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Johnny, le dernier show de Jean-Philippe

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hallyday 2.jpgL'ampleur des hommages rendus à l'idole des jeunes m'étonne, mais n'est pas étonnante. Le peuple a toujours eu besoin de communier. Le voici dans une grand messe.

L'émotion est au people ce que la raison est au citoyen. Nous sommes l'un et l'autre. Il faut donc des deux en dose que Dieu, la hasard, la vie ou la mort mesure. Et que le (show-)business, la politique, les médias, les réseaux sociaux, flattent, exploitent, explosent. La France qui fut nagère la fille aînée de l'Eglise ne se sait plus trop ce qu'elle est en ce jour de quasi deuil national, un curieux assemblage de paganisme et de catholicisme.

Je suis Charly. Je suis Johnny? Non, les premiers sont morts en martyrs du terrorisme islamiste, le chanteur est mort dans son lit, usé au terme d'une vie menée à 100 à l'heure. Charly est le poil à gratter des institutions. Johnny n'a gratté que sa guitare. Remarquablement sans doute, mais pas sans être le soutien d'un camp.

Dans les hommages que retransmettent pieusement les grands prêtres des médias, rares sont les rappels aux incartades du citoyen Johnny, sa démesure, ses dépenses inconsidérées, son exil fiscal dans nos montagnes, son blanc cercueil. On écoutera entre autres à ce propos le Grain à moudre que France Culture a consacré vendredi à ses idoles nationales. Des propos plus mesurés, moins populaires, moins populistes.

"Je sais que vous attendez qu'il surgisse ici sur une moto...", dit Macron sur le parvis du temple de la Madeleine. Emmanuel a su rappeler les origines multiculturelles de ce jeune Belge, dont les inspirations viennent du blues des Noirs américains et de nombreux auteurs et compositeurs. Il a su capter l'amour de ses fans, des Français et incarner leur énergie qui font une nation. Johnny... c'était une part de la France.

Tandis qu'un million de gens restent suspendus dans un frileux soleil parisien, au chœur de l'église, les guitares évoquent ses tubes, le rituel fait son oeuvre, sobre, irréel, éternel, les amis des arts ajoutent leur touche d'émotion. Il manque une voix. Une idole ne meurt pas. Elle s'éteindra avec ses fans. Peut-être.

Demain est un autre jour.

 

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