Derrière les statistiques des hommes, des femmes, des jeunes, des familles. Des histoires personnelles diverses, complexes, des victimes de creux économiques, des malchanceux en série, des handicapés de toute sorte,des fourmis sans formation, des qui savent pas ou n'osent pas se vendre, des cigales aussi, des paresseux? Ouh là, les mots sont connotés. Danger de mauvaises interprétations!
La lecture de la page événement consacré au chômage des jeunes ce matin dans la Tribune me renvoie à la série de trois papiers que j'ai publiés sur le site de la Tribune il y a quinze jours. Des papiers qui ont suscité un vif intérêt et ont été abondamment commentés.
Deux approches diamétralement opposée de la panne de travail, celle qui s'inscrit dans les courbes des économistes et celles que vivent des familles, quelques milliers de familles à Genève, des dizaines de millions en Europe.
Selon l'Office fédéral de la statistique, 43 000 jeunes de 15 à 24 ans sont en quête d’un emploi en Suisse, soit 4,64% de la population active.
Le chômage reste une malédiction. Même si à Genève, la stigmatisation sociale est faible. Ici le chômeur est généralement une victime. Ailleurs il est souvent un coupable. La différence explique pour partie pourquoi Genève demeure le champion suisse du taux de chômage. La moindre erreur du chômeur dans d'autres cantons peuvent vous faire perdre le bénéfice de l'assurance chômage. Aussitôt vous sortez de la statistique. Ailleurs, certains même ne se déclarent pas chômeurs.
Bien sûr moi aussi je sais que le verre est presque plein, que 4,64% de jeunes chômeurs, ça veut dire que cette catégorie d'âge est occupée à 95,36%, soit qu'elle étudie, soit qu'elle bosse. Quel autre pays peut en dire autant, écrit Philippe Souaille qui dans un blog récent juge que mes papiers font le jeu du MCG. Je crois qu contraire mon cher Philipe que c'est justement parce que les partis gouvernementaux - désormais le MCG en fait partie - ont trop parlé courbes et pas assez des êtres humains qu'ils ont ouvert un boulevard aux amis de de l'entreprise Poggia, Stauffer et Golay & Cie.
Pour ceux qui n'aurait pas lu cette série, il peut la retrouver en cliquant sur leur titre
Le cri de mères dont les enfants sont chômeurs de longue durée
Commentaires
Les chômeurs ne doivent pas se trouver face à des guichets, des réglementations incompréhensibles et tout une série d'exigences élaborées par une administration dont le principal souci est de trier les méritants des autres, sans se donner les moyens même de savoir qui mérite et au nom de quoi.
Chaque chômeur devrait être reçu individuellement et ses chances de remplir correctement un emploi jugé sur pièce et non en fonction de son passé lointain, de ses diplômes (lorsqu'il sont pas absolument nécessaires à l'emploi qu'on peut lui proposer, ni évidemment son sexe, sa race et sa religion. De plus ce n'est pas à un fonctionnaire n'ayant jamais occupé tel ou tel emploi ou fonction, ni à un fonctionnaire seul, qui peut ne pas maîtriser ses propres préjugés, de prendre une décision qui peut conditionner toute une vie.
Ces considérations, je m'en rends bien compte, sont tellement idéalistes et demanderaient, peut-être, de tels moyens (j'écris "peut-être" car c'est l'argument tout trouvé pour ne rien faire ou ne rien changer, qu'elles ne trouveront probablement écho auprès de personne.
Je termine donc sur un exemple concret qui vient de parvenir à ma connaissance, d'un homme jeune a eu quelques déboires avec l'autorité dans son adolescence (sans pourtant que son casier judiciaire en porte mention) et a très mal terminé sa scolarité (du point de vue de ses résultats), qui est en parfaite santé, s'entende très bien avec sa famille, cherche depuis des années un emploi, sans trouver quelque chose à long terme, tant il est en compétition avec de très nombreux autres, dont tous ne partagent pas sa nationalité suisse.
Il lui est enfin offert un emploi dans un Centre de jeunes, pour qui ses qualités sportives que sa grande expérience de camps de jeunes et sa vie dans une famille comportant de nombreux enfants, le qualifient sans aucun doute. Or l'autorité qui responsable, la FASE exige de lui un Certificat de bonne vie et moeurs (spécialité genevoise bien connue) en plus d'un attestation de son casier judiciaire vierge.
Je ne sais pas où en sont ses démarches actuellement, mais je suis là témoin d'une situation, qui me rappelle quelque peu celle de la mère de famille que vous avez évoqué dans un billet antérieur, qui me semble absurde et pourrait être réglée au bénéfice de tous, le jeune homme lui-même, sa famille, les jeunes du Centre de loisirs dont il aurait à s'occuper, toute la société donc, mais qui risque fort d'être compromise définitivement pour la question d'un règlement administratif général, alors que le simple examen des raisons pour lesquels son Permis de bonne vie et moeurs lui a été refusé permettrait de se rendre compte qu'elles n'auraient aucune incidence négative sur son travail.
Si j'apprends que la situation a pu être réglée (sans l'intervention d'une personne "bien placée", du genre de celles qui ne sont pas parmi ses connaissances ou celles de sa famille), je ne manquerai pas d'en informer ceux qui m'ont lu par l'intermédiaire du même blog.
Merci de votre patience.
La lecture du commentaire de Mére-Grand appelle, avec évidence, la question suivante: pourquoi le simple examen des raisons pour lesquelles sont Permis de bonne vie et moeurs a-t-il été refusé à ce jeune homme? Y a-t-il derrière ce refus signe, sournois, de "barrage d'accès" à la profession visée par ce jeune homme? Barrages d'accès sournois, nul ne devrait l'ignorer (lire A. Jaccard) dés l'école, déjà, singulièrement par le moyen des maths dès que l'élève tarde à comprendre ce que lui répète, mécaniquement, l'enseignant sans chercher d'autres formes d'explications... facilitant (comme pratiquant un "trou"/"débouchant"! la compréhension !
JF Mabut.
à quand un billet sur la mise à l'écart des emplois
de TOUS CEUX QUI NE CORRESPONDENT PAS AU MOULE ?
les séniors, les juniors, les gros, les vieux, les môches, les qui ne plaisent pas au cadre frontalier mais qui ont plus au DRH,
les qui ouvrent leur gueule,
les ceux qui sont corrects, compétents, qualifiés, diplômés mais trop chers face au nouveau-venu d'Estonie ou de Bretagne,
les ceux qui sont trop suisses
et les trop handicapés?