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Comme des bâtons tenus en main

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troinex église.jpgUn curé et un pasteur concélébrant (ou presque) une messe dominicale, c'est à ce petit événement que les paroissiens de Veyrier, Troinex et Compesières ont pu assister ce matin dans l'enceinte bleue de l'église Sainte Marie-Madeleine de Troinex. En cette semaine de l'unité des chrétiens, l'événement ne fera pas la une des journaux. Ni celle de Léman bleu ou de la RSR, qui craint l'appétit de l'ogre TSR. Pas de débats non plus, ni à Genève à chaud, ni à Infrarouge. "Calvin revient" juste pour la galerie. "Il y a une chose, me disait ce matin, mi figue mi-raisin,  un pasteur retraité, qui réunit les catholiques et les protestants: les catholiques détestent Calvin et les protestants aussi."

Pour expliciter leur commensalité d'un jour, le curé Truong et le pasteur Schach ont convoqué le prophète Ezéchiel (37, 17). L'histoire des bâtons. Sur l'un, on demande d'écrire le nom d'Israël alors divisé, sur l'autre le nom de Joseph. L'unité, c'est les deux bâton tenus dans la main de Dieu.

"Ce n'est pas l'unité ni l'oecuménisme qui nous réunit ce matin, commente Michel Schach, mais l'espérance." L'unité n'est au fond pas de ce monde. C'est un projet de Dieu. Ezéchiel parle en un temps, où le royaume d'Israël a disparu depuis plus d'un siècle. Parler d'unité relève donc de l'impossible. Pourtant, hier comme aujourd'hui, il faut sortir les hommes de la haine, de l'autisme. L'histoire des bâtons invite à réfléchir à une unité dans la liberté. Pour utiliser une autre image de menuiserie - JC n'était-il pas fils de charpentier? - , l'unité des chrétiens n'est pas un panneau aggloméré composé de bois réduit en poudre et compressé avec une colle synthétique, ce serait plutôt une fine marqueterie tenue ensemble par la colle de l'espérance.

Ces bâtons tenus en main, le pasteur Schach veut y voir le symbole de l'unité des chrétiens. Une unité plurielle. Et il met en garde: "Gare à l'uniformisation, au messianisme juif..." Et au messainisme catholique, me dis-je, me remémorant l'édito de Joseph Hug paru dans Choisir de janvier. Le jésuite y retrace l'histoire de l'oecuménisme genevois, dont la revue est le fer de lance depuis 50 ans, en trois mots: reconnaissance, observation et espérance.

"Je crois que nous divergeons assez profondément sur le modèle d'unité que nous cherchons à promouvoir", écrit Joseph Hug. Deux modèles s'affrontent en effet, dont l'un était représenté ce dimanche à Troinex. Un modèle d'unité dans la diversité, chaque culte conservant ses rites, comme des bâtons tenus ensemble. L'autre dont rêvent la papauté, les églises orthodoxes, les luthériens, certains anglicans, réclame une visibilité institutionnelle propre à attester l'unité des chrétiens.

"Je suis convaincu qu'il n'y aura pas d'accord à ce propos avant longtemps et que les Eglises demeureront séparées, note Joseph Hug. D'autant ajoute-t-il, que de nouvelles fractures apparaissent, à propos du ministère ordonné des femmes, ou de la reconnaissance des ministres homosexuels. En plus la croissance exponetielle des groupes pentecôtistes et évangéliques présente un nouveau défi oecuménique aux Eglises anciennes."

Un défi dont les paroissiens réunis à Troinex ont sans doute mesuré la dimension. Ils n'étaient que 160 assemblés en ce dimanche pluvieux pour une population de 15'000 habitants: un pour cent. Et tous, à l'exception de quelques enfants, fort avancés en âge.

 

Commentaires

  • 160 pour 15000 : 1 %, ce qui n'est déjà pas grand chose...Inutile de noircir le tableau.

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