La chimie, c'est mal, sauf quand ça fait du bien. Et encore. Au terme de sa semaine consacrée aux tueurs de pestes dans l'agriculture, notre RTS nationale a tendu son micro à une poignée d'ados. Qui ont répété ce qu'on leur apprend: que les pesticides, c'est pas bien, voire très mal, que la paysans dépassent les doses mais sont aussi victimes des firmes et des lobbies et de ceux qui veulent faire de l'argent... Des critiques récurrentes et sans surprise - #tasvulactu est globalement assez conformiste.

La conviction que les pesticides agricoles sont mauvais (diaboliques même) se répand et s'entend à tous âges. Elle participe du mythe de Rousseau - la nature est bonne et la société l'a corrompt. Elle participe aussi du mythe du paradis terrestre et de Prométhée - l'homme veut être tout puissant comme les dieux. On croit donc ce qu'on voit. Tous saint Thomas. Les fruits et légumes qu'un marchand de rue a estampillés biocal sont forcément plus pures que ceux qu'importent et conditionnent nos grandes surfaces, non sans penser que les denrées tachées, tordues, défraîchies, trop petites ou trop grosses sont bonnes à composter.

Coïncidence ou campagne bien orchestrée, voilà, ce lundi, que 24 Heures fait sa page trois sur l'affiche de Pro Natura.

Le côté soleil de la polémique, c'est que la contestation comme la concurrence stimule l'inventivité et la recherche de solution moins polluante. Ce même lundi, Bayer achète Monsanto pour 62 milliards de dollars. Exit le nom du grand méchant producteur du satanique glyphosate lequel va sans doute être rebaptisé et repackagé.

Deux remarques encore:

La peur du glyphosate a grandi au fur et à mesure que la peur de la famine a disparu. Dans les deux cas, le ressort de l'action reste la peur. C'est peut-être pour ça que les Verts sont moroses.

André Chavanne fut gamin ouvrier agricole pendant ses vacances. Il maniait le rablet dans les salades de Charrot. Devenu ministre de l'Education cantonale, il rappelait volontiers, parlant de cette terre, qu'il savait bien la dureté de la chose. Les jardiniers des Cueillettes de Landecy, tout à côté, ne doivent pas le contredire.