Le troisième épisode des Suisses a fait descendre le général de bronze de sa monture de Neuve. Quel homme! On n'en voit que la part publique pour l'essentiel. On apprend qu'il a fait ses classes en France, a servi sous Napoléon, qu'il fut instructeur de la première académie militaire suisse. En français sans doute, lui qui apprit, mal et tardivement, la langue de la majorité.

Un taiseux ce Dufour, tout en morgue et en modestie, à la fois sûr d'appartenir à cette race d'élu à qui le Salut est promis, héritier des romantiques et graine de paix. Il sait où il va, ne transige pas avec ses principes, fond en larmes. On l'aime bien ce militaire, adepte de la guerre zéro mort. Alors que la Suisse réglait sa guerre civile en 26 jours, d'autres nations - l'Amérique, l'Allemagne, la France - allaient, qui s'épuiser dans la guerre de sécession, qui enclencher le cycle des guerres mondiales.

L'épisode trois des Suisses focalise sur la guerre du Sonderbund. L'homme, hors sa parenthèse de général, suit et poursuit un parcours passionnant. Il modèle la Genève moderne. On se prend à regretter ce genre d'ingénieur dans notre cité, aujourd'hui, où l'on consacre tant d'énergie à conserver la moindre pierre, au mépris de la dynamique.

La politique, comme on le disait naguère de l'Europe, c'est une bicyclette: si elle s'arrête de rouler, elle tombe et le cycliste avec. C'est ce qui attend Genève qui se confit dans la mélasse des règlements que touillent les juges qu'on requiert, avec application et sans imagination.

Le projet de l'architecte Nouvel qui voulait coiffer le musée d'art et d'histoire d'un audacieux étage transparent, offrant aux visiteurs une formidable vue sur la ville, ne verra pas le jour.

Merci Messieurs les casseurs! Combien d'autres projets avez-vous démoli? Combien d'architectes avez-vous éconduit? Dufour soutiendrait Nouvel. Il se désolerait de voir que sa place n'a plus de Neuve que le nom.