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Tous saints: de 1 à 10

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bosh enfers.jpgEn ce jour férié dans les pays catholiques, alors que la chrétienté commémore le 500e anniversaire de la protestation d'un curé  rebelle, un certain Martin Luther, choqué par la vente par Rome des indulgences (ces laisser-passer pour le paradis qui permettaient aux chrétiens d'alors, terrorisés à l'idée de griller pour l'éternité dans les enfers à la Jérôme Bosh), en ce jour de la Toussaint donc, qui voit les vivants - j'en suis - déambuler dans les cimetières un pot de chrysanthème à la main et se remémorer leurs morts, je m'interroge sur l'état de mon curseur de sainteté.

Où suis-je? De 1 à 10, comme l'échelle de la douleur, commune désormais dans nos hôpitaux, où nous mourrons tous ou presque désormais, car la mort comme la naissance est de nos jours affaire - très bonnes affaires pour eux - des spécialistes, des experts des médecins, qui ne savent pourtant ni juger du début ni de la fin des choses...

De 1 à 10, où suis-je? Dans quel état j'erre?

J'élimine le 1 et le 10. Je verse quelques oboles pour les pauvres, mais je n'ai pas donné tout ce que j'ai pour suivre le Christ. Au-dessous de 5 ou au-dessus? Suis-je bon pour l'enfer ou le paradis?

La question ne taraude évidemment que ceux qui croient que quelque chose existe avant la vie et après la mort ici-bas. Les autres, athées pas agnostiques,  ne sont pas sans questionnement métaphysique. Beaucoup croient par exemple que le polyphosphate est dangereux et qu'il faut donc l'interdire, comme l'énergie nucléaire, l'excès d'alcool ou de drogue...

Ils sont nombreux les croyants. Et leur croyance est de toute nature: du grand serpent au sage Bouddha, du Dieu (père, fils et esprit) des chrétiens à l'Allah  unique des Mahométans. 

Jean-Claude Carrière leur a consacré un livre paru chez Odile Jacob en 2015. "Croyance"est un réquisitoire sans concession contre toutes ces illusions que les hommes ont créé et continuent de créer pour répondre à leurs questions existentielles. Toutes ces croyances sont sans objet, dit le dramaturge qui s'y connaît, constatant que peu importe d'ailleurs l'objet de la croyance, ce qui compte c'est la croyance elle-même: je crois donc je suis. 

L'ouvrage est une petite somme qui peut en déstabiliser plus d'un. Et je me suis donc interroger moi aussi sur la persistance de la croyance. Carrière décrit surtout le passif de ce penchant. Et il est lourd. Les massacrés, les torturés, les décervelés sont innombrables en effet, ceux que, par amour même, pour le bien, pour leur Salut, on a voulu contraindre à croire comme soi.

Carrière ne dit mot ou presque de l'actif. Or des croyants saints, il y en a. Beaucoup. Et même plus que ces fous, ces croisés, ces fondamentalistes de tout poil, ces djihadistes qui sèment la mort et la désolation, montent les braves gens les uns contre les autres et font - c'est le malheur des journalistes - la une des journaux, au point de faire croire qu'ils sont plus importants que les sages, les vertueux, les gentils, les serviables, les proches aidants, les consolants, les amis, les généreux, les cœurs purs, les artisans de paix...

Bonne Toussaint à tous!

Commentaires

  • Il me semble évident que la croyance en un avant et un après est incontournable dès le moment où nous prenons conscience du programme génétique qui nous contraint à tout faire pour survivre. Impossible de s'arrêter à une éventuelle échéance.
    Sauf que, cette intelligence qui nous anime devrait aussi nous permettre de comprendre la vanité d'un tel besoin de perdurer au-delà, quelles qu'en soient les raisons.
    La science ne nous donnera, espérons-le, jamais toutes les réponses, mais elle commence à dévoiler la supercherie des religions qui tablent sur nos inquiétudes pour vendre leur sauce.
    Je me réjouis personnellement de laisser la place aux suivants. J'espère juste avoir contribué valablement à la transmission du savoir relatif et temporel qui devrait permettre à l'humanité d'avancer sans chercher à arriver nulle part.

  • " Beaucoup croient par exemple que le polyphosphate est dangereux et qu'il faut donc l'interdire, comme l'énergie nucléaire, l'excès d'alcool ou de drogue..."
    Vous pensez sérieusement que cela participe de la métaphysique ? Expliquez-nous ça...

  • Merci. J'ai apprécié le propos intelligent, nuancé, peut-être même risqué en ces temps où un agnosticisme de salon passe mieux.

  • Merci. J'ai apprécié le propos intelligent, nuancé, peut-être même risqué en ces temps où un agnosticisme de salon passe mieux.

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