Salman Rushdie dans Le Temps du 17 septembre dit: "Oui Dieu doit s'en aller. Dieu est une idée dépassée. A une certaine époque, nous avons eu besoin de Dieu, parce que nos connaissances sur le monde étaient bien moins avancées... Les histoires de création que racontent les religions du monde sont extraordinaires, mais nous savons désormais qu'elles sont toutes fausses! S'agissant de l'éthique, je n'ai plus besoin d'un prêtre pour savoir ce qui est juste ou ce qui est faux. Pour moi cette dimension-là doit aussi être dépassée..."

Rushdie est athée. Ces propos n'ont cependant pas de sens si on ne les met pas en rapport avec la condamnation à mort prononcée par Khomeini en 1989. Rushdie est né à Bombay d'une famille musulmane du Cachemire indien.

Dans la tradition chrétienne, Dieu a en fait quitté le monde il y a 2000 ans, après la résurrection de son Fils et son élévation dans les cieux.

Cependant, pour les chrétiens la mue d'un monde sans un Dieu immédiatement présent est loin d'être achevée. En islam (qui renvoie à la notion de soumission), elle ne semble même pas avoir commencé. La coutume de tenir Dieu pour responsable de la pluie et du beau temps, de la maladie et des tremblements de terre est tenace et connaît en ce XVe siècle de l'ère islamique une fièvre particulière. Contrairement à ce que pense Rushdie, l'humanité n'est sans doute pas assez adulte pour se passer de Dieu.

Même chez les chrétiens, l'idée du Dieu tout puissant, créateur du ciel et de la terre, auquel l'homme est soumis, cède difficilement la place au Dieu tout amour que le Christ, fils d'homme, a été et est.

Il faudra que je lise le dernier bouquin de Rushdie pour savoir quelle place il donne à l'amour du prochain.