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"Un monde malade"

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yanomani wik.jpgAlors que les églises et les temples sont vides et que les clercs ne sont plus reproduits (c'est surtout vrai en Europe où la cure d'âme est devenue psychothérapie remboursée par la sécurité sociale), France 2 diffuse le dimanche matin, Les chemins de la foi, islam, orthodoxie, judaïsme, bouddhisme, protestantisme, catholicisme, à chacun sa tranche horaire en fonction approximative du poids démographique et culturel de ces traditions.

Il est 11h, quatre dominicains et autant de laïcs chantent la messe dans l'intimité d'un studio aux allures d'appartement aménagé et la fragilité des voix a capela. Coronna virus oblige, on est loin des cathédrales élancées au-dessus de nos vieilles cités et des orgues orgueilleuses. A plusieurs reprises, le célébrant parle d'un "monde malade".

Notre monde est-il malade? L'est-il plus qu'autrefois?

Les mythes et les religions ont toujours tenu le monde pour inachevé ou perverti et même condamné à la fin des temps. Chacun le voit ou le sent ou l'expérimente, même si les programmes politiques promettent des lendemains qui chantent, la terre n'est pas le paradis. Elle ne l'est plus, dit la tradition biblique car notre désir d'"être comme des Dieux" - qui n'est pas une faute ni un péché mais notre simple condition - nous en a chassé.

Bien plus tard, il y a deux mille ans, selon le compteur solaire qui est le nôtre, une irruption historique et incroyable du Dieu vivant dans le monde révèle une Bonne Nouvelle - celle de ce dimanche raconte l'aveugle qui croit en Lui et recouvre de ce fait la vue - mais aussi que son royaume n'est pas de ce monde.  Donc pas de paradis terrestre en vue, mais tout de même pas mal de plus et de mieux depuis que le monde est monde, malgré les prophètes qui annoncent la fin du monde pour bientôt. 

Dans leurs "Dernières nouvelles de Sapiens", Silvana Condemi et François Savatier font le point sur notre espèce, vieille de quelques centaines de milliers d'années, au regard des dernières connaissances acquises par les savants et leurs milles façons de faire parler le moindre bout de dent. C'est assez passionnant.

Vers la fin de ce petit bouquin, bien moins prétentieux que Sapiens d'Hariri, nos deux auteurs consacrent un paragraphe sur les ravages des guerres endémiques auxquelles se livraient nos ancêtres il y plus de 10'000 ans.

Ils citent l’anthropologue Lawrence Keely de l'Université d'Illinois. Dans War before civilization, il note que chez les Yanomami, le nombre de morts masculines représente jusqu'à 36% de la population, à comparer à 0,1% dans les nations ayant pratiqué la guerre industrielle en Europe au cours du XXe siècle. "La réalité, note Condemi et Savatier, est que les sociétés d'aujourd'hui, aussi atrocement violentes qu'elles puissent paraître, le sont moins que celles du passé!"

Un duel de géants dans le monde des microbes

La pandémie qui nous effraie aujourd'hui et fige le monde n'a sans doute pas dit son dernier mot et personne ne peut dire si elle fera plus ou moins de malheureuses victimes que la grippe annuelle. Hier soir, Arte diffusait "Un duel de géants dans le monde des microbes", un documentaire sur la rivalité qui a opposé à la fin du XIXe siècle Pasteur et Koch. 

Passionnant et incroyable éclairage, tant en ce qui concerne les ravages des épidémies alors, les relations entre ces deux hommes pris dans la compétition scientifique et la concurrence guerrière que se livrait leur pays, qu'au plan de l'état alors balbutiant des connaissances sur les micro-organismes. Stupéfiants en particulier les protocoles de recherche et de tests, à mille lieues éthiques et techniques des nôtres, pour démontrer au monde la supériorité de leur science et de leurs vaccins (Pasteur pour la rage, Koch pour la tuberculose).

Seules cinq ou six générations nous séparent de ce temps-là. Dans 150 ans, regardera-t-on  les savants et les politiciens du temps présent avec la même sidération? 

Je ne le crois pas. Les progrès accomplis sont indéniables, les relations internationales largement apaisées, même si le paradis reste pour ce monde hors de portée et les rechutes tragiques toujours possibles.

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