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La char de Shiva arrive toujours à bon port

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De Dehli à Agra, il n'y a 205 kilomètres, 205 km de bouchons ou presque. J'exagère un peu. Nous avons tout de même mis plus de quatre heures pour franchir l'obstacle grâce à un chauffeur expert en circulation indienne qui sait se faufiler entre les poids lourds bariolés, les bus déglingués, les automobiles, les motos, les triporteurs souvent surchargés, les tricycles fatigués et, ici et là, quelques rares piétons, buffles ou ânes égarés. En plus, la old road est payante.

Il y a une super highway. Elle évite les quelques villes et bourgades du parcours ou le bouchon atteint presque le blocage total, mais comme par magie ça s'écoule toujours un peu. L'effet des klaxons peut-être. Blow Horn! commande le cul des camions. La route est relativement bonne enfin tout est relatif. À noter

Sur combien? dix, vingt kilomètres un métro en construction, perché sur des centaines de piliers de 15 ou 20 metres de haut. Impressionnant! La ligne doit relier Dehli à Faridabad, une des villes qui croissent à l'extérieur du district fédéral. Un ouvrage pharaonique dont la modernité tranche avec les ateliers et les échoppes souvent misérables bardées d'enseignes criardes qui longent la route. Le bruit, la poussiere, la pollution sont incessants.

Les campagnes sont vertes. Riz, blé? A la couleur des feuilles, à la saison, je penche pour le second. Quelques femmes arrachent des mauvaises herbes. Ici et là, des fabriques de galettes de bouse de vache, malaxées à la main comme un pain d'un kilo, jetées côte à côte face au soleil, qu'une enfant applatit de quelques tapes sonores. Une fois sec les disques de carbonne vont s'empiler comme des vinyles recyclables dans des huttes qu'un toit de chaume protégera de la mousson jusqu'à l'hiver prochain. Geste ancestral que la pénurie de bois et la hausse du pétrole rendent vital pour beaucoup de familles. Quelques fabriques manuelles de briques rouges. Sinon rien, le désœuvrement règne en cette fin d'hiver plus frais et plus brouillardeux que ceux des années passées, note le Times of India.

Rien, mais des milliers de petits boulots sans grande valeur ajoutée. À Genève, il suffirait que les boutiques de luxe soient obligées d'embaucher au salaire minimal un chômeur en fin de droit, qu'elles institueraient portier, qu'elles affubleraient d'un costume maison, genre garde suisse ou vieux grenadiers. De quoi régler sans frais la question des emplois de solidarité? Mais le problème de Genève et de la Suisse, c'est que nous sommes en pénurie de main-d'œuvre qualifiée.

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