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"Qui dit respect dit aussi hiérarchie, et soumission à l'autre"

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image.jpg«J'ai aimé les gens, la beauté de l'architecture, de la campagne. Là-bas, tout le monde fait attention à tout le monde, il n'y a pas un mot plus haut que l'autre. On s'en rend compte quand on revient en Europe: le contraste est assez violent. Personnellement, je suis plus à l'aise avec cette réserve qu'avec le côté expansif des Méditerranéens. Je suis sensible à la dignité des gestes, des comportements, mais je comprends que ces valeurs ne plaisent pas à tout le monde: qui dit respect dit aussi hiérarchie, et soumission à l'autre. Mais les Japonais ont aussi du recul et le sens de l'autodérision.»

"Qui dit respect dit aussi hiérarchie, et soumission à l'autre". Ces mots de l'actrice Pauline Etienne, lus dans le Figaro à propos du film "Tokyo Fiancée" m'ont fait penser à Charlie.

La France, toujours aux avant-gardes des valeurs et des droits humains, veut nous convaincre que la liberté d'expression est la clef de voûte, l'alpha et l’oméga de notre vivre ensemble (on ne dit plus société et encore moins civilisation dont le choc ne serait qu'une lubie d'un cow-boy américain) et donc qu'en vertu de cette clef de voûte tout un chacun -mais plus les artistes que les autres - peut tout dire. Sauf évidemment Dieudonné et ses acolytes.

Il en va des valeurs et des libertés comme des lauriers que l'on tresse ou pas aux lanceurs d'alerte. Dans le bien pertinent éditorial de Bilan de ce jour, ma consœur Myret Zaki montre que les pourfendeurs du secret bancaire sont bien mieux traités par les États qui tirent intérêt de leurs dénonciations que les aventuriers de wikileaks qui sont condamnés, poursuivis, confinés et mis au pilori.

J'ai trouvé encore confirmation de ce deux poids deux mesures dans un récent blog de Pascal Holenweg. A propos de l'affaire que j'avais oubliée de la condamnation en 2007 par la Suisse de  Dogu Perincek pour négationisme du génocide arménien de 1915.  Or il se trouve que cette affaire n'est pas close puisque le conseiller national UDC et avocat genevois Yves Nidegger défend le négationniste présumé contre la Suisse devant la Grande Chambre de la Cour européenne des droits de l'homme. En effet la Suisse a été condamnée par la CEDH pour violation de la liberté d'expression.

"Si, donc, explique le socialiste genevois canal historique, la condamnation de la Suisse est confirmée, le négationnisme relèvera désormais de la liberté d'expression, et on pourra donc nier la Shoah comme Perincek, défendu par le Conseiller national UDC Yves Nidegger (qui pour l'occasion se fait le chantre de la suprématie du droit international et de la compétence d'une cour internationale, qu'il vomit et que son parti vomit habituellement)  nie le génocide arménien."

"Et, poursuit Pascal Holenweg, si la condamnation de la Suisse est cassée, une limite, non à la liberté d'expression mais à l'impunité de l'expression, aura été confirmée: on pourra toujours dire n'importe quoi (ou l'écrire, le filmer, le chanter, le peindre...) mais on aura peut-être à rendre compte, ensuite, de ce qu'on aura dit. L'expression est libre, forcément libre, mais celui qui s'exprime est responsable de ce qu'il exprime. On pourra donc toujours être négationniste et l'exprimer, pas seulement le penser in pectore, mais on devra en assumer les conséquences légales."

Bref tout ça se résume par un slogan lancé avec succès par l'ancien maire d'Avusy: Le respect, ça change la vie.

C'est aussi accepter la hiérarchie de l'égalité. Or dans l'affaire Charlie, le mal ce n'est pas que Charlie, tel le fou du roi, publie ce qu'il croit juste de publier, c'est que toute la bienpensance se mette à jouer au fou du roi.

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