (nous partageons la même plate-forme que 24 Heures). Un score modeste en regard de nos ambitions initiales. C’est que de nombreux obstacles retiennent les quidams de relever ce défi éditorial que je tiens pour révolutionnaire, au même titre que la mise au point des caractères mobiles d'imprimerie, le PC ou l’Internet. C’est en effet la première fois dans l’histoire que tout un chacun peut publier dans le monde entier ses opinions quasiment sans frais, sans délais et sans relais. Vertigineux non ?

     

    Ce vertige nourrit d’ailleurs des angoisses qui freinent certains blogueurs, persuadés qu’ils n’ont rien à dire et encore moins à écrire (scripta manent) qui puissent intéresser leurs contemporains. C’est fou comment des adolescents à l’imagination foisonnante voient avec l’âge s’installer tout plein de préventions et barrières à la créativité et à la liberté d’expression. D’autres au contraire prennent prétexte de la faible audience des blogs pour renoncer à éditer leurs textes. Il est vrai que l’audience reste pour beaucoup confidentielle. Cependant, nos meilleurs blogueurs cumulent plusieurs milliers de visiteurs uniques par mois. Il n’y a pas beaucoup de livres qui atteignent ces scores.

     

    Mais les principaux obstacles sont le temps et le risque. Le temps qui dans notre monde semble être la seule chose qui n’augmente pas. 24 heures par jour, pas une seconde de plus (sauf les années bissextiles et une fois par siècle). Encore que la voiture, le TGV, Easy jet, l’internet et le speed dating nous font gagner du temps. Ou en perdre. C’est une question de point de vue

     

    Le risque met le doigt sur un paradoxe magistral de notre société libérale dite avancée. A Genève en particulier, où l’esprit est sensé souffler en tempête, la plupart des blogueurs potentiels, qui déclinent poliment notre offre, invoquent le risque des ennuis potentiels que pourraient déclencher la diffusion de leur prose dans la blogosphère. Sous couvert de devoir de réserve, de loyalisme, de politiquement correct et de « je-ne-veux-surtout-pas-d’emmerdes », le principe de précaution marche à fond.

     

    Derniers obstacles enfin à la prolifération des blogueuses et des blogueurs, la gestion des commentaires et la maîtrise de l’expression écrite. Les blogs, il faut bien le reconnaître, sont truffés de commentaires abscons, triviaux, anonymes. Eradiquer cette pollution, trier les messages prend un temps fou. Un véritable travail de Sisyphe. Et pose d’innombrables et délicates questions sur les limites au-delà desquelles les règles de courtoisie ou de pertinence sont considérées comme bafouées. Un sacré défi posé aux concepteurs de blogs convoqués pour inventer des filtres intelligents.

     

    En allemand comme en français, rares sont nos concitoyens, dans ce pays de sept millions d'habitants, qui maîtrisent correctement leur langue maternelle. Héritage sans doute d’une culture taiseuse et d’une école publique qui n’est pas encore parvenue à corriger des siècles de mutisme institutionnalisé. Plus grave, cette école publique n’est même pas parvenue à transmettre tout simplement les outils de la narration, de l’humeur, de l’information ou de la poésie. Rares sont donc les internautes à la plume déliée, plus rares encore ceux qui savent exploiter toute la richesse des liens hypertextes et importer des images et de textes pour enrichir leurs billets.

     

    Au terme de ce billet trop long - la concision est aussi un art du blog - je me console en pendant que la blogosphère est encore en phase d’apprentissage. Il me faut donc laisser le temps au temps et multiplier la promotion des blogs.