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Rues Basses: vallée de la soif

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vin chaud.pngJ'étais comme des milliers de Genevois et passablement d'internationaux - à entendre les conversations autour de moi - dans les Rues Basses hier soir. J'y ai patiemment attendu le cortège de l'Escalade. Super temps, mais morne ambiance. Pas un troquet pour boire un jus. Vous me direz, ce n'est pas nouveau, les Rues Basses ressemblent furieusement à la vallée de la soif.

C'est d'autant plus surprenant, quand des gens s'assemblent un dimanche soir pour communier à un événement fondateur, loin de tout intérêt commercial, les magasins de cette belle ville étant clos comme tous les dimanches que Dieu fait.

Au Molard, l'air empeste. Les quelques torchères balladées au bout d'une perche n'éclatent pas dans la nuit, la fée électrique a eu raison du feu ancestral. En revanche, elles dégagent une fumée âcre, chargée de suie qui bientôt obscurcit la place. Je m'échappe du côté de la Fusterie, où l'on a à nouveau affublé le temple d'une jupette scintillante, assez hideuse.

"Non mon chéri je ne peux pas te porter, maman est trop petite, reste sur les épaules de papa." Maman est au troisième rang. Elle ne verra rien du cortège. A aucun endroit on a dressé des estrades

Des bras s'élèvent prolongés de leur prothèse, intelliphone, caméra. Dans une indifférence à peine ponctuée de timides applaudissements, la 1602 défile. Aucune information pour les Genevois. Et moins encore pour les internationaux. A quand des panneaux le long du cortège, des dépliants, ou mieux une application iPhone sur la Fête de l'Escalade donnant des explications sur le défilé? Les Genevois ont-ils peur de (r)allumer le débat sur les causes de l'événement?

Qu'est-ce que l'Escalade? La conquête impérialiste d'un voisin sur une ville riche et indépendante ou l'exercice d'une suzeraineté ancienne sur une ville rebelle? Bref, a-t-on affaire à un guerre nationale ou à une guerre civile? Philippe Souaille défend la seconde hypothèse dans un docufilm qu'il vient de tourner et que l'on peut se procurer dans les Migros notamment. La question enflamme quelques internautes et reste controversée.

A la Fusterie, un stand débite du vin chaud. La queue ne désemplit pas, le bidon de la protection civile oui. "Cinq minutes, la marmite ne boue pas encore", annonce un homme. Le stand est tenu par les artisans de la place. "On a dû batailler pour obtenir l'autorisation de la Ville et du canton", raconte une potière. Le jus est vendu 3 francs. Le vin est étranger, livré par un négociant valaisan. "Aucun vigneron genevois n'a pu nous fournir la marchandise au même prix, 2 francs 10 le litre", explique un artisan. La recette servira à payer un garde de nuit l'année prochaine, "ce qui nous évitera de démonter les stands chaque soir". A part ce stand de vin chaud, une caravane vendant des panini. Sinon rien. Quant aux commodités...

Genève est sans doute encore trop riche pour s'inquiéter de ses visiteurs.

 

Commentaires

  • bravo! un vrai article de genevois, râleur de bout en bout!

  • Et bien à l'inverse d'Yvan, je trouve que dans l'ensemble votre billet souligne assez bien le paradoxe genevois. D'un côté il y a des autorités qui se gargarisent à longueur d'années avec la Genève Internationale, déroulent des tapis rouges à coup de forfaits fiscaux pour les multinationales et, d'un autre côté, n'arrivent absolument pas à réellement organiser la vie et les événements autrement que comme elles le font depuis des décénnies, c'est à dire avec toute la petitesse d'un mouchoir de poche et la fadeur d'un navet. A croire que nos politiciens n'ont jamais assisté à la moindre manifestation du même genre à l'étranger. Petits ils sont, petits ils resteront, sauf pour la prétention. C'est pathétique.

  • pour Yvan: tellement genevois que l'orthographe de la langue française (celle que nous parlons à Piogre, sauf erreur) est joyeusement massacrée. Ce n'est pas ce style de littérature qui nous fera progresser dans les rapports PISA

  • Non "Genève n'est pas encore trop riche pour s'inquiéter de ses visiteurs". Les organisateurs ne disposent pas de grands moyens financiers et logistiques. Ce sont des bénévoles d'associations diverses qui font (sur)vivre cette commémoration historique.
    Anecdote : une conductrice des TPG à l'accent normand, méconnaissant visiblement Genève, a reçu pour instruction de ne pas s'indigner des frasques de nos écoliers dans les bus (mousse à raser, etc.), car selon sa hiérarchie il ne s'agit que d'une fête prisée par les étudiants ! Les TPG devraient aussi améliorer l'information au personnel.

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