"La pétaudière informatique de l'Etat dans le collimateur". Le titre de la Tribune du 1er juillet est sans appel. Relatant le dernier rapport de la Cour des comptes, l'article pose en principe que l'informatique de l'administration cantonale est une pétaudière.
A lire le rapport des juges, le mot n'est pas mal choisi, sauf qu'il s'adresse peut-être davantage à l'Etat et à notre démocratie genevoise et donc à son organe principal, le Grand conseil, qui aime réinventer la roue, complexifier la loi, la détailler à l'extrême et y introduire des "genevoiseries" qui empêchent le recours à des systèmes informatiques éprouvés dans d'autres cantons ou obligent à de coûteuses adaptations. Ajoutez la même dose d'indépendance, voire d'antagonisme, farouche des départements et de leurs services, les héritages tehniques, la guerre des pro-mac, des pro-linux et des pro-windows et les dizaines de millions qui font saliver les Microsoft, HP et autres IBM et vous obtenez en effet un sac de noeuds dont les acteurs sont volontiers les bouc-émissaires des directions administratives et départementales souvent conservatrices et dépassées par les enjeux du guichet unique.
J'ai trouvé dans le dernier Sciences et Vie de quoi soulager un peu le mal-être des informaticiens. Il émane de Joseph Sifakis, prix Turing 2007, la plus haute récompense internationale scientifique en informatique. A la question qu'est-ce qui vous a déjà fait changer d'avis, il répond:
"Il y a trente cinq ans, je pensais pouvoir modéliser les systèmes informatiques avec des équations dites "linéaires". Après deux années d'études, j'ai réalisé que ce n'était pas possible, même pour des systèmes simples. Cette impossibilité prive l'informatique de la prédictibilité telle qu'elle est possible en physique. Si bien que la construction des grands systèmes informatiques s'effectue, encore aujourd'hui, de façon empirique: brique par brique. Comme on construisait les cathédrales au Moyen Age. Du coup lorsque l'on prépare un nouvelle plate-forme web par exemple , on n'a jamais de garantie sur le résultat final. Jusqu'à 30% des gros projets informatiques actuels échouent complètement... avant même leur achèvement."
CQFD
NB: Avant de désigner l'état d'un centre de ressource comme le Centre des technologies de l'information, la pétaudière désigne un lieu, une assemblée, etc., où manquent l'ordre, l'organisation, où règnent la confusion, l'anarchie. Quelles pétaudières sont les démocraties! On ne sait à qui s'en prendre, a écrit Sainte-Beuve (Corresp., t.3, 1839, p.93).
Commentaires
On peut aussi citer la lettre de Voltaire à d'Alembert du 7 août 1766 :
"Genève est une pétaudière ridicule".
Les maux dont souffre notre république ne datent donc pas d'hier.
Outre le mauvais choix des mots, il n'en demeure pas moins qu'une structure etatique qui embauche à tour de bras des externes étranger à prix d'or (*) alors qu'elle pourrait rémunérer correctement des locaux est un scandale.
(*) La majorité de cette or arrivant dans les poches de grandes entreprises ... les informaticiens n'en recevant qu'une fractions.
Bonjour à toutes et à tous,
Bonjoru Jean-François,
il existe une solution très simple, on étudie le TCO (total cost of ownership) sur 4 ans. On compare et là on prend une désicion.
C'est ainsi que tout service informatique devrait fonctionner. Loin des sempiternels : mac c'est mieux, windows c'est mieux, linux c'est mieux, hp c'est mieux... Parce que l'informatique doit être fonctionnelle et si possible, peu coûteuse.
Les informaticiens ne sont pas là pour vendre leur église, mais pour faire économiser de l'argent et du temps de travail à leurs usagers. C'est dans les choix stratégiques que nous réalisons des économies, améliorons les performances, permettons à nos utilisateurs de donner le meilleur d'eux mêmes.
Il est inconcevable de faire subir des choix aux utilisateurs. Le rôle d'un informaticien est de conjuguer : facilité d'emploi par l'utilisateur + uptime du système + évolutivité
Surtout à l'Etat, lorsque l'on utilise les deniers publics, coûts+efficience+évolutivité
En plus d'être une pétaudière, le uptime du système, le "je rame, je rame", depusi que je pratique les serveurs de mails de l'Etat, les sites, m'amènent à la conclusion que dans le privé, ces gens seraient juste remerciés.
Parfois plus de 30 secondes pour obtenir une page web.. Parfois 24 heures sans accès au serveur de mails... dans le privé de tels problèmes vous conduisent directement à la porte.
Au pire, il existe une autre solution : faire réécrire le code source de Windows par les fadas de Linux, installer le système d'exploitation ainsi développé sur un MAC fabriqué par HP, lui même connecté à un Serveur IBM dont el code source serait du SUN.
Ouarch, un beau programme :o) pas coûteux du tout...
:o)
Bien à vous,
Stéphane