Pas de référendum à Bardonnex contre le crédit de 1,35 million pour la nouvelle école sur le champ Mermillod, voté par 12 voix et 4 abstentions le 13 octobre par le Conseil municipal. La future école de Compesières sera vraisemblablement (hélas*) construite sur une parcelle exiguë, perdue dans la campagne, à trois cents mètres du hameau capitale de la commune de Bardonnex, parce qu'aucun élu n'a pas eu le courage de remettre sur le métier le projet bien intégré sous un toit de tuiles (de Bardonnex), lauréat d'un concours d'architectes réalisé en bonne et due forme à la fin des années 90, mais sabordé par un quarteron d'architectes fétichistes, qui ne jurent que par le béton et le cube**.
En revanche, le 8 décembre, un crédit de 230'000 francs pour la construction d'une déchetterie enterrée sur la boucle du bus à Bardonnex n'a pas fait l'unanimité. Le projet est combattu par un référendum lancé par des voisins, dont Laurent Molnarfi, qui a créé un blog Ecopoint Bardonnex pour animer la campagne. Il avait déjà alerté la Tribune. Il est relayé sur son site par Bardonnex Alternative. Le PDC qui détient deux fauteuils sur trois à la Mairie décidera le 12 janvier de son opposition au référendum.
Et moi et moi et moi? Je n'ai pas lancé de référendum contre le premier crédit de l'école. Vais-je signer le référendum contre la déchetterie de Bardonnex? Les écopoints fleurissent sur tout le territoire cantonal. Et comme le canton et les communes sont riches, nos édiles ont choisi d'enterrer ces déchetteries. Quoique pas partout. En ville de Genève, plusieurs écopoints sont installés sur des places de parking (photo rue de la Coulouvrenière, cliquer pour l'agrandir). Reste pour deux qui sont enterrer à leur trouver un emplacement suffisamment central sans trop gêner le voisinage. Choix cornélien s'il en est.
Ce n'est pas tant la sauvegarde des arbres de la boucle du bus qui m'incitera à soutenir cette opposition communale. Les arbres, ça repousse. Le coût de l'infrastructure me paraît en revanche énorme. Que coûtent les tournées de ramassage au porte à porte? Va-t-on vraiment faire des économies? Va-t-on vraiment augmenter le taux de tri des déchets? Et où va-t-on implanter de tels écopoints à Charrot et à Landecy?
A Croix-de-Rozon, un écopoint a déjà vu le jour au chemin des Forches. Il n'a rien coûté à la commune. La dépense fait partie des coûts de l'opération immobilière et est donc à la charge des propriétaires et des locataires. Ce sera la même chose à La Mure où une centaine de logements doivent voir le jour d'ici 2023 ou 2024. En revanche, à la route des Hospitaliers, c'est la commune qui a prévu d'investir 200'000 francs pour remplacer la déchetterie existante devant l'immeuble des Charbonnières. Quant est-il du projet Implenia au chemin d'Archamps. A-t-on prévu un écopoint, à la charge des nouveaux habitants, dont profiteront les anciens?
Le site internet de la commune - toujours en chantier - n'offre aucune réponse à ces questions, notamment parce que les exposés des motifs à l'appui de ces crédits, tout comme les rapports des commissions chargées d'étudier les projets ne sont pas publiés, ce qui est sans doute contraire à la loi genevois sur l'information du public. J'invite les conseillers municipaux à lire les articles 18 et 22 de ladite loi.
Le référendum sera l'occasion d'en débattre. Il offrira aussi l'occasion de s'interroger sur nos déchets, nos choix de consommation, le recyclage et la durabilité des objets de notre quotidien. Sur l'incinérateur des Cheneviers et sur cette autre question que le Grand Genève n'a pas su résoudre: Pourquoi les déchets des communes genevoises ne sont-ils pas collectés pour être incinérés avec les déchets français à Bellegarde, dont l'usine est reliée par le rail, Genève s'occupe bien du traitement des eaux usées de nos voisins?....
Bref un référendum, c'est comme un bon compost riche en surprises.
* Mes fidèles lecteurs savent mon opposition à ce projet que j'ai plusieurs fois présentée dans ce blog. Je défends la construction d'une nouvelle école à La Croix-de-Rozon où habitent plus de deux habitants sur trois de la communes et où il n'y a pas un mètre carré d'espace public digne de ce nom. De très nombreuses écoles genevoises hébergent une centaine d'élèves, contre plus de 200 à Comepsières. On pourrait ainsi conserver l'école de Compesières actuelle et créer un groupe scolaire à La Croix-de-Rozon, transfrontalier pourquoi pas ou même mixte en partenariat avec une école privée.
** Le 11 août 2004, le Tribunal fédéral a confirmé la décision du tribunal administratif genevois de refuser l'autorisation de construire une école de six classes à l'emplacement de la ferme de Compesières. L'autorisation, octroyée en 2001 par le DAEL est tombée car le canton avait omis de classer préalablement le hameau de Compesières en zone de construction. La loi 12162 de déclassement n'a été votée qu'en 2019. Les défenseurs du patrimoine voulait en finir avec la pratique courante jusqu'alors d'ériger des infrastructures publiques et de toiletter la zone ensuite. Ce faisant, elles privaient de fait les opposants du droit de référendum, car tout changement de zone est une loi.
Cette opposition légaliste n'était en fait qu'un prétexte. Les architectes en cours voulaient en fait empêcher la construction d'une école qui ne marque pas son siècle. Leur logique n'était pas sans logique: Compesières est à bien y regarder un patchwork, où chaque bâtiment affirme son siècle sans égards pour ses voisins. Ainsi le château est une maison forte progressivement flanquée de tours qui lui donnent son allure défensive bien connue. L'église a pris en 1830 sa dimension actuelle, se faisant plus grosse que le château. L'école fut plantée là en 1900 par le pouvoir radical alors tout puissant, qui entendait bien affirmer la prééminence de l'école républicaine dans un territoire catholique resté fidèle à Rome et qui une génération plus tôt s'était rebellé contre l'autorité cantonale. Enfin, la ferme a subi de nombreux transformation et agrandissements (qui contrebalancent heureusement le volume de l'église). Dans ce patchwork, la seule solution architecturale logique est d'ajouter une école du XXIe siècle: cube, verre et béton.