Fêter ses noces d'or est banal. Il n'est plus rare de voir des couples passer le cap de 60 ans de vie commune: des noces de diamant. Les Municipalités invitent les jubilaires à un bon repas (que reçoivent les mal-portants, les placés en EMS, les veufs?).
Quel est le sens de cette sympathique attention? Une prime à la fidélité, à la longévité, à la patience réciproque, , à la fécondité, à l'amour? Une mienne amie m'a raconté avoir reçu cette invitation l'an dernier. La Mairie n'avait pas noté que son époux était décédé prématurément...
On fête (l'imparfait serait plus juste) les travailleurs fidèles qui cumulent 30, 40 ans dans l'entreprises. Ces fêtes se raréfient. La fidélité conjugale s'émousse, s'épuise comme l'attachement à une entreprise. Il est même bien vu de changer, de multiplier les expériences, de recomposer les familles et de devenir son propre entrepreneur. Pour quelle société?
A Compesières, ce dimanche 20 septembre, une poignée de fidèles a participé aux noces de diamant de l'abbé Xavier Lingg avec... le Christ, son Eglise, le peuple de Dieu (cochez ce qui convient).
L'abbé est un prêtre remarquable, d'une foi et d'une fidélité qui force le respect. Y a-t-il eu des zones d'ombre dans la longue existence de cet octogénaire, toujours enthousiaste? Je n'en sais rien. Dans le bulletin paroissiale qui publie son autointerview, rien de filtre de ses doutes, de ses questionnements, de ses failles. Rien non plus dans son prêche de jubilaire, quoiqu'on sent entre les lignes que la prêtrise n'est pas un long fleuve tranquille.
Il est vrai que l'église catholique réserve l'autocritique au secret de la confession. Et c'est tant mieux. Cependant, en ces temps où le moindre trébuchement est épinglé dans les médias, alimente les conversation de bistrots, est même pain béni pour qui tient - c'est toujours assez bien vu - des discours anticléricaux voire antireligieux, on se demande comment vivent ces hommes consacrés. La foi sans doute.